N° 43 – Catalogue de vente du 27 juin 2025 96 97 sont ainsi imprimées, les planches sont livrées à d’autres mains, qui réparent, d’un pinceau plus délicat, d’un trait plus fin et plus sûr, certains détails microscopiques. La première application de ce procédé date de 1796. Reliure. La reliure est de Jean-Joseph Tessier, successeur du grand relieur Lemonnier, relieur du Roi en 1780. Tessier fut le relieur du duc d’Orléans puis des institutions de trésorerie sous la révolution et s’illustra dans ses très beaux décors inspirés par la campagne d’Égypte. Il a été aussi relieur des Ministères de l’intérieur et des finances (il est recensé dans H. Béraldi, La reliure du XIXe siècle (1895), volume 2, p. 71). Nous savons que Jean-Joseph Tessier travailla pour l’Empereur et qu’il livra plusieurs grands formats avec les armoiries « grand aigle » de l’Empire (Voir C.-E. Vial, Napoléon et les bibliothèques (2021)). C’était, en tout cas, un relieur proche du pouvoir et des artistes au service des princes, tel Redouté : est-il possible que cet exemplaire ait pu être relié à la demande de Redouté ? On notera un exemplaire du Jardin de la Malmaison (1803) sous la direction de Etienne-Pierre Ventenat (120 planches rehaussées de couleurs et gravées par Allais, Bentely, Canu, Chaponnier, Charlin, Colibert, Dien, Festard, Melle Guilleaumont, Melle Jacquinot, Lefèvre-Marchand, Legrand, Masson, Renard, Sellier et Véron, avec une très importante contribution de P.J. Redouté) qui comporte cette même étiquette de relieur (voir Lyon, BM, Rés. 5887). De même, plusieurs ouvrages importants proche des milieux royaux comportent ces étiquettes de reliure, dont une Description d’Égypte ayant été donnée par le roi Charles X à Jean-Joseph Courvoisier (voir Paris, Christie’s, 11 mai 2011, lot 80 : « Somptueuse reliure de l’époque de Jean-Joseph Tessier avec son étiquette dans trois volumes (une pour chaque format) ». Bibliographie : – Dunthorne, Gordon. Flower and Fruit Prints of the 18th and 19th Centuries: Their History, Makers and Uses, with a Catalogue Raisonné of the Works in Which They are Found, Washington, 1938. – [Exposition]. Le pouvoir des fleurs, Pierre-Joseph Redouté (17591840), Musée de la vie romantique (Paris). Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition présentée au Musée de la vie romantique du 25 avril au 1er octobre 2017. – Lawrence, G.H. (ed.). A Catalogue of Redoutéana Exhibited at the Hunt Botanical Library, Pittsburgh, Hunt Botanical Library, 1963. – Nissen, Claus. Die Botanische Buchillustration. Ihre Geschichte und Bibliographie, Stuttgart, 1966. – Paris, Louis. Les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre brûlés dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 sous le règne de la Commune par Louis Paris, Directeur du Cabinet Historique [Extrait du Cabinet historique], Paris, 1872, p. 18, no. 124. – Pritzel, G.-A. Thesaurus Literaturae Botanicae..., Otto Koeltz Antiquariat, 1972 [Reprint de l’édition de Leipzig, 1871-1877]. – Raoul-Rochette, D. Rapport sur M. Redouté fait pour la Société Philotechnique par M. Raoul-Rochette, 1817. – Scrépel, Henri. Redouté et les vélins du Muséum national d’histoire naturelle, Paris, 1980. – Paris, BnF, Arsenal, FOL-S-661 (1), exemplaire mis en couleurs : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15124865/f269.planchecontact Autre exemplaire mis en couleurs, complet des 7 volumes : https://numelyo.bmlyon.fr/f_view/BML:BML_0 0GOO0100137001102183899/IMG00000130 Ce lot a fait l’objet d’une demande de CBC, accordé par le ministère de la Culture, sous le n° 236003. Liste complète des gravures, de leurs particularités et différences, sur demande. Voir les reproductions. 