Thierry de MAIGRET s.v.v. Paris. LIVRES et MANUSCRITS. AUTOGRAPHES

10 25 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. Bou», Honfleur 20 janvier 1862, au peintre Constant Troyon; 2 pages in-8°. 300/500 Demande d’emploi pour faire face à ses difficultés financières. Boudin s’inquiète de la santé de son correspondant qu’il regrette de ne pas avoir vu l’été passé: «Les bords de la mer ne conviendraient donc point à votre tempérament ?»… Il se plaint «de notre infortune au milieu de concitoyens si indifférents», et lui fait part de son besoin d’aller à Paris: «Je désirerais bien vivement passer encore cette année quelques mois à Paris afin de ne pas perdre le peu de relations que je m’y suis créées l’an passé, mais tout le monde s’accorde à me faire un tableau si sombre de la situation que j’hésite à partir malgré l’état précaire de nos pauvres affaires ici». Il demande à Troyon s’il n’aurait pas quelques travaux qui lui permettraient «de m’employer à vous préparer quelques ébauches[…], cette perspective d’un travail assuré pour quelques temps pourrait me permettre de chercher à me créer quelque autre ressource[…] si toutefois vous avez l’emploi de mes bras pour un travail quelconque»… Il le remercie avec effusion de son entremise auprès de M. Marade qu’il le prie de remercier «d’avoir saisi avec tant d’empressement l’occasion de m’être agréable»… Voir la reproduction page 9 26 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S. «E. B», Paris 11 février 1866, à son frère Louis; 4 pages in-8° (quelques légères taches et petite fente). 500/800 Sur le suicide du peintre Léon Bonvin (30 janvier 1866). Eugène s’empresse d’abord de rassurer Louis «sur mon état de santé physique et moral», et il raconte comment Léon Bonvin «frère de François Bonvin que l’on compare à Chardin (ce qui ne l’a pas empêché de recourir à une maigre place de percepteur au marché de Poissy), a pris la funeste résolution de se détruire pour échapper aux ennuis de quelques centaines de francs de dettes criardes. Il était établi cabaretier à Meudon. Tourmenté du besoin de sonder la nature il aura bien un peu négligé la chopine & la cave pour courir au soleil voir épanouir ces petites fleurs qu’il s’était mises à peindre avec un amour naïf et une passion bien mal récompensés !! Mais à qui s’en prendre de ces trop fréquents malheurs ? Tandis que ce malheureux frappait à toutes les portes son carton sous le bras et ne trouvait que déboires, on portait chez la mère Troyon plus d’un demi-million dont elle n’a que faire»… [On venait en effet de vendre à Drouot l’atelier de Troyon pour une somme considérable]. Boudin ne pense pas que ce soit pour la mémoire du mort, mais que l’acheteur est persuadé de faire une bonne affaire: «C’est cet exemple de gains imprévus qui a fait de la Salle Drouot une espèce de bourse» qui donne le ton pour quelques noms, à l’exclusion des autres: «En effet il faut être certain qu’un monsieur dont le début promet arrivera à l’apogée des noms pour en entasser chez soi. Cette foi est lente à venir, c’est pourquoi nous autres petits qui végétons dans l’ombre des grands nous servons de pis-aller aux amateurs de province ou à quelques pauvres curieux qui se hasardent jusqu’au billet de cent… Quant à notre constitution morale, je suis persuadé qu’elle est assez bonne, le passé le prouve du reste, et si nous n’étions pas soutenus par une très vive tendresse pour ces riens éternels, le ciel, l’eau, les bois, le spectacle du monde devant lequel tant de malheureux sont passés et passeront éternellement sans rien voir, nous aurions sauté probablement[…] C’est à croire que ce pauvre Bonvin n’aura pas vu, le jour funeste où il s’est tué[…] le vaporeux fouillis des branches qui bourgeonnent déjà»… On met en place une loterie au profit de la veuve de Bonvin et de ses enfants… «Nous nous occupons tous assez activement de notre Salon. Nous profitons du temps d’arrêt occasionné par la vente Troyon qui a nettoyé le gousset des amateurs et arrêté net le commerce dans les boutiques. Pour nous surtout qui ne vivons que des marchands cela nous coupe l’herbe de dessous le pied»… Etc. Voir la reproduction page 9 27 Eugène BOUDIN (1824-1898). L.A.S., Paris 6 mai 1866, à son frère Louis; 3 pages et quart in-8°. 300/500 Ces derniers temps lui ont apporté une prospérité relative: «Nous avons vu s’ouvrir quelques portes de marchands qui étaient restées closes pour nous jusqu’à ce jour; le suffrage de quelques-uns de nos collègues qui ont vanté mes essais n’y ont pas peu contribué. Enfin le Salon dont on ne dit pas trop de mal, tout cela pourrait nous faire monter d’un bon cran. Mais je crains beaucoup que ces bruits de guerre ne viennent entraver tout cela[…] Le Salon je ne l’ai pas encore visité et je ne sais si j’aurai l’honneur d’être cité par Messieurs du Journal.[…] Courbet a du succès cette année. On en cite encore d’autres nouveaux venus qui ont déjà vendu & cher»… Quelques journalistes s’intéressent à lui: Chesnais du Constitutionnel, qu’il a convié à venir voir ses études, Delveau du Figaro, etc. Voir la reproduction page 9

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