81 Louis Salviac baron de VIEL-CASTEL. 1800-1887. Diplomate, académicien, frère d’Horace mémorialiste du second Empire. Correspondance au baron James Mallet. 1821-1826. 21 l.a.s. sous chemises, env. 70 pp. in4, adresse sur la plupart, quelques lettres avec mouillure et encre claire avec coupures « à cause des épidémies ». JOINT 7 l.a.s. (1874-1884) adressée à Mme Mallet. Importante correspondance du jeune diplomate alors attaché auprès de l’ambassade d’Espagne, avec son ami le baron James Mallet, banquier, qui deviendra Régent de la Banque de France en 1828. Viel-Castel fait part de la situation du pays avec de nombreux détails sur les années de guerres civiles, depuis l’installation du ministère de Riego en 1821 jusqu’au congrès de la Sainte-Alliance en 1823, qui déclencha l’expédition française commandée par le duc d’Angoulême et le retour du roi Ferdinand VII à Madrid ; il explique les enjeux des différents clans politiques entre fédéralistes et démocrates, royalistes et républicains, les rivalités entre les généraux Mollino et Rodriguez, l’ouverture des Cortès, la défiance de ceux de Cadix contre la monarchie, etc. Notre correspondant analyse l’état d’anarchie dans lequel l’Espagne est plongée : les révoltes, le brigandage incessant, les menaces contre les diplomates français, les insurgés d’Andalousie, les combats à Madrid avec la prise du Pardo par la garde nationale, etc. La situation du pays est encore minée par les importantes épidémies de fièvres jaunes et l’indépendance des états d’Amérique, en particulier le Mexique. Vielcastel partage avec Mallet quelques traits de la culture hispanique et sa littérature, ne manquant pas de décrire une Espagne pittoresque, avec un regard parfois ironique sur la mentalité espagnole. Août 1821 (…) Nous sommes assez tranquilles pour l’instant ; tranquille comme on l’est à Madrid. Il y a quelques jours que nous avons eu 48 heures d’agitation, attendu qu’on avait complotté l’assassinat de deux prisonniers accusés de conspiration (..) la vigilance du capitaine général Morillo et les nombreuses patrouilles qu’il a envoyées de tout côté ont fait manquer le coup. On l’a trouvé très mauvais à la Fontana (…) Le roi est revenu le trois des eaux de Sacedon ; la garnison avait été au devant de lui ; la garde nationale était sous les armes ; la population entière était rassemblée, un pétard ayant fait explosion tout à coup auprès de la Puerta del Sol, a produit un tel effroi que les habitant se sont jettés dans les boutiques, se sont précipités à l’autre extrémité de la ville ; une partie même de la garde nationale, officiers et soldats, s’est débandée. Voilà à quel point on est rassuré. Du reste, il ne se passe pas quarante-huit heures sans qu’on entende parler d’un homme assassiné dans les rues, d’un courrier ou d’un postillon égorgé par des brigands (…) Nous en avons rencontré quatre dans une promenade en voiture où, heureusement, Morello nous avait fait escorter. Il en est de même dans les provinces, surtout à Valence, qu’on pourrait appeler la terre classique du poignard. La plupart de ces crimes restent impunis et pourtant, les exécutions sont très nombreuses. Quant aux simples vols, on n’en parle pas. La diligence de Valence a été colée cinq jours de suite, au même lieu près de la barrière. Quelques uns des journaux sont épouvantables (…). Décembre 1821. En attendant lissue, l’Espagne est toujours un vaste champ d’anarchie ; on apprend chaque jour quelque émeute nouvelle : les serviles ou au moins les monarchiques dominent dans les provinces du Nord, les républicains dans le midi (…). Etc. JOINT : Louis de Viel-Castel, M. le baron Mallet. (Paris, 1868). In-8° broché, accompagné de l’article nécrologique inséré dans le Journal des Débats du 11 décembre 1868. 1 000 / 1 500 € 35
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