238 Anne-Marie de La Trémoille, princesse des URSINS. 1641-1722. Fille de Louis II de La Trémoille marquis de Noirmoutier, mariée successivement (1646) à Blaise de Talleyrand-Chalais (1638-1670), puis (1675) au prince romain Flavio Orsini duc de Bracciano (1620-1698), elle francisa son nom et vint à la Cour d’Espagne comme Camarera Mayor ; par l’ascendant qu’elle prit sur Philippe V, elle régenta l’Espagne de 1701 à 1714. L.S. avec longue apostille aut. (au duc de Mortemart ?). Rome, 26 avril 1700. 4 pp. bi-feuillet petit in-4. Magnifique lettre de Cour évoquant les manœuvres du cardinal de Bouillon pour rentrer en grâce auprès du Roi, et détaillant la brouille entre l’ambassadeur de Venise et le cardinal d’Estrées qui fit scandale. (…) Pour vous dédommager des trois cardinaux françois que vous avez perdu, nous allons vous renvoyer Mr le Card. de Bouillon. Au moins, dit-il qu’il a demandé permission au Roy de faire un tour en France où il croit apparemment que sa présence est nécessaire pour son affaire de Strasbourg et peut-estre aussy pour parer les coups que peuvent luy donner les nouveaux ennemis qu’il s’est fait (…). A propos du différent entre le cardinal d’Estrées et Mr Erizzo ambassadeur de Venise ; ils n’ont pu venir ici sans «quelqu’ éclat». L’ambassadeur de Venize a esté le premier à refuser de luy envoyer faire le compliment que tout le monde doit à un cardinal qui arrive à Rome. Mr le Prince de Monaco a sçeu le persuader de ne pas faire cette incivilité qui pouvait le broüiller avec tout le Sacré Collège. Mais Mr Erizzo, après avoir satisfait à son devoir, ayant escrit à Venize qu’il avait bien voulu accorder à Mr le Card. d’Estrées le pardon de tout ce qui s’estait passé entre eux, à la prière des cardinaux françois et de Mr l’ambassadeur de France et de plus, ayant dit plusieures autres choses encore plus picquantes à Md. la comtesse de Martinitz, on les a veu à la veille de se déclarer la guerre (…). La princesse lui fait parvenir une lettre du Cardinal dans laquelle il justifie sa conduite ainsi que la copie de la lettre de l’ambassadeur de Monaco sur cette affaire. Le beau est que ce dernier ministre a escrit effectivement à Venize et que la comtesse de Martinitz avait très asseurément dit à Mad. Carpègne toutes ces extravagances. Cependant comme vous voyez, il désavoüe tout et Mad. de Martinitz nie qu’il luy ait jamais rien dit de pareille. Pour épargner Mad. Carpègne, on a supprimé que cette scène s’est passé en sa présence ; mais tout Rome qui le sçait trouve fort plaisant qu’elle ait voulu faire un tel personnage (…). Et de rapporter un entretien avec l’ambassadeur vénitien qui plaisantait sur cette affaire : Que voulez-vous que je fasse. Je ne puis pas faire donner des coups de baston à un cardinal dans Rome. Et les cardinaux françois se sont mis à genoux devant moy pour le prier de pardonner à celuy-cy. Le public a esté fort aise qu’il ait eu cette mortification, parce que ses hauteurs et ses manières de parler le font haïr de tout le monde (…). La princesse ajoute de sa main : Je ne sçaurais m’empêcher de vous dire encore (…) que vous vous n’aurez jamais d’amie plus sincère que moy. Je vous supplie de ne perdre aucune occasion de faire ressouvenir à Mde la duchesse de Caderousse et Mlle sa fille, que je les aime de tout mon cœur. 400 / 500 € 239 Sébastien Le Prestre marquis de VAUBAN. 1633-1707. Ingénieur architecte militaire. L.A.S. à «Madame Fareol ». A Ath, 4 juin 1697. 2 pp. bi-feuillet in-4, adresse au verso. Lettre écrite juste après la prise d’Ath dont le siège fut mené par Vauban ; elle est adressée à la jeune Angélique de Ferriol (née Guérin de Tencin) que Vauban courtisait. J’ay receü ma belle dame la lettre que vous m’avés fait l’honneur de m’écrire pendant le siège de cette place, sur la blessure que j’y ay receue, sur la prise arrivée bien plus tôt qu’on ne croyait (…). Il la remercie pour cela, rien n’étant plus capable de me faire plaisir que de voir la belle Angélique prendre part à ce qui m’anime (…). J’accepte de tout mon cœur la communauté de gloire et de réputation dans laquelle vous voulés bien entrer. Il ne tiendrait qu’à moi que la communauté ne fut parfaite puisque très asseurément je vous aime et honore de tout mon cœur (…). 500 / 700 € 240 Nicolas de l’HOSPITAL duc de VITRY. 1581-1644. Maréchal de France, gouverneur de Meaux, capitaine des Gardes de Louis XIII ; fut chargé d’exécuter le maréchal d’Ancre. L.A.S. «à la Reyne». 14 janvier (1628). 2 pp. bifeuillet in-folio, adresse au verso, deux petits cachets de cire rouge armoriés sur lac de soie rose ; brûlure en tête du premier feuillet. Lettre du duc de Vitry à la reine Marie de Médicis, sur la victoire des troupes royales à Ré. « Je receus il y a quelques temps une lettre que Vostre Majesté m’avait fait l’honneur de m’escrire, mais longtemps après la datte pour m’avoir esté envoyé par Mr de Nevers à Chateaudun (…).» La Reine y demandait qu’on rende grâce à Dieu dans la ville de Meaux, «des victoires des armées du Roy en Ré ». Le nécessaire ayant été fait malgré son absence, il n’avait pas voulu importuner la Reine ; il lui envoie le Sr Chalmet échevin de la ville de Meaux lequel « m’est venu trouver exprès en ce lieu pour me dire avis de choses qu’il dist importer le service du Roy et même service en ce que je dois à Vostre Majesté dans ma charge (…). » Il se tient prêt pour exécuter ses ordres. Ancienne collection Robert Schumann 400 / 600 € 102
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