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76.
Édouard DE MAX
(1869-1924) acteur. L.A.S., Mardi [31 octobre ? 1899], à Gustave Larroumet ; 2 pages et demie
in-8.
150/200
À propos de son interprétation du
Véritable Saint Genest
de Rotrou [la pièce fut reprise à l’Odéon le 30 octobre, et
les 6 et 9 novembre 1899]. De Max se rend bien compte que cela pouvait être mieux : « mais si j’ai personnellement travaillé
le rôle durant 4 mois, nous ne l’avons répété que
deux
fois en scène ». Quant au reproche « d’avoir été plus grécule qu’il ne
convenait », il cite deux vers de Rotrou en imaginant « que peut-être (toutes proportions gardées) il (Genest) était venu de
quelque Orient jouer à Rome comme je suis venu de Roumanie à Paris pour jouer à l’Odéon »…
77.
Pierre DENFERT-ROCHEREAU
(1823-1878) officier et homme politique, défenseur de Belfort en 1870. L.A.S.
« Cel Denfert-Rochereau ex gouverneur de Belfort, député de la Charente Inf
re
 », La Rochelle 29 janvier 1876,
[à Louis-Charles Parisot, maire de Belfort] ; 1 page in-4.
400/500
Il le charge de remercier le conseil municipal et les citoyens de Belfort de leur manifeste en faveur de sa candidature aux
élections sénatoriales de la Charente-Inférieure : « J’ai été profondément touché de ce témoignage spontané de sympathie
de la vaillante population qui, associée dans ses éléments valides au corps d’armée chargé en 1870-1871 de la défense de la
place, a supporté dans son intégralité avec un courage et une résignation exemplaires un bombardement continu de 73 jours,
le plus formidable que l’histoire militaire ait encore enregistré jusqu’à ce jour »…
78.
Marceline DESBORDES-VALMORE
(1786-1859) poétesse. L.A.S., Paris 10 octobre 1840, à Léon Boitel, imprimeur-
éditeur à Lyon ; 3 pages et quart in-8, adresse.
300/400
Elle part rejoindre son mari à Bruxelles, sans emporter le ballot de livres qu’elle a reçu par l’obligeance de M. Pelletier :
elle espère toujours « que Valmore viendra les lire à Paris, au milieu de ses enfans. Il est si malheureux là-bas ! […] Mon retour
ne sera que trop prompt, puisque je reviens sans mon mari et pour le tirage de la conscription de son fils. Quelle torture
d’un nouveau genre, mon pauvre Léon ! Pour moi je n’ai plus la faculté de me plaindre. Je tâche de suffire à mon emploi de
mère et de femme. Je suis bien foible ! »… Elle recommande de conseiller à leur ami Coignet, et à sa Jenny, d’essayer « le
suc de carottes pur » pour guérir de la gastrite. Elle donne des nouvelles de ses enfants, et elle confie n’avoir pas reconnu
Mme Niboyet : « Si vous saviez comme cette pauvre dame est changée et comme elle a souffert ! »…
79.
Marceline DESBORDES-VALMORE
. L.A.S., mars 1842, à François-Zénon Collombet, littérateur à Lyon ; 2 pages
in-8, adresse.
300/400
Elle s’acquitte de la reconnaissance qu’elle lui garde « de m’avoir présentée à Monsieur de La Mennais, en vous donnant à
connaître, c’est dire à aimer, l’un de ses meilleurs amis, Monsieur Charles Didier. Son caractère distingué, le rang qu’il occupe
dans la littérature et la bonté profonde de son âme lui feront, j’en suis sûre, de nombreux amis à Lyon, qu’il désire connoître.
J’ai souhaité vivement pour vous et pour lui, vous aider à vous deviner tout d’un coup »… Elle transmet le souvenir de Sainte-
Beuve, et ajoute : « Saluez en mon nom Notre Dame de Fourvières. Je voudrais aller m’y agenouiller, car c’est elle qui me
soutient dans les épreuves dont il plaît à Dieu de m’honorer »…
Reproduction page 21
80.
Denis DIDEROT
(1713-1784). L.A., [après le 26 juillet 1760], à Saint-Lambert, chez M. le comte d’Houdetot ;
3 pages in-8, adresse (manque un coin sans perte de texte).
10.000/12.000
Importante lettre sur le drame, suscitée par
L’Écossaise
de Voltaire, dont la représentation au Théâtre-Français, le
26 juillet 1760, donna lieu à de vifs incidents.
Il faudra qu’il emprunte à la Bibliothèque du Roi « l’ouvrage de Loix » que réclame Saint-Lambert, à qui il demande « ce
qu’il a de prêt sur les lettres L et M ». Il a vu
L’Écossaise 
: « J’etois singulièrement interressé a son succès. Je disois si elle ne
reussit pas, on en conclura tout contre le genre que j’ai preché, et contre les deux drames que j’ai ecrits dans ce genre, et je
crois que je disois bien. Mais si j’avois quelque chose à perdre à la chute de cette piece, je n’avois rien à gagner à son succès.
J’étois bien sur qu’on n’imagineroit pas que si
L’Ecossaise
a plu,
Le Père de famille
ou
Le
Fils
naturel
pouroit bien plaire. Au
reste, je scais à present à quoi m’en tenir là dessus. On pretend ici que nos acteurs la jouent à ravir ; il m’a semblé à moi
que c’etoit un chant dont ils ne scavoient pas encore la premiere note. Je ne scaurois pas rendre combien j’ai été touché
d’entendre aplaudir des pieds et des mains à tout ce qu’il y a d’honnete dans
L’Ecossaise
. Au milieu de ces aplaudissements,
je demandai à Monsieur Grimm qui etoit à coté de moi, s’il pensoit que parmi tout ce monde il y eut un seul malhonnete
homme ? J’aurois beaucoup mieux aimé avoir fait cette question à Jean-Jacques Rousseau. Quelle difference des larmes que
l’orateur chretien arrache dans un temple des yeux de son auditeur ; et de celles qu’on verse dans un parterre. Les premieres
sont froides et tristes. L’ame est chagrine et serrée. On est mecontent de soi. Les secondes sont chaudes et douces. On est
enlevé, transporté, jeu de l’amour du bien, et l’ame etendue par un sentiment delicieux, mêlé de plaisir et de peine n’est jamais
ni plus grande ni plus belle ni plus heureuse. L’enthousiasme est tel que je ne doute point que s’il se trouve alors un homme
qui osat dire un mot deshonette, il ne fut mis en piece. Les autres ne soufriroient pas une injure si cruelle faite à l’humanité ;
et la vertu ou l’honneur de l’espece seroit vangé sur le champ. Il est décidé pour moi qu’il faut renoncer tout à fait à ce genre
ou en bannir toute plaisanterie qui n’ait pas un caractere pondérant et severe. J’ai vu les meilleurs endroits, et le denouement