N° 43 – Catalogue de vente du 27 juin 2025 22 23 46. BOURDIGNÉ (Jean de). Hystoire agrégative des annalles et cronicques d’Anjou contenant le commencement et origine avecques partie des chevalerisreux et marciaux gestes des magnagnimes princes consulz-contes et ducz d’Anjou : et pareilslement plusieurs faictz dignes de mémoirre advenez tant en France Italie, Espaigne Angleterre, Hierusalem et autres royaulmes tant chrestiens que sarrazins depuis le temps du déluge jusques a présent tres breffe proffitable et recreative a tous nobles et vertueux espritz. Recueillies et mises en forme par noble et discret messire Jehan de Bourdigne prestre docteur es droictz et Depuis reveues et additionnees par le Viateur. Très beau post-incunable faisant histoire et chronique du territoire d’Anjou, depuis le déluge jusqu’au règne de François Ier. Bijou typographique du XVIe siècle, en caractères bâtards, de cet ouvrage commandité par le libraire parisien Gallot du Pré. On les vend à Angiers en la boutique de Charles de Boingne et Clement Alexandre marchans libraires jurez de luniversite dudit lieu, s.d. (1529). In-folio (32 × 22 cm), 5ff. ;207 ff. numérotés ;1f., plein veau moucheté, plats encadrés d’un triple filet à froid, dos à 6 nerfs, caissons dorés aux petits fers, pièce de titre en maroquin rouge, tranches de la couleur d’icelle (reliure postérieure). Important manque de cuir à l’angle inférieur du plat supérieur, plats craquelés, mors épidermés, coiffes absentes, coins émoussés. Intérieur frais malgré quelques mouillures, petites déchirures sans grande incidence aux ff. cxxiii et cix. Le feuillet L est numéroté liii par erreur ; et on retrouve la même faute de pagination que dans l’exemplaire de la BNF au feuillet cl, numéroté clx, puis clxi, clxii... sautant ainsi toute la dizaine des cl. On en dormira malgré tout. 4 très beaux bois gravés du XVIe siècle : le titre-frontispice, encadré d’un très joli décor architectural et symbolique, le bois de privilège figurant les armes de France dans un blason couronné soutenu par deux anges, un magnifique bois pleine page représentant l’auteur genou en terre, offrant son ouvrage à Louise de Savoy, entouré des notables et du clergé ; au feuillet xiii un petit bois in-texte représentant l’édification de la ville d’Angers, et au dernier feuillet un bois gravé en centre de page formant l’emblème du libraire Galliot du Pré, commanditaire de l’ouvrage, avec la devise « La vogue ovallee ». Édition originale, complet, 2nd tirage avec le privilège à la date du 3 décembre 1529. Ce très bel ouvrage, imprimé en caractères bâtards, fait l’histoire et le tableau du territoire d’Anjou, « depuis le temps du déluge jusques au noble roy Francoys premier de ce nom à présent régnant ». Comme l’indique l’auteur dans son prologue : « en invoquant la Saincte et individue trinite en [son] ayde, ce present oeuvre sera distinct et Divise en trois parties principalles ». À savoir : 1° la division des gaulles et les noms des archeveschez et principalles villes qui y sont comprises : et le nombre et noms des roys qui ont regne en gaulle, de la fertilité / noblesse et singularité du pays et quantes [combien d’] abbayes et églises de renom y sont contenues et quels plus famez reliquaires sont esdictes eglises Et quels Sainctz et sainctes y sont plus peculierement priez et reverez. Aussi les noms des plus renomez fleuves et forestz dont le pays est ennobly / et les noms de tous les princes qui y ont regne depuis le premier jusques a treshaulte et magnanime princesse ma Dame Louise de Savoye qui pour le temps de present en est duchesse. Et quels prelats ont tenu a Angiers le siege episcopal depuis le premier evesque nomme Deffensor jusques a reverend pere en dieu monseigneur Francois de Rohan evesque moderne. Avecques la premiere et seconde edification de la ville Dangiers / et comment le pays d’Anjou fut quelques temps regy par seigneurs confulz et contes saxoniques Et jusques au temps de la conversion et baptesme du roy Clovis qui fut le ppremier roy de France conte danjou. 2° qui fut le premier roy de france conte Danjou Et de plusieurs choses memorables advenues oudit pays et au tres diverses contrees et regions Durant le temps que Anjou a este gouverne par contes. Et de plusieurs fondations deglises faictes durant leur regne. 