Thierry de MAIGRET s.v.v. Paris. LIVRES et MANUSCRITS. AUTOGRAPHES

13 34 [Eugène BOUDIN]. J. VALLS, collectionneur, un des premiers acheteurs de Boudin. L.A.S., Paris 13 mai 1855, à Eugène Boudin; 4 pages in-8°. 300/600 Très intéressante lettre du collectionneur, qui commence par bousculer Boudin pour son retard: «Il y a juste un mois[…] que je vous ai demandé le tableau de poissons; vous n’avez pas encore votre toile. À l’empressement que vous apportez, votre œuvre n’est pas près de se terminer.[…] laissons ce sujet sur lequel je me monte si facilement jusqu’à la colère, plus à cause de vous, qui arriveriez si facilement jusqu’à la célébrité si vous vouliez profiter de votre jeunesse et déployer quelque énergie, qu’à cause de moi qui n’aurai jamais d’autre mérite que celui d’avoir su vous apprécier»… Il s’inquiète du marché de l’art: «La peinture de l’école moderne gagne chaque jour des adhérents, les amateurs passionnés pullulent, les prix ont presque triplé pour certains artistes que nous aimons, ils s’enrichissent de gloire et d’argent. Malgré la guerre et le malaise général on couvre leurs toiles de pièces d’or. Quelques amateurs, qui ont été assez heureux pour acheter il y a quelques années, profitent des hauts prix et vendent leurs collections». Il a assisté hier à la vente de la collection du «riche juif» Halphen, où il n’a pu acheter que deux toiles: un tigre de Delacroix et une esquisse de Diaz. Il commente certains des tableaux présentés, et donne les enchères, qu’il trouve très élevées: Rousseau, Jules Dupré, Guillemin, Millet «toujours ignoble dans ses sujets, une affreuse fille cherchant des puces dans des draps en carton-pâte», Rosa Bonheur, Corot, Diaz, 10 «misérables petits bonhommes de Meissonnier», 5 Troyon qui «a triplé de valeur», etc. Il n’avait pas prévu d’acheter, mai au vu de l’envol des prix il a eu peur «de ne jamais réaliser mon désir d’avoir un spécimen de chacun de nos grands maîtres, si je n’achetais pas maintenant»… Il part chez Paul Barroilhet, qui veut lui acheter son grand Rousseau: «Comme ce tableau ne m’a jamais beaucoup plu, il est probable que je vais le lui lâcher». Une heure plus tard, de retour de chez Barroilhet qui lui acheté le tableau, il s’empresse de demander à Boudin de s’occuper immédiatement du transport: aller chez lui prendre les mesures du tableau, obtenir une caisse pour le transport, le protéger et l’emballer selon ses instructions (croquis à l’appui), car il veut que le colis quitte Paris demain: «Si je prends la liberté de vous donner cet ennui, c’est que je tiens à ce que l’emballage soit bien soigné, que mon tableau ne courre aucun risque d’être crevé ou la bordure endommagée»… Il lui demande enfin son opinion sur ce grand Rousseau: a-t-il raison de le vendre ? Il ajoute: «Ne dites à personne que j’achète des tableaux, cela me ferait beaucoup de mal». JOINT : une L.A. (la fin manque) d’Eugène Boudin (1 p. in-8). Il est résolu à abandonner la carrière artistique. Au moment de prendre une «résolution héroïque», il s’adresse à lui, auquel il doit «en partie le court moment de succès dont j’ai joui dans cette bonne ville du Havre». Il a tout fait pour mériter sa réputation, mais les amateurs sont blasés, il n’arrive plus à vendre assez pour vivre: «Il faut abandonner cette carrière dans la lutte que nous avons à soutenir contre la misère et les difficultés; c’est vraiment trop lourd», surtout en étant privé de ressources et d’appuis: «cette année c’est vraiment une année néfaste pour nous». Toutes ses maigres économies sont parties sou à sou: «Aujourd’hui tout est épuisé et ne voulant absolument pas continuer une carrière si ardue, j’ai recours à vous pour vous demander si je ne serais pas en état de remplir un emploi quelconque». Voir la reproduction page 9 35 Antoine BOURDELLE (1861-1929). L.A.S. (incomplète), Paris 15 juin 1909, à Maurice Fenaille ; 1 page in-12 à l’encre violette avec signature au verso (manque le 2e feuillet, bords un peu effrangés). 100/120 Il lui transmet des revues avec des reproductions de ses œuvres : « vous pourrez tenir peut-être à vous rendre compte par elles où j’en suis de mes travaux ». Il est rentré depuis quelque temps. Au dos, signature et son adresse : « Emile Antoine Bourdelle Impasse du Maine 16 Paris ».

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