72 243 BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa sœur Nanci. Paris. 18 octobre [1833]. 4 p. in-12. Infimes manques de papier à cause de l’acidité de l’encre. Violent plaidoyer, en partie inédit, pour Harriet Smithson que Berlioz venait tout juste d’épouser, le 3 octobre 1833, sans ignorer les réticences de sa famille, ni les bruits qui couraient à Paris sur l’actrice irlandaise. : Ai-je donc commis un crime qui doive m’aliéner le cœur de ma famille, en épousant une femme que j’aimais avec tant de passion depuis si longtemps ? une femme qui avait été pour moi un rêve de bonheur que mon imagination me représentait comme chimérique ? une femme horriblement calomniée et méconnue et que je voyais enfin dans son véritable jour ?... une femme que le malheur a semblé poursuivre cette année avec acharnement, et que j’ai pu ranimer et rendre à l’espoir à force d’amour et de dévouement à défaut d’autres ressources [...] Mais je dois t’apprendre et te jurer sur l’honneur que la femme que j’ai choisie pour compagne de ma vie est aussi pure sous tous les rapports que tu puisse [sic] la désirer pour ton frère.”… tantôt on m’a fait fou, tantôt épileptique, tantôt joueur, tantôt perdu de débauches : ces infamies n’ont pas été sans faire quelque impression sur une tête aussi facile à bouleverser que la sienne... nous avons lié nos deux orageuses destinées et j’espère qu’elle ne s’en repentira pas plus que moi Correspondance générale, éd. de P. Citron, t. Il, lettre n° 355 (texte partiel). Un mot découpé formant un trou. 600/800 € 244 BERLIOZ (Hector). 3/4mai 1864. Lettre autographe signée à son fils Louis Berlioz [Paris. 3-4 mai 1864). Gp. in-8. Trace d’onglet. Belle et longue lettre dans laquelle il évoque la mort Meyerbeer, de Rossini, de Beethoven, etc…. La mort de Meyerbeer est venue m’achever. Une intelligence pareille ne disparait pas du monde sans que les survivants remarquent l’obscurcissement qui se fait.... Lundi dernier je suis allé à notre diner hebdomadaire : il y a beaucoup été question de Meyerbeer et de Rossini et nous avons dit à propos de ces deux hommes des choses que je crois vraies : l’un était un artiste, égoïste sans doute, l’autre est un égoïste qui n’est pas artiste. Fiorentino, quoiqu’Italien, a le premier soutenu cette thèse, et je me suis soulagé le cœur à la développer.” …J’ai eu beau écrire trois fois à Mr. Richard Pohl, qui avait entrepris la traduction allemande des Troyens, je n’ai pu obtenir de réponse : ce qu’il y a de plus fort, c’est que l’Éditeur de Leipzig de la nouvelle édition de mon Traité d’instrumentation qui devait me compter cent thalers à Pâques ne veut pas me répondre non plus, ni par conséquent me payer… 600/800 € 245 BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa sœur Nanci Pal, datée Paris 3 avril 1850, 4 p. in-8. Enveloppe. Lettre sur ses activités musicales, Hugo et Dumas père à sa soeur malade. Pour la distraire, il va lui raconter tout ce qu’il a fait dernièrement. Toujours des répétitions, toujours des concerts, et fort heureusement aussi toujours grand succès. Ce succès même exaspère jusqu’à la rage les deux ou trois ennemis qui me restent. “ Parmi ces ennemis, il distingue Paul Scudo, ... “qui non content d’attaquer ma musique avec fureur dans L’Ordre et dans la Revue des deux mondes, vient, m’a-t-on dit, de publier, non pas une brochure, mais un volume [Critique et littérature musicales], pour démontrer que je ne sais pas la musique et que tout ce que j’écris est abominable et stupide… Il annonce la future première audition de son Te Deum à Saint-Eustache (cette création n’aura lieu qu’en 1855), puis évoque une soirée chez Hugo : Avant-hier j’ai passé la soirée chez Hugo, où j’ai fait la connaissance de notre compatriote Ponsart. Sa Charlotte Corday obtient un succès d’estime ; c’est, dit-on, mortellement froid. (...) Le salon d’Hugo est fort peu divertissant, malgré la charmante bonté de Mme Hugo et la grâce extrême de sa fille [Adèle Hugo]. Ses deux fils sont deux jeunes gens fort suffisants et fort préoccupés de l’illustration de leur père, sinon de leur propre mérite. Quant à lui, il est comme il a toujours été avec moi très cordial quoique grave… 243 245
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