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30 MOÏRA

Manuscrit autographe d’environ 200 pages in-folio conservées dans une chemise recouverte de veau rouge (intérieur en papier marbré). Au dos, pièce de titre de maroquin marron : « Julien Green – Moïra ». Etui assorti. Dossier joint.

Volumineux manuscrit de ce roman rédigé entre août 1948 et février 1950, sorti cette même année chez Plon et tenu, dès sa parution, pour un chef-d’œuvre.

Fascinant manuscrit d’environ 225 pages sur feuilles libres dont les vingt-cinq premières présentent plusieurs variantes du début de l’histoire. Texte de premier jet avec nombreux repentirs (moins nombreux cependant que dans les manuscrits précédents). Sur la page de titre, Julien Green nous livre une pensée de François de Sales, le saint auquel il dédiera en 1983 son ouvrage

Frère François : « La pureté ne se trouve qu’au Paradis et en enfer », pensée venue remplacer un extrait de l’ Epître de Paul aux Romains La mort est le salaire du péché »), ainsi qu’en témoigne une des deux feuilles d’épreuves jointes, corrigées par l’écrivain.

Véritable tournant dans l’œuvre de Green, Moïra n’est pas seulement l’histoire d’un jeune homme du Sud des Etats-Unis venu étudier en Virginie et provoquant par son fanatisme religieux une succession de malheurs, mais reflète surtout les préoccupations religieuses de l’auteur, absentes dans les précédents romans ou dissimulées sous l’allégorie mystique.

On joint dix dessins à l’encre de chine exécutés et légendés par Mayou Iserentant, montés sur feuilles in-folio, accompagnés d’un texte explicatif sur la page d’introduction : « en suivant le texte admirable et douloureux de Moïra j’ai fait quelques dessins qui diront mal ma participation au poignant destin de Joseph, Joseph que j’aime… Paris – Janvier, 52 ». Ces dessins sont conservés dans une chemise cartonnée bleue, sur laquelle quelques lignes nous informent que cette artiste avait déjà illustré Le Voyageur sur la terre pour une édition de luxe.

Dans sa lettre du 18 septembre 1950 à Julien Green, Marguerite Yourcenar nous livre ses impressions sur cette œuvre [voir lot n° 217] : « … Merci de l’envoi de Moïra . J’ai beaucoup aimé le sombre classicisme avec lequel vous avez traité cette histoire, et ce sens purement humain de l’ inéluctable et de l’atroce auquel ne s’ajoute cette fois aucune angoisse surnaturelle... J’ai apprécié aussi la justesse de ton de ce qu’ il faut bien appeler la couleur locale américaine, présente partout… », etc.

En avril de cette même année, Roger Martin du Gard écrivait aussi son enthousiasme à Green après la lecture de certains passages de Moïra : « … Bravo ! J’achève ce soir deux fragment... Si le reste est de la même veine, si tout a ce poids, cette épaisse saveur, cette force d’ évocation, vous aurez écrit le meilleur de vos meilleurs livres… », etc. Quelques mois plus tard, Green lui répondait, ajoutant quelques précieux commentaires (le brouillon de cette réponse est conservé avec la missive reçue) [Voir lot n° 190]: « … j’ai vraiment voulu vider mon sac, car par les temps qui courent c’est peut-être la dernière occasion qui me sera donnée de dire tout ce que j’ai à dire sur ce qui me tient à cœur… J’ai confiance en votre jugement… Vous avez sûrement remarqué que le personnage de Moïra apparaît si tard que je ne pouvais retarder encore son entrée en scène… mais elle m’ était si violemment antipathique que j’ai pris un plaisir tout particulier à l’ étouffer par les mains de Joseph. Croyez bien… qu’ il ne la tue pas seulement pour des raisons métaphysiques… C’est la violence de son conformisme qui le dirige vers Moïra alors que sa vraie nature le porterait ailleurs… Il la tue parce qu’ il la déteste et il la déteste parce qu’elle n’est pas l’autre. Peut-être une telle confusion n’est-elle possible qu’en Amérique où les hommes gardent parfois une sorte d’ innocence qui ferait rire aux éclats un petit Européen de 16 ans. Ici on a très bien deviné que la bataille au bord de l’ étang était tout bonnement une scène d’amour… », etc.

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