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209.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S.,
Nîmes
15 février 1915, à Jean-Émile Laboureur à Nantes ; 1 page in-4 à en-tête
du
Café Tortoni
, enveloppe.
1.200 / 1.500
Il le remercie de ses souhaits. « Certes le hasard peut nous mettre en présence. Je suis un peu abruti par les heures de
trot et galop dans la garrigue. Plusieurs Nantais dans mon peloton d’E.O.R. En efet, beaucoup de sottises sur l’Allemagne
mais la plus grande sottise a été d’accorder quelque valeur à ce pays d’idiotie, de médiocrité – il est au milieu de l’Europe. Je
vous donne ma parole que si je mesure des angles et fais du cheval tout le jour, c’est dans l’espoir de diriger des tirs vraiment
efcaces contre ces ânes d’Allemands. J’avoue, au demeurant, que je me saoulerais volontiers en votre compagnie avec des
vins du Rhin ou de Moselle »…
Reproduction page ci-contre
210.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., S.P. 138 15 octobre 1915, à Jean-Émile Laboureur, interprète aux B.E.F. ; 1 page
obl. in-12 à l’encre rouge sur carte postale de correspondance militaire, adresse au verso.
500 / 700
Il reçoit son adresse par Marie [Laurencin]. « Je vois que vous êtes maintenant aux Armées. J’espère que vous ne vous
ennuyez pas. Moi je n’ai pas le temps de m’embêter. Envoyez-moi de vos nouvelles. Je les lirai toujours avec plaisir. Je me
demande pourquoi vous m’avez ainsi oublié »…
211.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S., 19 octobre 1915, à Jean-Émile Laboureur, interprète à l’Armée britannique ;
2 pages grand in-8 à l’encre rouge sur une enveloppe dépliée, enveloppe.
2.000 / 2.500
Belle lettre du front, parlant de la plaquette
Case d’Armons.
Il est « sur le front depuis le 3 avril jour de Pâques et n’ai pas couché dans un lit depuis mon départ. Je suis dans les lignes
animées du pays si crayeux dont on parle tant [dans] les communiqués. Nous avons travaillé follement et victorieusement.
Présentement je lis
la Jolie Fille de
… de Walter Scott et dis
ta gueule
aux Boches comme si je parlais au sanglier des
Ardennes lui-même. Je ne m’ennuie pas trop, je commande une pièce et vis auprès d’elle sans m’en éloigner, quand nous
sommes en route j’ai un bon cheval… J’ai fait tous les métiers, arrivé conducteur, j’ai manié le fouet et conduit l’attelage, j’ai
été brigadier de pièce, brigadier agent de liaison, brigadier-fourrier de ma batterie, nommé maréchal de logis en août, j’ai
d’abord été observateur aux lueurs ce qui est fatigant mais très beau. Je passais une nuit sur trois, la montre en bracelet,
le chronomètre dans la main gauche à pointer l’alidade du triangle de visée sur les lueurs des canons boches et à noter les
observations. Depuis le 1
er
septembre je suis chef de pièce et je commande le tir de la 4
e
pièce. J’ai aussi participé à la grande
ofensive. Il y a bien longtemps que je n’ai même aperçu une femme.. Je suis depuis près de 7 mois déjà sur le front et dans
la zone de l’avant. Je fais partie d’une batterie dont presque tous les canonniers sont originaires des pays envahis. C’est en
leur faveur que j’avais publié en souscription et à 25 exemplaires
Case d’Armons
. Il m’en reste bien un exemplaire, mais je ne
veux pas vous le faire payer et d’autre part je ne veux pas priver mes poilus du bénéfce. Donc il vaut mieux que vous n’ayez
pas
Case d’Armons
dans l’édition princeps, vous le lirez quand ça paraîtra en volume ». Ils peuvent cependant « faire un troc »,
par exemple contre « une collection de boutons anglais dont je suis curieux et particulièrement ceux des régiments indiens ».
Il indique comment se procurer
Les Soirées de Paris
, et évoque quelques amis…
Reproduction page ci-contre
212.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S. « G.A. », Secteur 138 26 octobre 1915, à Jean-Émile Laboureur, interprète à
l’armée anglaise ; 2 pages et demie in-8 (lég. mouill.), enveloppe.
1.500 / 2.000
Leurs lettres se sont croisées. « Pour
les Soirées de Paris
je vous ai écrit l’adresse. Je reviens donc à
Case d’Armons
[…]
Si ce n’est pas pour vous, vous pouvez donc vendre. L’exemplaire est de 50 fr. Il y en avait 25, c’est le dernier. Je vous ai dit
à quoi était destiné cet argent. Maintenant mes propositions de la dernière lettre restent entières et vous choisirez ou du
moins votre ami anglais fera comme il voudra. Au demeurant, le
Mercure
(dernier numéro) dit que c’est le seul livre imprimé au
front. Dupuy commande une Compagnie de mitrailleurs »... Il ajoute : « Donnez-moi lorsque vous m’écrirez des renseignements
sur les intéressantes personnes qui se prénomment Vaseline et Glycérine. Mais que vous êtes heureux cher ami, d’avoir une
chambre, de voir des villages, de vous ballader en auto et d’apercevoir des femmes. Pour moi tout ce que je viens d’énumérer
fait depuis longtemps partie du domaine des mythes ».
213.
Guillaume APOLLINAIRE
. L.A.S. « G.A. », Secteur 139 23 février 1916, à Jean-Émile Laboureur, interprète aux
B.E.F. ; 1 page in-12 sur carte postale de correspondance militaire, adresse au verso.
1.000 / 1.200
Il attendait de ses nouvelles et le félicite d’être à Paris. « Marie [Laurencin] ne m’a plus écrit depuis un temps infni ». Il
lui laisse choisir le couteau. « Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’amis sur le front. Enfn je suis content que
vous alliez bien. J’ai pu en allant en permission en Algérie visiter les camps anglais autour de Marseille. Pour ce que vous dites
à propos des armes, la plus intéressante est l’avancement. C’est pourquoi j’ai changé. Au demeurant pour ce qui concerne
l’intérêt véritable, nul doute que dans l’infanterie l’intérêt soit plus palpitant que dans l’artil[lerie] surtout dans cette guerre.
Il est évident que quand on commande en chef la chose doit être autrement »…