17 38 Paul GAUGUIN (1848-1903). L.A.S., [début mai 1883], à Camille Pissarro; 2 pages et demie petit in-8° remplies d’une petite écriture (légère déchirure). 4 000/6 000 Quelques jours après l’enterrement de Manet. Il a appris qu’il y avait eu une souscription à laquelle tous ont participé, «pour envoyer une couronne à l’enterrement de Manet, vous me direz ce que je vous dois. J’ai si peu de temps à moi pour travailler que je n’ai pas voulu sacrifier le jeudi [3 mai, date de l’enterrement], et j’ai été travailler à Chaville». De plus il ne voulait pas affronter la foule des curieux: «beaucoup de ses détracteurs durant son vivant ont été pour se faire voir, croyant augmenter leur célébrité et voulant se faire citer par les journaux.[…] Manet avait endossé l’uniforme de chef, maintenant qu’il est mort Degas va lui succéder, et c’est un impressionniste qui dessine ! Boudin, à ce même point de vue, doit être considéré comme des premiers, son dessin était plus écrit et dégagé de mystère»… Quant à l’exposition de Londres [la 1ère exposition impressionniste de Londres, Dowdeswell Galery, 1883, Drawings, paintings, and pastels by members of La Société des Impressionistes, organisée par Durand-Ruel], il pense que Durand-Ruel se trompe: «La même erreur a été commise, lorsqu’on voulait faire des expositions où la moitié n’était pas impressionniste. Si vous mettez Cézanne à côté d’un peintre tranquille faisant ce qui est connu, Cézanne sera rigolo. Si, au contraire, vous êtes groupés, de même nature, l’ensemble forme un principe qui s’impose. Ma femme, en voyant le tableau de Bastien-Lepage, l’a nommé un détournement de mineure. Quelle idylle»… Gauguin tente d’aider Pissarro, qui a fait assurer ses tableaux, à faire annuler cette souscription: «Il faut répondre énergiquement que vous ne voulez pas être assuré pour vos tableaux et que si vous l’aviez fait, c’était pressé par un agent et que, n’entendant rien à ce genre d’affaire, vous aviez la conviction de pouvoir la défaire l’année suivante, après promesse du courtier. Surtout, ne vous laissez pas aller à la faiblesse»… Provenance: Archives de Camille Pissarro (vente 21 novembre 1975, n° 51). Voir la reproduction
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