60 000 / 80 000 € couleurs dans le présent exemplaire constitue une étape intermédiaire à élucider. La mise en couleur, gouachée et aquarellée, est d’une grande maîtrise et précision et s’affranchit parfois de la gravure sous-jacente. Il reste le problème et point intéressant dans ces exemplaires des gravures inversés. Les détails des fructifications représentés au bas des compositions sont parfois inversés et placés à différents endroits sur la page. C’est aussi vrai de certaines plantes entièrement inversées dans les gravures mises en couleur. Nous montrons ici un exemple de ces inversions vol. II, pl. 38, Viorne à feuilles de Prunier). Citons par exemple : Vol. I : fructifications inversées : pl. 9, 13, 21, 43, 46 ; fructifications divergentes : pl. 17 ; fructifications absentes : pl. 45. Vol. II : fructifications inversées : pl. 1, 37, 57 ; fructifications divergentes, chevauchant la figure de la plante : pl. 2 ; fructifications absentes : pl. 45 ; plante et fructifications inversées : pl. 38, 55, 58, 59, 66, 66bis, 68, 71. Par ailleurs, signalons que Brunet (ed. 1861, tome 2, col. 871) recense un exemplaire de l’ouvrage de Duhamel du Monceau, seconde édition : « Un exemplaire, imprimé sur vélin, avec les dessins originaux, se conserve dans la Bibliothèque impériale du Louvre ». Cet exemplaire fait partie des ouvrages qui ont brûlé dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 sous la Commune (Voir L. Paris, Les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre brûlés dans la nuit du 23 au 24 mai 1871 : « Splendide exemplaire sur peau de vélin en 14 vol. in-folio contenant les dessins originaux de Redouté, acquisition faite sous Louis XVIII, au prix de 30 000 francs ») (L. Paris, 1872, p. 18, no. 124). Les deux volumes proposés ici témoigneraient d’une étape intermédiaire, fort rare, avec des essais de mise en couleur réalisés sur des gravures au pointillé et au trait, épreuves avant la lettre, par les artistes sous la direction de Redouté. En l’absence des dessins originaux de Redouté pour cet ouvrage dit le « Nouveau Duhamel », disparus dans l’incendie de la Bibliothèque impériale du Louvre, ces gravures (et pour partie avec des éléments de dessin ?) rehaussées et peintes à la main sont un témoin d’autant plus précieux de la mise en couleur de cet ouvrage. C’est en tout cas un exemplaire tout à fait atypique et important pour appréhender les méthodes de travail de Redouté et son équipe de graveurs et coloristes. Procédé(s) technique(s) de Redouté, dessinateur et graveur. Redouté utilise la technique de la gravure en pointillé, méthode apprise auprès de Francesco Bartolozzi (1727-1815), graveur du roi Georges III, orfèvre originaire de Florence et formé à Venise, installé dans la capitale anglaise depuis 1764. Dans cette technique, le point remplace la taille, permettant de mieux rendre les ombres et les demi-teintes que ne le font les lignes du burin. Cette technique fut largement utilisée en Angleterre, notamment à la fin du XVIIIe siècle. Les gravures en pointillé sont rehaussées à l’aquarelle, technique améliorée grâce à l’usage de la roulette doublée d’une impression couleur en un seul passage, selon laquelle les encres sont délicatement appliquées « à la poupée » sur la plaque de gravure. Redouté s’entoura d’un important atelier de graveurs chevronnés pour traduire ses peintures originales en gravures en pointillé et capturer au mieux les effets subtils, la lumière, l’éclat et la dimensionnalité de ses peintures originales. Dans un rapport de 1817 qui expose le procédé d’impression en couleurs de Redouté, Désiré Raoul-Rochette (1789-1854) de la Société philotechnique dit que l’on doit à Redouté plus de 4000 dessins inédits tant pour les vélins du Museum commencés sous Louis XIV que pour une foule de collections particulières (Raoul-Rochette, 1817). D’après Raoul-Rochette, Pierre-Jean Redouté serait l’inventeur d’un procédé qui consiste à graver le dessin sur une seule planche comme si l’on devait imprimer en noir ; puis au lieu de l’encre noire, on charge la planche d’encres colorées qu’on y distribue au pinceau, partout où chacune doit se trouver, le vert sur les feuilles, le rouge, le jaune, le bleu etc…sur les pétales. Lorsque les couleurs principales Un exemplaire atypique et unique. Pour les deux premiers volumes, la collation référencée de l’ouvrage est de 60 et 72 planches en tout 132 planches), toutes bien présentes dans nos deux exemplaires, gravées en noir, non coloriées (en anglais « stipple engravings, printed in black, uncolored »). Les présents deux volumes sont