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morte. Nous avions cessé de nous voir ; plus exactement, il avait cessé de me voir. Je m’en étais chagriné, mais pas étonné. Il disait
toujours qu’il ne supportait personne longtemps. Il avait déclaré à Gide – qui le rapporte – n’avoir pas poussé plus de dix mois
une amitié, ni une amour. C’était d’ailleurs faux ; mais il arrivait à le faire croire, même à ceux qui savaient que c’était faux. En
fait d’ailleurs, notre rupture se produisit par accident, non par épuisement. Quand il publia
Rêveuse bourgeoisie
, j’avais critiqué
son titre […] C’était facile sans doute, ce n’était pas très méchant ; bien des fois nous nous étions dit des vérités plus dures. Mais
quand, à quelques jours de là, il se planta devant moi, raide comme au garde à vous, blanc de rage, ses yeux pleins de haine, et
qu’il me dit “C’est fini ! Je ne te pardonnerai jamais !”, je pensai “C’est une crise, elle passera vite”. Il fallut bien constater qu’elle
ne passait pas. Je crus alors lui avoir fourni, et maladroitement, un prétexte pour une rupture, décidée depuis longtemps. Il reste
vrai qu’à cette époque, Drieu se séparait de tous et que tout, de plus en plus, nous séparait »… Etc.
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139.
André BRETON
(1896-1966). L.A.S., Paris 21 mai 1955, à la romancière et peintre P
OUCETTE
, aux bons soins de la
Librairie Malherbe ; 1 page petit in-4, enveloppe.
1.000/1.500
B
ELLE
LETTRE
DE
FÉLICITATIONS
POUR
SON
ROMAN
L
ES
V
RAIES
JEUNES
FILLES
,
QUI
VIENT
DE
PARAÎTRE
(Gallimard, 1955) ; on joint un
exemplaire broché.
« Je regrette presque de m’être toujours montré un peu hostile à cette cérémonie qui est une signature de livre parce
qu’autrement j’aurais voulu être ici des premiers, mercredi, à vous accueillir, à vous complimenter.
Les vraies jeunes filles
: oui,
pour moi, elles s’expriment à travers vous et les fées qui vous ont dotée de votre exquise apparence s’entendaient à faire la plus fine
part du verre autour du parfum. Et je vous ai toujours trouvée émouvante comme la première anémone Sylvie, celle qui doit avoir
bien plus qu’une autre à se défendre et dont les tout premiers frissons nous sont de la rosée au cœur. C’est ainsi que j’ai aimé votre
livre,
le diamant de l’herbe
– comme disait Forneret – à tout jamais fauchée de ce quartier
des prés
qui me fut cher. C’est vous dire,
Poucette, combien je suis touché que vous vous soyez référée une fois ou deux à
Nadja
, mais croyez bien que ce n’est pas l’absence
de cela qui y eût changé quelque chose. Je vous souhaite tout le beau bonheur sinon lucide du moins clairvoyant à quoi vos yeux
visibles et intérieurs vous donnent droit et vous prie de me croire de tout votre cœur votre ami »…
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140.
Henri CALET
(1904-1956). L.A.S., 15 novembre 1948, [à Jean C
AYROL
] ; 1 page in-4.
150/200
« Vous parlez, à propos de mon livre [
Le Tout sur le tout
], de chaude fraternité – ce dont peut-être on a le plus besoin pour
vivre, en même temps que de l’eau, de la terre, et du pain… – C’est cela que je trouve dans votre lettre. Et j’en ressens un bien
grand plaisir, et un encouragement qui n’est pas – vous vous en doutez – inutile »...
141.
Louis-Ferdinand CÉLINE
(1894-1961). L.A.S. « Destouches », [juillet 1937, à son traducteur anglais John M
ARKS
] ;
1 page in-4.
700/800
À
PROPOS
DE
PROJETS
AVEC
SON
AMI
LE
DESSINATEUR
G
EN
P
AUL
. Il est question d’un texte biographique sur Gen Paul, rédigé en
anglais par Marks à partir de lettres de Céline et de ses aquarelles, que le traducteur vend à Londres. [
Lettres
, Pléiade, n° 37-24.]
« Vous êtes un ami merveilleux et fidèle. Mille reconnaissances pour le papier de Paul et les bonnes nouvelles que vous me
donnez au sujet de ses aquarelles. Il va vous faire tout de suite un autre envoi »… Céline évoque également leur projet d’illustration
de la revue
Night and day
fondée par Marks : « Paul est déjà en transe – Il a plusieurs merveilleuses idées de couvertures – C’est
entendu – Et notre
Mort à crédit
? [projet de traduction en anglais] Je pars à St Malo travailler, 6 semaines »… Il ajoute en marge :
« Le
N&D
semble à Paul joliment réussi. Il est surtout en extase devant votre splendide dessinateur. Impression impeccable.
Travail hors ligne ! Et l’humour ! Un triomphe je crois ! »
142.
Louis-Ferdinand CÉLINE
. L.A.S. « Louis Destouches », le 27 [novembre 1938, à son traducteur anglais John
M
ARKS
] ; 2 pages in-4.
800/1.000
A
PRÈS
L
’
ACCUEIL
FRILEUX
DE
M
ORT
À
CRÉDIT
EN
A
NGLETERRE
. [
Lettres
, Pléiade, n° 38-35.]
« Je vous voyais déjà dans les
Requêtes
! Et puis vous voir tout vaillant de retour de Londres ! Parfait ! Je n’ai pas grand espoir
sur l’avenir de
D. on I. Plan
[
Death on the Installment Plan
]. Le public anglais est assez rétif à ces histoires tristes. Vous le savez.
Il aime l’humour et particulièrement l’humour juif. Je serai bien content si j’en fais pour 100 £ que j’ai reçues de Ch. W. [Chatto
& Windus] ! N’oubliez pas de venir nous voir à Christmas ! Que faites-vous pour vivre ? Quel métier ? Pour ma part j’ai perdu
tous mes emplois, médicaux et autres à la suite de
Bagatelle
… Je suis à la recherche d’un petit emploi de remplacement.
Casse-Pipe
n’est pas fini hélas ! Loin de là ! G
EN
P
AUL
vous fait ses amitiés »…
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143.
François-René de CHATEAUBRIAND
(1768-1848). L.A.S., Paris 25 avril 1826 ; 1 page in-8 (rousseurs et petites
fentes).
150/200
« Au moment de quitter Paris, Monsieur, je me trouve dans l’impossibilité d’être utile au généreux projet de Mademoiselle
votre fille. Mais vous pourriez adresser votre demande au Président du Comité grec, M. Terneaux »…
O
N
JOINT
une L.A.S. d’Arthur M
EYER
concernant Lucien G
UITRY
.