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GREEN Julien (1900-1998) Ecrivain américain de langue française, membre de l’Académie française
85 lettres autographes signées, la plupart « Julian H. Green » ou « Green » + 1 sonnet et 3 pièces autographes canularesques, environ 300 pages in-12, in-8 ou in-4 ; années 1916 à 1920. Infimes défauts à trois ou quatre pièces. Quelques en-têtes.
Correspondance de jeunesse adressée à son ami Oscar-Paul Gilbert, écrivain d’origine belge (1892-1972).
La famille Gilbert ayant été chassée de Belgique par l’invasion allemande, elle trouve refuge à Paris en hiver 1914. Oscar-Paul rencontre Julien au lycée Janson de Sailly. Après l’armistice, le jeune Belge entreprend des études de philologie romane à la Sorbonne, commence à écrire et devient grand reporter à France-Soir ,
L’Aurore et au Soir de Bruxelles. Il rédige de nombreux romans, dont Le Drame de Shangaï , travaille pour les radios et télévisions. Affectueuse et confiante, sa correspondance avec Julien Green est brusquement interrompue en 1920.
40 000 / 60 000 CHF
30 000 / 50 000 €
1916. Green annonce à son ami l’envoi de vers et de prose : « … Tu trouveras sans doute qu’ il y a beaucoup de présomption à faire un sonnet à seize ans. Mais tant pis. Quant au morceau intitulé ‘La Morte’ (c’est gai), c’est peut-être ce que j’ai fait de plus personnel, de plus intime, depuis que nous nous connaissons… Sois donc indulgent… » – Peu après, il part rejoindre sa sœur Eleanor à Gênes, ville dont il donne une très jolie description et où il profite de la mer : « … c’est souvent assez dur de travailler ici ; on se sent si paresseux lorsqu’ il fait chaud et l’on a plus du tout envie de débrouiller une version ou de tourner un thème… » – 29 août : critique des vers envoyés par Gilbert et jugements littéraires : « … Je ne comprends pas ton admiration pour Baudelaire. Ses idées de fossoyeur m’ennuient à périr. Sans doute, il y a dans Les Fleurs du Mal des poésies délicieuses, mais ce sont justement, à mon avis, celles que son effroi de la mort n’a pas inspiré… » ; il a lu Le Rêve de Zola : « … Ce mélange de réalisme et de merveilleux ne m’a pas beaucoup plu… ». Il dessine aussi, fait des paysages au pastel : « … J’en suis venu à deux conclusions. 1° que je tiens mieux le crayon que la plume. 2° que la nature m’ intéresse beaucoup plus que ces affreux plâtres du Lycée et que je donnerais tous les Nérons et les Ecorchés du monde pour un cyprès d’Italie… » – Il vient de lire La Puissance des ténèbres de Tolstoï, « pièce effrayante que je te conseille de lire » – « … Je me suis acheté quelques volumes de Hugo ces jours-ci. Il m’ éblouit. J’ai beau m’en défendre et me répéter que son théâtre ne tient pas debout, que ses romans sont faux, je ne me lasse pas de le lire et le relire… ».
1917. Janvier : « … tu sais peut-être que j’ai horreur d’ écrire des lettres pour l’excellente raison que je ne sais pas m’y prendre. Je lis, je relis, je pèse les mots et les phrases, je déchire et je recommence, mais tout me semble si désespérément plat et faux que je renonce, par dépit… ». En août, il est au service militaire : « … Nous sommes logés dans une immense ferme aux murs de forteresse et que les Allemands ont occupé avant nous : les rats et les mulots sont là pour le dire… Il est curieux de remarquer comme les Américains s’ imaginent que le monde date d’un siècle ou deux et qu’avant la formation des Etats-Unis l’Europe était à demi sauvage. Exemple : il y a tout près d’ ici, une très belle église romane que nous visitions l’autre jour. Quelqu’un observa que toutes les têtes d’ évêques et de saints groupés aux portails avaient été brisées. C’est l’œuvre, tu sais comme moi, des vandales de 1789. L’un de nous (pas moi) s’empressa de le dire. ‘Comment ? s’ écrièrent les autres, cette église est antérieure à la Révolution ? et ceci avec le plus profond étonnement… ». Dans cette lettre, Green exprime pour la première fois ses incertitudes religieuses : « … J’ai ici un livre, un seul, ‘ l’Imitation’ qui me suffit largement. Je prends un immense plaisir à lire des préceptes que je n’ai pas du tout l’ intention de suivre… cependant je les lis et les relis. C’est presque une hypocrisie… » – Eté 1917 : « … Dans le petit village déserté que nous habitons, je suis parvenu à me procurer quelques livres médiocres : Claude Farrère, Colette Willy. Parfois des officiers de passage me donnent des journaux que je dévore. L’ouvrage ne nous manquera pas, bientôt, mais en attendant l’ennui est mortel… » – Septembre : Il a peu d’interlocuteurs valables. « … Il m’arrive souvent de passer des heures en forêt à monologuer comme un fou ; je fourre des livres dans ma poche et je vais les lire au pied d’un arbre, le bruissement des feuilles remplace à grand avantage l’ horrible bourdon des vox de caserne… » – Octobre : « … Quand je
CORRESPONDANCE
Lettres de Julien Green
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