3° lerection de la conte Danjou en duche / et qui en fut le premier duc Et des ducs qui y ont regne depuis Et de plusieurs choses dignes de memoire advenues de leurs temps. 800 / 1 200 € 44. BOSSUET (Jacques-Bénigne). Lettre autographe signée à Mme d’Albert (1693). In-8, en feuilles, 135 × 200 mm, 4p. Un feuillet plié en deux, encre noire, petite déchirure. Transcription : « À Germigny, 7 août 1693 / J’ai prié M. Phelipeaux de vous aller voir, quoique je ne sache pas bien, ma Fille, ce qu’on souhaite de lui ; mais sa présence est toujours bonne à Jouarre, et on pourra m’écrire avec liberté. Je crois que vous devez être contente sur le sujet de l’attachement que quelques-unes craignent pour le goût qu’on ressent de Dieu. Il est vrai que Dieu le cache quelquefois aux âmes qu’il veut attirer, et qu’il a mille moyens de le faire. Ce qui l’y oblige, c’est, entre autres choses, le dessein de prévenir la présomption, si une âme se connaissait elle-même ; et je ne puis ni ne dois vous dissimuler que vos peines pourraient être une couverture des grâces que Dieu vous fait, qui ne serait pas inutile si vous étiez fidèle au divin attrait. Soyez-le donc, et sachez que cette fidélité consiste principalement à s’abandonner à cet attrait indépendamment de toute autre vue, et avec le moins de retour qui se pourra sur soi-même, parce que l’effet de cet attrait n’est pas tant à faire que l’âme cherche à s’humilier, mais qu’elle cherche à s’oublier tout à fait par un céleste enivrement, qui la sépare d’elle-même beaucoup plus que ne feraient toutes réflexions qu’elle pourrait faire pour s’humilier ; et c’est là le vrai fond de l’humilité, puisqu’on apprend par ce moyen à se compter pour rien et, en quelque sorte, à n’être plus. Notre seigneur soit avec vous, Ma fille. J.Benigne de Meaux ». Ref. : correspondance de Bossuet. t.5 : Janvier 1692 – Septembre 1693, n° 897. 600 / 1 000 € 45. BOUILLART (Jacques). Histoire de l’Abbaye Royale de Saint Germain des Prez. Contenant la vie des abbez qui l’ont gouvernée depuis sa fondation : les Hommes illustres qu’elle a donnez à l’Église & à l’État : les Privileges accordez par les Souverains Pontifes & par les Evêques : les Dons des Rois, des Princes & des autres Bienfaicteurs. Avec la description de l’Église, des tombeaux & de tout ce qu’elle contient de plus remarquable. Le tout justifié par des Titres authentiques, & enrichi de Plans & de Figures. Bel exemplaire de cette monumentale étude historique et architecturale sur l’église Saint-Germain-des-Prés, complet des planches gravées sur cuivre et entièrement annotée à l’époque. Paris, Grégoire Dupuis, 1724. In-folio (44 × 30 cm), plein veau, dos à 6 nerfs, caissons décorés de petits fers dorés à motif de pavots, tranches rouges (reliure de l’époque). Cuir éparsement frotté, épidermures aux plats, mors craquelés et parfois fendus, accidents aux coiffes, coins émoussés ; solide reliure cependant et bel intérieur, frais et grand de marges. Ouvrage illustré de 24 planches gravées (3 plans dont 1 dépliant, 4 vues dont 2 belles dépliantes par Chafourier, et 17 planches montrant les tombeaux, autels et reliques de l’abbaye). Première édition. L’exemplaire est entièrement annoté à la main à d’une écriture de l’époque à l’encre bistre. L’auteur est présenté par ces quelques lignes dans la Biographie Universelle de F.-X.de Feller, Gauthier, 1883 : « Bénédictin de la congrégation de Saint Maur né en 1669 à Meulan au diocèse de Chartres, mort à Saint Germain des Prés en 1776, était aussi connu par la solidité de son esprit que par la pureté de ses mœurs. On a de cet auteur une savante édition du Martyrologue d’Usuard copiée sur l’original même de l’auteur. On a encore de lui l’Histoire de l’abbaye de Saint Germain des Prés, Paris 1724, in-fol, ouvrage plein de recherches. Bouillart s’occupait d’une histoire de la congrégation de Saint-Maur lorsque la mort l’interrompit dans son travail. La dernière partie recueille les pièces justificatives : chartes, bulles papales, nécrologes et anciens usages de l’abbaye. Provenance : Albert Gueroult (ex-libris). 