164 HENRI IV. 1553-1610. Roi de France. L.S. (au duc de Montpensier). Lectoure, 27 octobre 1585. 2 pp. bifeuillet in-folio, mouillure au coin sup., restauration aux coins. Lettre écrite au début de la guerre des trois Henri, peu de temps après la bulle d’excommunication prise par le Pape Sixte Quint contre le Roi de Navarre et le Prince de Condé. Henri répond fermement au représentant du duc de Montpensier, sur sa foi protestante, affirmant que la religion reste du ressort privé et donne comme garanti de sa loyauté son attachement au service du Royaume. La mort du duc d’Anjou, frère cadet de Henri III faisait du jeune roi de Navarre l’héritier de la Couronne de France. La perspective de voir un roi protestant ranima le zèle de la Sainte Union. Intimidé par la Ligue, Henri III avait alors signé l’édit de Nemours (7 juillet 1585) contre les Protestants. En écrivant à la troisième personne, le roi de Navarre donne ici une véritable profession de foi protestante, condamnant son injuste excommunication et précisant ses intentions politiques. Il remercie tout d’abord le duc de Montpensier et l’assure en retour de son amitié. « (…) Quant au conseil qu’il donne audit seigneur Roy de se départir de sa religion, le sieur de Pécheré l’asseurera de la part de Sa Majesté qu’il sera tousjours très aise de recevoir et suivre ses bons & saiges conseils & advis en toutes autres choses horsmis le faict de la conscience et de la religion qui doibt dépendre de Dieu seul, sans estre subject à changement ou mutation, soit pour espérance de grandeur et prospérité ou crainte des inconvéniens et hazard de ce monde. Que ledit seigneur Roy qui croit tout ce qui est contenu au vieil et nouveau Testament, et tient les quatre premiers Conciles et la doctrine de l’Eglise primitive, catholique, apostolique et romaine jusques aux premiers cinq cens ans qu’elle estait en sa plus grande pureté, ayant déclaré qu’elle estait en sa plus grande pureté, ayant déclaré qu’il estait prest de se soubmettre de se soubmetre au jugement et détermination d’un concile général et libre, et la recognaistre son erreur sy elle luy estait remonstrée, s’est mis en tout devoir devant Dieu et les hommes, et moyennant ce, a faict les submissions acoustumées et dignes d’un Prince chrestien sans pouvoir estre déclaré ou condamné hérétique, et mesmes premier que d’avoi esté ouy, ne estre subjet aux excommunications et fulminations des Papes qui sont en ce cas abusives et du tout contraires aux libertés de l’Eglise gallicane. Qu’ayant esté alaicté, nourry et enseigné en la religion réformée, laquelle est, suivant les loix éstablies et receues en ce Royaume, il ne serait bon, honeste, ne convenable, soit pour luy, soit pour ses amys et parens, ne pour les subjects de ce Royaume qu’il changeast légèrement de religion, soit par espérance ou par crainte et par force et nommément sans instruction, jugement et cognoissance de cause et conférence en un concile ou assemblée de l’Eglise (…). Ce qui doibt faire croire à un chacun que ceux qui, en ceste présente année soubz prétexte de zèle de religion et d’extermination des hérétiques ont soublevé les estats de ce Royaume, faict ligues et conspirations contre le Roy et son Estat et les premiers Princes du Sang et de la Maison de France, et troublé la paix et tranquillité publique n’on en autre but que le changement et dissipation de l’Estat et usurpation de la Courone ou pour le moing d’en partaiger et butnier la plus grande partie. (…). » Henri assure « au sieur de Pécheré de représenter à mondit Seigneur de Montpensier et autres particularitez concernans le bien de l’Estat et de la Courone et Maison de France, et la conservation desdits Princes du Sang (…), (qu’il) n’a rien plus à cœur que le service de Dieu, la paix publique, la manutention de tous les Estats de ce Royaume (…). » [Le duc de Montpensier refusa de faire partie de la Ligue bien qu’il était proche du roi Henri III ; à la mort de ce dernier, il rejoindra la cause d’Henri IV]. 2 000 / 3 000 € 72
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