Page 36 - cat-vent_ader14-06-2012

Version HTML de base

34
117.
Stéphanie Félicité Du Crest, comtesse de GENLIS
(1746-1830) femme de lettres. L.A.S., de l’Arsenal
20 vendémiaire (12 octobre) 1802, à Louis de Fontanes ; 1 page in-4, adresse, cachet cire brun (brisé). 250/300
Elle lui envoie ses
Contes
dans l’édition in-12 dont elle a corrigé les épreuves, et qui est donc plus correcte que l’in-8…
« je me suis plaint quelquefois de l’injustice, mais ce fut dans un tems d’expatriation où les libelles les plus absurdes pouvoient
priver d’azile. Il falloit alors se justifier gravement des imputations les moins vraisemblables ; c’était une des humiliations
attachées à l’émigration, la seule que j’aie subi et certainement l’une des plus pénibles et la plus ennuyeuse. Maintenant je puis
m’amuser quelquefois à relever quelques petits mensonges ridicules, mais je ne suis pas tentée de me
plaindre
. Comment se
facher de critiques faites par ceux dont il seroit honteux et coupable d’obtenir le suffrage ? Le vôtre Monsieur honoreroit un
talent véritable, dignement employé ; je n’ai que deux titres pour y prétendre la pureté d’intentions et
la persévérance
mais
un droit à votre estime est un encouragement et une récompense »…
118.
Pierre GERLIER
(1880-1925) cardinal, archevêque de Lyon. L.A.S., Rome 8 mars 1939, au Président Édouard
Herriot ; 2 pages in-4 à ses armes.
250/300
« Reçu ce matin en audience par le Souverain Pontife, j’évoquais avec Lui l’incomparable figure de Pie XI, et je lui rappelais
le bel hommage que rendait naguère, au Pape défunt, le Président de la Chambre des Députés et l’attitude émouvante du
Parlement. Pie XII, qui ne l’avait pas oublié, et qui est spécialement sensible à tout ce qui honore Celui dont Il veut être le
continuateur, m’a dit à cette occasion qu’Il serait heureux que je vous en exprime sa gratitude »… Il transmet aussi le souvenir
gardé par le cardinal Tappouni des paroles d’Herriot à Beyrouth pour « l’éloge du grand Pape disparu ». Dès son premier
message, Pie XII « a voulu se manifester tout de suite comme le Pape de la Paix », et il reste attaché à « la chère France »…
119.
Jean-Léon GÉRÔME
(1824-1904) peintre. L.A.S., Paris 18 juin 1889, [à Gustave Larroumet, directeur de l’École
des Beaux-arts] ; 2 pages et demie in-8 à son chiffre.
300/400
Protestation contre la composition du jury de l’Exposition Universelle de 1889. «Le jury composé par l’administration
du Champ de Mars a été accueilli avec une désapprobation universelle […]. Je ne veux pas parler des individualités de
beaucoup des membres de ce jury, qui n’ont ni par leur talent, ni par leur surface, qualité pour décerner des récompenses à
la suite d’une Exposition Universelle, mais […] ce jury a été trié sur le volet dans un but déterminé d’avance, à seule fin que les
récompenses soient distribuées à une seule catégorie de peintres »… Gérôme va s’entendre avec ses confrères de l’Institut
sur le parti à prendre : « je ne pense pas qu’ils veuillent couvrir de leur pavillon les décisions d’une majorité de sectaires »…
On aurait nommé « M
r
Besnard pour représenter la Grèce ! M
r
Heilbuth pour la Serbie ! M
r
Roger Ballu pour la Roumanie !
J’espère qu’il n’en est rien car la chose confinerait au comique ; mais aujourd’hui tout est possible »…
120.
Edmond de GONCOURT
(1822-1896) écrivain. L.A.S.,
Champrosay par Draveil (Seine et Oise)
juillet 1892, à
Auguste Rodin ; 1 page et demie in-8.
400/500
Au sujet de sa collection de livres illustrés de portraits peints sur les couvertures. « Le livre de Mirbeau sur lequel
vous voulez bien faire le portrait de notre ami, Mirbeau l’a chez lui, me l’ayant demandé dans la pensée que ce portrait vous
le feriez à sa maison de campagne. Maintenant ce n’est pas une eau-forte que je vous ai demandée, c’est un dessin que vous
ferez comme vous voudrez, à la plume, au crayon noir, au lavis, sur le plat du livre relié en vélin blanc – ce serait peut-être
original de faire deux croquetons de la tête à l’instar de votre eau-forte de Hugo. […] Je suis bien touché que vous ayez gardé
le souvenir de ma demande indiscrète, et je serais tout heureux et tout fier d’avoir votre nom parmi les illustrateurs de ma
petite bibliothèque »…
Reproduction page ci-contre
121.
Edmond de GONCOURT
. L.A.S., mars 1896, à un critique ; 3 pages in-8.
400/500
À propos de son adaptation dramatique de
Manette Salomon
[créée au Vaudeville le 27 février 1896]. Il remercie le
journaliste de son article et de la façon « presque galante » dont il formule ses critiques. « Oui, je l’avoue, je trouve à l’heure
présente, la pièce de théâtre inférieure au livre, et je veux lui donner certaines qualités du livre, je veux la faire parler cette
pièce, littérature, art, philosophie ! Et qu’elle ne soit pas l’histoire éternelle d’un adultère bourgeois. Je veux faire du théâtre
moderne à la façon du théâtre ancien et du théâtre étranger – du théâtre littéraire enfin »… Il se défend de ne pas avoir eu de
plan : « non, non, dans le roman et le théâtre, personne plus que moi ne cherche peut-être aussi longtemps, une filiation des
scènes, une progression dans l’action, mais je cherche à ce qu’elle se produise d’une manière discrète, non voyante, qu’elle soit
sensible seulement aux gens, qui ont l’intellect délicat »… Ainsi dans
Manette
, « qu’à peu près toute la critique dit composée
“comme va je te pousse” l’explosion de la juiverie de la fin, est préparée, graduée, par l’aspect de la salle Barthelemy au
premier tableau, par la vision de la synagogue au troisième. […] Maintenant ce que je trouve d’inférieur dans la critique, c’est
qu’au lieu de pousser le public à l’amour d’un théâtre élevé, littéraire, c’est elle qui le renfonce dans la latrie du vaudeville »…
122.
Maxime GORKI
(1868-1936) écrivain russe. P.A.S., 5 septembre 1933 ; 1 page obl. in-12 sur papier quadrillé
(lég. taches) ; en russe.
300/400
Dédicace en russe de 2 lignes, avec date et signature de Gorki, « souvenir d’un déjeuner chez lui » (a noté Édouard Herriot
sur la chemise).