300 / 500 € s’il vous plait ; et je pense vous l’avoir déjà dit par ma précédente. Il ne reste qu’à vous dire que M. l’abbé de Montagu a fait une version anglaise de mon Exposition, qui est déjà imprimée : vous le pouvez dire au P. Irlandais, dont vous me parlez. Pour la latine, on y a déjà travaillé ici ; je la reverrai, et nous en parlerons quand l’italienne sera faite. Je trouve fort à propos de mettre les passages de l’Écriture en latin. Mais en use-t-on de la même manière de ceux qu’on mêle dans le discours, et de ceux qu’on cite expressément ? Je vous le laisse à décider selon l’usage du pays ; mais surtout l’exactitude dans la version. Je suis de tout mon cœur, votre très humble et très affectionné serviteur. J. Bénigne, a. é. De Condom. » Docteur de Sorbonne, théologien François Diroys ou Dirois (16251690) fut une personnalité catholique de la Manche. Maître des Petites écoles de Port-Royal, comme ses frères Étienne et Pierre, il suivit les cours de théologie du père Louis Thomassin. Il s’éloigne de ses amis de Port-Royal, polémique durement avec Antoine Arnauld et Pierre Nicole, et devient tardivement docteur de Sorbonne en 1666. Il devient ensuite le théologien du futur cardinal César d’Estrées, et l’accompagne à Rome à plusieurs reprises et où il rencontrera Gottfried Wilhelm Leibniz. Il est l’auteur des Preuves et préjugés pour la Religion Chrétienne et Catholique contre les fausses religions et l’athéisme (1683). Ref. : correspondance de Bossuet t.1 : 1651-1676, novembre 1672 ; n°68, 267-270. Voir la reproduction. 600 / 1 000 € 43. BOSSUET (Jacques-Bénigne). Lettre autographe signée à Mme d’Albert (1692). BELLE LETTRE SUR LE PÉCHÉ, FAISANT RÉFÉRENCE AU DOGME DE L’IMMACULÉE CONCEPTION. In-8, en feuilles, 135 × 200mm, 4p. Un f. plié en deux, encre noire, petite déchirure. Transcription : « Anneaux 20 décembre 92 /J’arrivai hier heureusement malgré le temps, Dieu Merci. J’écrivis avant mon départ la lettre que Madame de Lusanci vous fera voir : il n’est pas mal d’en dire la substance à Madame de la Prieure. Ce que l’on dit de Monsieur de la Trappe, de l’attention continuelle qu’on doit avoir aux jugements de Dieu, est vrai pour l’ordinaire, mais non pas universellement ; et il ne l’entend pas autrement lui-même. D’ailleurs qui désire de voir Dieu, craint de le perdre ; mais cette crainte ne l’abat, ni ne le décourage parce qu’il sait qu’il est bon, et s’abandonne à lui. Croyezmoi, vous donnez trop dans ces peines, je vous assure qu’elles ne doivent point vous empêcher de communiquer sans que vous les confessiez. Je n’ai pas besoin de décider si il y a du péché ou non. A parler franchement, je crois pouvoir assurer qu’il n’y en a point ; mais, en tous cas, je vous assure qu’il n’y a point d’obligation de s’en confesser, et que vous feriez mieux de ne le pas faire. Vous ne savez pas combien Dieu est bon, et ce que peut l’abandonnement qu’on lui fait de tout. J’approuve fort le sentiment de M. De SainteBeuve, et vous pouvez vous reposer dessus ; mais je crois la voie que je vous montre plus conforme à votre état présent. Son sentiment et le mien ne sont qu’un dans le fond, et nous allons à même fin. Je vois à peu près ce qu’a voulu dire ce prédicateur et je voudrais bien qu’on ne fut pas si affirmatif en choses où l’Église n’a pas parlé. Celui qui a enseigné à saint Paul que la force se perfectionne dans la faiblesse et que la tentation donne occasion à avancement, peut seul vous faire entendre que les peines que vous déplorez peuvent aider à purifier votre cœur. Tout de qu’on a dit de vous à Paris, au sujet de l’obéissance que vous me rendez, augmente la couronne que vous devez attendre pour cette action de justice.Le monde parle et juge sans savoir ; mais Jésus-Christ l’a jugé et a cassé par avance tous ses jugements. Encouragez Madame le Prieure à ne point quitter quoi qu’il arrive. Le soldat Jésus-Christ ne doit jamais poser les armes ; le temps viendra. Je suis avec vous de tout cœur. J. Benigne de Meaux ». Ref. : correspondance de Bossuet t.5 : Janvier 1692 – Septembre 1693, n°816. 