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C’est ainsi qu’elle s’est projetée sinon plus avant, du moins tout
autrement, en nous administrant la preuve que dans la recherche de tant
d’écarts il y avait plus d’unité que de rupture. Elle fait d’abord du coquillage
non un ajout, non la touche d’une parure, mais l’élément prépondérant
d’un hymne à la mer. Soit elle enveloppe un livre de petit format (ainsi
Poésies et poèmes en prose
de Baudelaire dans la petite collection rose de
Lemerre) dans un seul coquillage, bouche ou sexe et qui se redouble en
forme de gardes de divers papiers de soie ou du Japon et de tissus (tulle)
avec d’exquis rubans qui flottent, c’est le juste tombeau d’un érotisme,
soit elle sème (pour
Les Nuits
de Musset dans la même collection) sur
une dentelle immaculée des petits coquillages blancs et des perles d’argent
avec les mêmes ajouts de papiers et tissus, les mêmes rubans, c’est alors
l’expiration d’une innocence. Toujours dans l’attraction du coquillage ou
de ses alentours, il ne lui déplaît pas de se servir de coquilles d’huîtres
rendues albinos par l’action de la mer, blanches et nacrées, qu’elle accroche
sur de fines grilles avec des fils d’argent ou des lanières de grenouille, elle
le réalise fort judicieusement pour le livre de Lamartine,
Le Coquillage au
bord de la mer
, orné de gravures par Claire Chauveau (double perte des
mots et de l’estampe frêle dans la blancheur du papier), une centaine de
coquilles cliquètent ainsi en silence. Presque à l’opposé de ces fragilités, elle
s’empare de métaux récupérés avec leurs écrous et leurs boulons rouillés,
c’est ainsi qu’elle accompagne d’une quasi-sculpture le livre de Claude
Couffon et de Gwen,
Ferrailles
, cet alphabet des formes burlesques et
pathétiques que redoublent des commentaires‑poèmes imprimés dans le
même brun, il s’agit là d’un hommage à la sculpture tellement attirante de
Gwen, comme aussi d’une réplique naturelle pour qui ne cesse d’utiliser
le métal comme parure. Mais il lui faut encore se détourner, trouver une
nouvelle voie, elle en vient pour le livre combien prenant de Michaux,