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6 août 1913
. Elle s’explique sur la discrétion demandée au sujet de sa mère : « elle n’aimait pas sortir de l’ombre, et voir sa vie
d’enfance dans un livre l’aurait effrayée. Moi aussi je suis comme cela. Vous devez me trouver bien froide, sinon ingrate, mais c’est
un affaire de tempérament. Voir mon nom imprimé m’est toujours pénible. J’ai donné ma peinture au public mais j’ai toujours
refusé ma personnalité et ma vie privée »… Elle rappelle que M. S
TILLMAN
n’a prêté ses tableaux que sous condition d’anonymat, et
que l’auteur de la photographie d’elle ne doit pas être nommé. Elle demande une autre correction, « car cela prêterait au sourire en
Amérique. Mon frère n’était pas un constructeur de chemins de fer. Il était le président d’une grande compagnie le Chemin de fer
de Pennsylvanie donc un administrateur » ; il a commissionné un tunnel sous-marin reliant New York au continent, et la fameuse
gare [Pennsylvania Station]… Autre erreur : « Je suis allée d’Anvers à Rome et c’est à Rome que j’ai peint cette tête, et c’est de là
que je suis revenue à Paris en 1874 pour y rester »… Elle aimerait lire de lui un livre sur P
ARMIGIANINO
, « un peintre que G
RECO
a
tant copié et qui est si peu connu. Si j’étais assez valide j’aimerais retourner à Parme pour revoir ses tableaux »…
Reproduction page ci-contre
24.
Mary CASSATT
. 2 L.A.S.,
Mesnil-Beaufresne par Mesnil-Theribus (Oise)
[été 1913 ?], au critique d’art Achille
S
EGARD
; 2 pages in-12 (deuil) et 3 pages in-8 à son adresse.
1.200/1.500
À
L
AUTEUR
DE
M
ARY
C
ASSATT
,
UN
PEINTRE
DES
ENFANTS
ET
DES MÈRES
(Ollendorff, 1913).
Samedi
. Elle l’attend mercredi, et enverra l’auto le prendre à Chars. « Trouvez-vous qu’il faut mettre
Miss
devant mon nom
pour votre livre ? Si j’étais un homme vous ne mettriez pas Monsieur. C’est seulement une suggestion, mais si vous demandez
M. Joseph D
URAND
-R
UEL
je crois qu’il serait de mon avis »…
Dimanche.
Elle a renvoyé son livre, après l’avoir donné à lire à M. de S
AILLY
, « qui a un goût litéraire et un jugement très sûr.
Il me l’a rapporté plein d’admiration pour l’écrivain et le critique d’art. […] il avait eu la même impression que j’avais eue en lisant
votre beau livre sur le S
ODOMA
. Que vous ayez fait un livre sur un petit peintre comme moi qui interresse comme un livre sur
un grand artiste de la Renaissance, me paraît un tour de force ». Elle a voulu lire ses autres livres, mais ils sont épuisés, et elle n’a
trouvé que
Le Mirage perpétuel
. La seule critique de M. de Sailly est « qu’il y avait trop sur ma famille dans votre livre. C’est sans
doute ma faute, je vous ai donnée trop de détails. Je dois avoir la visite le mois prochain d’une nièce de Monsieur D
EGAS
. Je ne sais
si je vous ai transmis leurs remerciements sur votre article sur leur oncle. Il va toujours le même, triste fin »…
25.
Mary CASSATT
. 2 L.A.S., septembre-décembre 1913, au critique d’art Achille S
EGARD
; 2 pages in-8 chaque à son
adresse.
800/1.000
Mesnil-Beaufresne, 14 septembre [1913]
. Elle le prie « de permettre la personne envoyée par la maison D
URAND
-R
UEL
de
prendre mon tableau chez vous. Je voudrais faire le peu qu’il y a à faire pendant mon séjour ici, où j’ai les modèles et la place pour
travailler »…
Villa Angeletto, Grasse 28 décembre 1913
. « Je reçois des lettres me disant que votre livre est écrit d’un style charmant. Je n’ai
pas reçu des articles de journaux dont vous me parlez. C’est si pénible pour moi de voir mon nom dans un journal. Mais j’espère
que le livre aura du succès après la peine que vous vous êtes donné. Nous avons eu un temps radieux ici, et avec le soleil qui nous
a tant manqué cet été »…
26.
Mary CASSATT
. L.A.S.,
Villa Angeletto, Grasse
21 janvier [1914], au critique d’art Achille S
EGARD
; 2 pages in-8
à son adresse.
800/1.000
« Je ne tiens pas à vendre
La Barque
, je voudrais garder pour les miens le peu qui me reste de mes tableaux. Mais je travaille,
j’ai rapporté pas mal de pastels de la campagne, et peut-être pas plus mauvais que ce que j’ai déjà fait. De ceux-là je n’ai rien, mais je
travaille ici et peut-être à mon retour à Paris j’aurai quelque chose qui peut vous plaire, et je me ferai un plaisir de vous l’offrire »…
27.
Mary CASSATT
. L.A.S.,
Villa Angeletto, Grasse
Lundi [23 novembre 1914], au critique d’art Achille S
EGARD
;
3 pages in-8 à son adresse.
1.200/1.500
B
ELLE
LETTRE
. Elle le remercie pour les deux exemplaires de luxe de son livre sur elle. « J’ai pu travailler cet été après près
de deux ans de repos forcé, cela change le point de vue. Je lirai avec grand plaisir votre livre sur M
ABUSE
mais j’avais espéré vous
intéresser dans un peintre jusqu’à présent peu connu et qui mérite de l’être, si ce n’est que pour l’influence qu’il a exercé sur le
G
RECO
. J’ai l’intention de retourner à Parme pour revoir les tableaux de P
ARMIGIANINO
. Le Greco a presque calqué des figures de lui,
et il me semble de montrer au jeune peintre d’aujourd’hui qu’on est l’enfant de quelqu’un est très nécessaire, vu leur prétention
d’avoir tout inventé ». Elle le remercie encore de son livre : « Je crois que vous avez été on ne peut plus indulgent pour moi. Quand
on revient à la vie après une longue absence on se demande si vraiment ce qu’on a fait vaut la peine. Mais on ne peut faire que son
mieux, et laisser le jugement à d’autres »…
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