600 / 1 000 € 41. BOCCACCI (Giovanni). Il Decameron. Ricorretto in Roma, et Emendato secondo l’ordine del Sacro Conc. di Trento, et riscontrato in Firenze con Testi Atntichi & alla sua vera lezione ridotto da Deputati di loro Alt. Ser. Nuovamente Stampato. [suivi de] Annotationi et discorsi sopra alcuni luohi del Decameron ; fatte dalli molto Magnifici Sig. Deputati da loro Altezze Serenissime, sopra la correttione di esso Boccaccio, stampato l’anno MDLCCIII. Première version expurgée du Décaméron de Boccace après sa mise à l’index en 1559 ; de l’imprimerie Giunta et augmenté du dossier justificatif de l’édition publié l’année suivante. Fiorenza [Florence], nella stamperia de i Giunti, 1573-1574. 2 titres reliés en 1 vol. in-8 (23 × 15 cm), [16ff.] 578pp. [2ff.] ; [20ff.] 142pp. [8ff.], plein veau tabac, plats encadrés à froid et frappés de fleurons dorés en coins, au centre un ornement doré au petit fer, dos à 4 nerfs, caissons fleuronnés, pièce de titre manuscrite sur papier. Restaurations au dos et aux coins, cuir taché, à l’intérieur mouillures, rousseurs et restaurations angulaires à certains feuillets ; le feuillet de titre est légèrement collé sur sa bordure intérieure au premier feuillet vierge. Le Décaméron fut publié, non expurgé, en 1471. Après que le pape Paul IV l’eut mis à l’Index et que l’interdiction fut réaffirmée en 1564, le tollé public fut tel que le pape Grégoire XIII fut contraint d’accorder une dispense spéciale, permettant la publication du livre dans cette version censurée. Les Députés, menés par le philologue Vincenzo Borghini, furent prudents dans leurs interventions : ils laissèrent intactes toutes les liaisons érotiques, mais modifièrent les passages qui parodiaient directement l’Église, transformant les religieuses en demoiselles et matrones, les frères en nécromanciens et les prêtres en soldats. Une police de caractères différente est utilisée pour mettre en évidence les mots substitués à ceux de Boccace. Les Députés ont également restauré la forme originale du texte, réintroduisant des formes archaïques supprimées par les éditeurs précédents. Pour ce faire, ils consultèrent l’importante édition Giunta de 1527 et un manuscrit faisant autorité, connu sous le nom de « Mn », daté de 1384. L’année suivante, ils publièrent « Le Annotazioni » [relié ici in-fine], un ouvrage distinct fournissant des justifications détaillées des interventions éditoriales. Malgré ces efforts, les autorités ecclésiastiques jugèrent la censure insatisfaisante et l’édition « Deputati » ne fut jamais réimprimée. 400 / 800 € 42. BOSSUET (Jacques-Bénigne). Lettre autographe signée à François Diroys (1672). In-8, 3 pages, 200 × 270 mm, encre noire, un f. plié en quatre, mouillure. BELLE LETTRE À PROPOS DES ORAISONS FUNÈBRES. Transcription : « À Versailles, 20 novembre 1672 / Monsieur, J’ai reçu par M. le curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, votre lettre du 24 ; celle que je me suis donné l’honneur de vous écrire par l’ordinaire de vendredi, vous instruira à fond de mes intentions. Il n’y a plus après cela qu’à vous laisser faire comme vous avez commencé, puisque vous entrez si bien dans l’affaire. Je n’ai point encore de réponse du paquet de M. De Blancey, où je croyais avoir mis ma lettre pour vous, dont j’ai reçu la réponse. L’oraison funèbre de Madame la princesse de Conti est en effet une pièce pleine de piété et d’éloquence : elle a été fort estimée, et je sais que l’illustre prélat qui la faite sera tres à l’aise qu’elle soit approuvée en votre Cour. Puisque vous désirez avoir cele que jai faite pour Madame, j’en envoie quelques exemplaires pour vous à M. le curé de Saint-Jacques. Vous verrez qu’on y a imprimé ensemble celle de la mère et de la fille. Vous me ferez grand plaisir de les présenter de ma part à Monseigneur le cardinal Sigismond, et au R.P. Maître du sacré Palais. Si vous jugez que le présent en soit agréable à quelques autres, vous le pourrez faire même en mon nom ; je remets cela à votre prudence. J’ose vous demander encore vos soins pour notre version. Si vous jugez, quand les choses seront résolues, que je doive faire quelques présents de livres, ou autres choses semblables, au traducteur, et quelque honnêteté aux imprimeurs pour les encourager à bien faire, vous me le manderez,
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