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134.
Pierre Simon BALLANCHE
(1776-1847). L.A.S., jeudi matin, à Pierre-Jean D
AVID D
’A
NGERS
, de l’Institut ; 3/4 page
in-8, adresse.
100/120
« Madame d’H
AUTEFEUILLE
a un extrême désir de visiter votre atelier. Elle part samedi, pour la campagne. Il faudrait donc
que vous eussiez l’extrême bonté de me permettre de la conduire chez vous demain, vendredi, veille de son départ. […] Vous
comprendrez facilement que lorsqu’on habite la campagne, on désire faire provision de beaux souvenirs »…
135. [
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS
(1732-1799)]. P
OÈME
manuscrit,
Épigramme sur la Comédie du
Mariage de Figaro
, [1784] ; 1 page in-4.
800/1.000
R
ARE
TÉMOIGNAGE
D
ÉPOQUE
SUR
LA
CRÉATION
DU
M
ARIAGE
DE
F
IGARO
.
D’après la
Correspondance littéraire
de Grimm, Beaumarchais utilisa cette épigramme injurieuse (composée, disait-on, par le
chevalier de Langeac) pour servir le succès de sa pièce,
La Folle Journée ou le Mariage de Figaro
. Il l’avait fait imprimer et la fit
répandre depuis les loges des étages sur le parterre, lors d’une des premières représentations à la Comédie-Française, pour faire
croire à une manœuvre de ses adversaires. Le public avait déchiré les épigrammes, demandé la condamnation de l’auteur, et fait un
triomphe à Beaumarchais. L’épigramme compte 21 vers
« Je vis hier du fond d’une coulisse
L’extravagante nouveauté
Qui, triomphant de la police
Profane des Français le spectacle enchanté.
Dans ce drame effronté chaque acteur est un vice ; […]
Mais Figaro… Le drôle à son patron
Si scandaleusement ressemble,
Il est si frappant qu’il fait peur ;
Et pour voir à la fin touts les vices ensemble
Le parterre en chorus a demandé l’auteur. »
136.
Simone de BEAUVOIR
(1908-1986). L.A.S., [Paris 20.II.1970], à Emmanuel B
ERL
; 1 page et quart in-4, enveloppe.
200/250
Elle a été très touchée par sa lettre : « Comment ne pas citer
Sylvia
, livre que j’ai tout de suite beaucoup aimé, qui parle si bien
du vieillissement et du temps ? […] Je ne crois pas que Salomon et Monique Lange aient jamais parlé de Drieu à S
ARTRE
. En tout cas,
il n’en a aucun souvenir. Oui, nos chemins ont divergé, mais cela n’a jamais impliqué de votre part aucune hostilité personnelle »…
137.
René BENJAMIN
(1885-1948). 4 L.A.S., 1925-1937 ; 5 pages formats divers, une adresse.
100/120
Paris, 6 janvier 1925
, à F. Grenier à Angoulême : « Bravo pour Balzac ! Il méritait bien qu’on le choisît à Angoulême, ce grand
homme. Il a adoré votre ville »…
Le Plessis Savonnières 7 octobre 1931
, à un confrère : « je me suis payé l’autre jour, grâce à vous,
une pinte de bon sang ! Ah ! Cet article sur B
ENOÎT
Pierre, admiratif et féroce, où tout était dit, où rien n’était ménagé ! C’était fait
de main de maître. C’était exquis. Il a dû vomir une cuvette de bile »…
Paris 29 janvier 1937
, pour un rendez-vous : « Vous seul
saurez agir avec pertinence »…
Paris 11 juillet 1937
, protestant contre la malhonnêteté de la S.I.F.R.A., qui a perdu son dialogue, et
lui reproche de ne pas avoir réclamé assez tôt ce qu’on lui devait pour son travail perdu, « alors que nous réclamons aux uns puis
aux autres depuis six mois »…
138.
Emmanuel BERL
(1892-1976). M
ANUSCRIT
autographe,
Drieu La Rochelle
, [1954] ; 18 pages et demie d’un cahier
in-4 à spirale, couverture cartonnée rouge brique.
1.000/1.500
S
OUVENIRS
SUR
SON
AMI
P
IERRE
D
RIEU
L
A
R
OCHELLE
,
NEUF
ANS
APRÈS
SA MORT
, premier jet, avec ratures, corrections et béquets,
du chapitre qu’il lui consacrera dans
Présence des morts
(1956).
L’écrivain revient sur leur rencontre, leurs divergences de points de vue, puis la brouille qui les sépara. Jalonné d’éléments
biographiques, d’anecdotes sur le parcours et les rencontres de Drieu, jusqu’à son suicide, ce récit évoque longuement le poids de
son absence…
« Il y a des souvenirs – et ce sont d’ailleurs les plus nombreux, qui, sans devenir immuables comme celui de Mademoiselle
Juliette – lui opposent une résistance que le souvenir de Marguerite Grumbach ne lui oppose pas. Ils changent, avec les circonstances
et les humeurs ; mais ils gardent quand même des contours, une épaisseur que je ne peux pas leur retirer. Venise peut m’apparaître
grise, sous un ciel brouillé ; je revois le petit salon de l’hôtel Danieli, pareil à un salon de paquebot – et le fauteuil de cuir dans
lequel je me recroqueville ; les châles noirs des vénitiennes ajoutent encore à la tristesse entre l’eau qui coule et la pluie qui tombe.
Et je peux me rappeler aussi une Venise, pâmée de chaleur ; le soleil est si fort qu’une fois installé au café Florian, il me semble
impossible d’en bouger. […] Mais, étincelante ou terne, Venise reste liée pour moi à une solitude éblouie, qui me remonte à la
gorge dès que je me la rappelle […] À Proust, elle semble avant tout marine. […] De même il y a des morts qui ne deviennent ni
des gisants ni des elfes, et ne passent ni à l’état de statue, ni à l’état de vapeur. Mes rapports avec Drieu, par exemple, restent
déconcertants et instables, comme quand il écrit. Voici neuf ans déjà qu’il s’est tué. Bien avant sa mort, je croyais notre amitié