en plus truffés de 132 compositions (fonds gravés, gravures avant la lettre ?), aquarellées et gouachées sur papier, montées face aux planches gravées, de manière atypique et exceptionnelle. Les planches en noir ont été gravées par Du Ruisseau, Marchand, Moret, Brenet, Tassaert, Troll et d’autres d’après des compositions originales de Redouté. Les planches en noir de l’ensemble sont numérotées et distribuées conformément aux exemplaires complets recensés. Les compositions gravées (avant la lettre ? parfois avec des éléments de dessin ?), insérées face aux gravures en noir, sont peintes à l’aquarelle et à la gouache, parfois sur papier bleuté (voir supra). Elles ont été montées et entourées d’un contour doré et filets à l’encre formant encadrement. Certaines planches en couleurs sont signées de Pierre-Joseph Redouté (signatures gravées ou pour partie dessinées ?) : vol. I – « P.J. Redouté d[elineavit] » et « J. Marchand s[culpsit] », pl. 36 ; « P. J. Redouté », pl. 37 ; lettre « R », pl. 39 ; « Marchand », pl. 40 ; vol. II – « Melle Brenet », au crayon, pl. 64 ; « Redouté del[ineavit] » et « Renard scul[psit] », pl. 65. Ces signatures nous paraissent gravées parfois au pointillé, parfois au trait continu) mais diffèrent de celles que l’on trouve dans les gravures en noir et blanc. Ces aquarelles et gouaches sont de différents formats et épousent pour la plupart les dimensions des gravures placées en regard : il y a toutefois certaines différences de dimensions, par exemple vol. II, pl. 35 dont la gravure rehaussée présente un branchage clairement plus long. Elles diffèrent parfois des planches gravées. Cette différence fondamentale entre les planches préparatoires et la version finale imprimée en noire est rare car les artistes ont le souci, en général, de respecter le format final de la gravure. Ceci indique que les gravures mises en (…➞) formant un ensemble de 7 volumes entre1800-1819. Cette édition se caractérise par sa riche illustration composée de plusieurs dizaines de planches gravées d’après les dessins du peintre, dessinateur et lithographe Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) puis par Pancrace Bessa (1772-1846), élève de Pierre-Joseph Redouté. Sont proposés ici les deux premiers volumes de l’ouvrage, augmentés de gravures rehaussées et mises en couleur à la main (aquarelle et gouache). Le premier volume comprend un titre-frontispice gravé à l’eau-forte par Pillement et terminée par Née d’après Percier et Thibaud. Elle représente l’Agriculture personnifiée par une jeune femme couronnée de feuillage et assise sous un chêne, tenant près de son sein la figure symbolique de la Nature. Elle est environnée d’instruments aratoires, d’arbres et d’arbrisseaux indigènes. Près d’elle on voit deux thermes : d’un côté, celui de Pan, divinité qui préside aux forêts ; de l’autre, celui du Soleil, qui vivifie et féconde la nature. Sur le devant figure une fontaine rustique. Le fond représente une plaine agréablement coupée par un fleuve. On a voulu indiquer par cette réunion les principaux agents de la végétation. L’ouvrage, qui porte le nom du botaniste Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1781), aujourd’hui considéré comme un des fondateurs de l’agronomie moderne, est bien différent de la première édition intitulée Traité des arbres et des arbustes (Paris, 1755), au point que le bibliographe Brunet écrit qu’il n’a de commun avec l’ouvrage du botaniste Duhamel du Monceau que le titre. Ce « Nouveau Duhamel » comprend une étude des arbres fruitiers, qu’on ne trouve pas dans l’édition originale, et que l’on doit à MM. Veillard, Jaume Saint-Hilaire, Mirbel, Poiret et Loiseleur-Deslongchamps. Pour citer Lawrence, Redouteana : « The first edition of this work appeared in Paris in 2 volumes in 1755 with woodcuts from the blocks by Mattioli, which Duhamel du Monceau had acquired. The present, virtually independent work and commonly known as the Nouveau Duhamel, was issued as 83 parts apparently between 1800 and 1819 » (Lawrence, 1963, p. 52). 197. Vignette du relieur-doreur Jean-Joseph Tessier
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