Page 46 - Bodin 20 MAI 14.indd

Version HTML de base

44
122.
Pauline VIARDOT
. L.A.S. « Pauline », Paris
septembre [1839], à
SA MÈRE
; 4 pages in-8.
400/500
B
ELLE
LETTRE
À
SA MÈRE
AVANT
SES
DÉBUTS
À
P
ARIS
AU
T
HÉÂTRE
-I
TALIEN
.
Elle espère que sa mère pourra venir la voir à Paris cet hiver, « quand ce ne serait que pendant huit jours, au mois d’octobre ».
Elle tient une chambre à sa disposition… « Lolo resterait à Ixelles avec Bibique comme un gros garçon, Papa Joseph viendrait vous
chercher et au bout de dix à douze jours le château rentrerait dans son ordre accoutumé sans que l’on se soit seulement aperçu de
votre absence »… Elle regrette que Charles [de B
ÉRIOT
, son beau-frère] s’en aille quinze jours avant son début : « Quinze jours !
C’est bien vite passé – cela me donne la chair de poule à penser ! Ce sera peut-être moi qui ouvrirai le théâtre »… Mme P
ERSIANI
et
elle doivent assurer le répertoire jusqu’au mois de janvier en se relayant à tour de rôle, jusqu’à l’arrivée de Mme G
RISI
… Elle doit
dans un premier temps chanter
Otello
,
La Cenerentola
,
Le Barbier
,
La Nina
,
La Gazza ladra
, Suzanne dans les
Noces de Figaro
:
« Cependant je ne crois pas que tous ces ouvrages seront donnés »… Elle s’est rendue plusieurs fois au théâtre et a vu notamment
Lucia di Lammermoor
: Mme Thillon, qui reprend le rôle de Persiani, a « une jolie voix et une charmante figure. Le ténor
R
ICCIARDI
qui fait fureur dans les journaux étrangers a une très belle jambe »… Elle a vu
Mademoiselle de Belle Isle
d’Alexandre
D
UMAS
au Théâtre Français : « M
lle
M
ARS
y est sublime, et la pièce est ravissante d’un bout à l’autre – c’est la finesse et l’esprit de
Beaumarchais »… Elle a vu
Mathilde ou la jalousie
au Gymnase : « Léontine est admirable – elle fait de grands progrès »… Elle a
également assisté à la représentation du
Shérif
, le nouvel opéra-comique d’H
ALÉVY
, « dans lequel il y a de gentilles choses et que
M
me
D
AMOREAU
chante comme un ange » ; ainsi qu’à celle de
La Vendetta
, le nouvel opéra de R
UOLZ
, « qui a eu assez de succès –
D
UPREZ
y est superbe – Dieux quel beau talent que celui-là ! Je ne connais pas de voix ni expression qui arrive plus droit au cœur
que celles-là – plus je l’entends plus je l’aime »... Elle doit désormais travailler ferme jusqu’au début de ses représentations...
Reproduction page précédente
123.
Pauline VIARDOT
. 6 L.A., Saint-Pétersbourg et Moscou [janvier-avril 1853], à
SON
MARI
Louis V
IARDOT
;
29 pages in-8 sur papier fin à son chiffre couronné (une lettre incomplète de la fin avec petites corrosions d’encre).
2.000/2.500
B
ELLES
LETTRES
À
SON
«
BIEN
AIMÉ
L
OULOU
»,
VÉRITABLE
JOURNAL
DE
SES
SUCCÈS
EN
R
USSIE
À
S
AINT
-P
ÉTERSBOURG
ET
À
M
OSCOU
. La
plupart de ces lettres s’étendent sur plusieurs jours.
[Saint-Pétersbourg février]
. Louis vient de la quitter. Elle voudrait savoir si « tu es bien casé dans la voiture, et surtout si tu
as conservé ton bon courage jusqu’au bout »… On lui a finalement demandé de ne chanter que les 3 actes d’
Otello
: « c’est autant
de fatigue en moins ». La représentation a été très longue, avec plusieurs rappels : « Je n’ai pas chanté merveilleusement bien
mais enfin, ça aura été mieux que je ne l’espérais, d’après l’
envie
démesurée que j’éprouvais… de ne pas chanter. Mlle Spezia crie
comme deux aigles »… Elle donne des leçons à la Grande Duchesse Hélène, chez qui elle a aussi répété
La Prova
d’un operia seria
[de Francesco Gnecco] ; vivante relation de la répétition ; « R
UBINSTEIN
jouera la Marche funèbre de Chopin »… –
Mercredi 1 h. du
matin
.
La Prova
d’un operia seria
a rencontré un vif succès : « J’étais poudrée avec mes cheveux et tout le monde m’a trouvé jolie
comme un cœur
». L
ABLACHE
et elle ont été rappelés huit fois… Elle a répété
Le Prophète
… M. S
TIEGLITZ
lui a écrit un joli billet,
accompagné d’un bracelet [
DESSIN
] avec « quatre beaux gros grenats cabochons, entourés de petits diamants. C’est la pierre à la
mode ici » ; elle est allée dans le magasin pour connaître le prix : « 1700 francs ! Excusez ! Mais je veux pourtant le changer pour
une pierre d’une valeur comme dans tous les pays et qui ne soit pas sujette aux caprices de la mode »… –
27 février/10 mars
.
Le
Prophète
a été joué pour la seconde fois devant une salle comble : « Le succès a été encore plus grand que le premier soir pour moi.
M
ARIO
a été un peu moins mauvais mais son rôle est tout à fait effacé à côté du mien. J’ai été rappelée
21 fois
dans le courant de
la soirée. Franchement sans moi l’ouvrage tomberait à plat car tous les effets de masses et la plupart des accessoires indispensables
à l’opéra de M
EYERBEER
, tels que les patineurs, les danses, le soleil, l’orgue et les cloches sont fort mauvais. Tout le monde trouve
ennuyeux les actes où je parais peu. Le 3
ème
acte, le 2
nd
ici, n’arrache pas un seul applaudissement. Mais, en revanche, je te réponds
que les deux derniers font de l’effet. On pleure, on rappelle, on hurle »… Mario est « d’une nullité désespérante. Tout le succès
est pour moi et ses beaux yeux. La seule chose que l’on trouve à redire dans Fidès, c’est que j’ai l’air trop jeune ! Qu’y faire ! […]
On me trouve
trop à mon avantage
! »… Elle va écrire à M
EYERBEER
… T
OLSTOÏ
est venu la voir pendant un entracte… On donne le
lendemain les deux premiers actes de
Guillaume Tell
et un acte de
Due Foscari
de V
ERDI
avant de terminer par
La Prova
… Elle
s’inquiète de la fermeture des grands théâtres à Londres, et craint de se voir forcée de « courir les provinces au cachet !! »… Elle va
chanter «
Rigoletto
et demain
le Prophète
. Ce sera ma 22
me
représ
on
, en comptant les 3 bénéfices »…
25 mars
. Elle a fait fureur la
veille dans un concert privé avec le
Chacho Moreno
, « et les deux nouvelles romances russes qui ont été
bissées
avec frénésie »… Elle
va partir pour Moscou, mais le Théâtre brûle encore, et elle devra chanter dans la salle de la noblesse. Elle sera reçue dimanche par
l’Impératrice… –
Moscou 27 mars
. Elle donne le programme de son second concert… Elle fait la liste des objets circassiens qu’elle
a achetés, et le compte des frais de son concert. Elle fait le
DESSIN
de la broche de grenats et diamants que lui offre l’Impératrice,
d’une valeur d’un millier de francs. « Les 150 R. de ton fusil cédé à T
OURGUÉNIEFF
sont rentrés dans ma sacoche ». Le temps lui
semble long… Elle doit se rendre à une soirée de l’Impératrice… Son rhume qui tarde à se résorber l’a de nouveau forcée à remettre
un concert… Elle partira dimanche pour Saint-Pétersbourg. Elle a chanté à l’Assemblée « pour payer ma dette pour la salle. […]
J’ai donc chanté les Mazourkes, la leçon tyrolienne, et l’air russe nouveau. Il y a eu 6 rappels »… –
St Pétersbourg 16/28 avril.
Les
intempéries ont ralenti son voyage. Elle donne des détails sur son voyage de retour… Le concert des L
ÉONARD
au Théâtre Michel
s’est « frénétiquement passé. Comme toujours, comme partout, c’est moi qui ai eu les honneurs. […] La salle était bien garnie – le
public fou, à la lettre, dès que j’ai paru. J’ai chanté la cavatine du Barbier,
Lubilaia
et
Solovie
, répété, et les Chansons espagnoles
– plus l’air de D
ARGOMIJSKI
demandé par toute la salle » ; elle fait le compte des rappels à chaque morceau, « et
20
à la fin du
concert ! »… Nouveau succès « au grand concert pour les
pauvres honteux
», où elle a chanté 4 romances russes de Dargomijski…