68
181.
Jacques MARITAIN
(1882-1973). Tapuscrit,
À travers le désastre
, [1945 ?] ; 75 pages in-4 (copie carbone).
100/120
Tapuscrit complet de cette analyse de la défaite de 1940, publiée en 1941 à New-York, à la Maison française, puis
clandestinement à Paris, aux Éditions de Minuit, l’année suivante, et enfin publiquement, en 1945. Le tapuscrit porte cette
mention, au-dessus du lieu de l’édition : « Ce volume publié aux dépens d’un patriote a été achevé d’imprimer sous l’Occupation
nazie le 12 novembre 1942 »…
O
N
JOINT
le tapuscrit du récit de l’avocate Manon C
ORMIER
de son arrestation par la Gestapo, transfert à Bordeaux, déportation
aux camps de Lauban et Ravensbrück (10 p.).
182.
Camille MAUCLAIR
(1872-1945). L.A.S., [1928], à un confrère ; 7 pages petit in-4 à l’encre violette.
120/150
T
ÉMOIGNAGE
POUR
UN
HOMMAGE
COLLECTIF
CONSACRÉ
AU
PEINTRE
A
LBERT
B
ESNARD
.
Il se bornera à une lettre, ayant déjà consacré une longue étude à Albert B
ESNARD
, et de nombreux essais… Il évoque sa
rencontre avec lui, « sur les échafaudages de l’Hôtel de Ville, alors qu’il donnait les touches suprêmes à la merveille que vous
savez, le plafond des Sciences. Besnard est le peintre de la joie, de la santé, du luxe, du soleil, de la chair, des eaux lumineuses,
et l’incarnation magistrale de l’art français, le continuateur glorieux du XVIII
e
siècle, l’héritier de Boucher et de Frago. C’est
l’évocateur fervent de la vie heureuse, de la beauté évidente. Mais c’est aussi un penseur, autant que Rodin, Carrière, Degas
et Whistler, encore que différemment. Il a été le premier, il reste le seul, à pressentir l’art décoratif de l’avenir, la grande idée
du symbolisme et de la mythologie scientifiques, c’est-à-dire le remplacement de l’allégorie classique par ses personnifications
ornementales des éléments de la science. […] Mais voilà que je suis amené tout doucement à recommencer un dixième article ! Je
m’excuse et je m’arrête. Je préfère m’en tenir à cette simple remarque. C’est que Besnard nous a donné à tous une grande leçon en
art, et qu’il nous en donne encore une autre relative au caractère, en ayant attendu l’âge de cinquante ans pour faire sa première
exposition privée »…
183.
François MAURIAC
(1885-1970). T
APUSCRIT
avec
CORRECTIONS
ET
ADDITIONS
autographes,
Bloc-Notes
, 2 novembre
[1962] ; 7 pages in-4.
300/400
C
HRONIQUE
POUR
L
E
F
IGARO
,
ABONDAMMENT
RATURÉE
,
CORRIGÉE
ET
AUGMENTÉE
, parlant de la vieillesse et de l’écriture, de ses
Mémoires intérieurs
et, dans un passage supprimé, de M
ENDÈS
-F
RANCE
, D
E
G
AULLE
ET
L
’A
LGÉRIE
.
« Demain, ce seront les criailleries électorales, mais rien n’a commencé encore et je puis être attentif à moi-même ». Comme
si le métier l’exigeait, le candidat est un trompeur professionnel… Il supprime ce jugement sévère : « même les meilleurs, même
Mendès-France qui avait hier le front de ne rien accorder à de Gaulle, de ne rien inscrire à son actif ; et il est allé jusqu’à lui
reprocher d’avoir perdu tout ce temps en Algérie, comme si cet ancien président du Conseil n’était pas payé pour connaître la
hauteur, la largeur et la profondeur des obstacles contre lesquels tous les hommes politiques de la quatrième République s’étaient
brisés »… La politique l’a diverti, jadis ; aujourd’hui, elle ne lui fait pas oublier « ce dont rien à mon âge ne nous détourne » ; pour
échapper à cette « obsession », il lui reste la lecture. « De ce miel accumulé en moi, j’ai composé naguère le premier volume de mes
Mémoires intérieurs
. Pourquoi ne continuerais-je pas ? Je m’y efforce mais ce que je pouvais encore il y a trois ans, je ne le puis
déjà plus aujourd’hui. Si je n’avais la Foi, si je n’étais dans ce grand calme, dans cette paix, je serais une bête fascinée qui avance
irrésistiblement vers ce qui va l’engloutir. […] Mes
Mémoires intérieurs
que je continue de rédiger, je ne sais ce qu’ils deviendront,
mais ce dont je suis assuré c’est que mes lectures d’autrefois ne me serviront plus d’alibi. […] Je dénonçais les mensonges des
bateleurs de la politique : mais nous, les écrivains, qu’aurons-nous vendu, sinon des mensonges ? »…
184.
Catulle MENDÈS
(1841-1909). 8 L.A.S., 1904-1908, à l’éditeur de musique Henri H
EUGEL
; 9 pages in-8, 2 adresses.
150/200
B
ELLE
CORRESPONDANCE
SUR
SON
TRAVAIL
DE
LIBRETTISTE
.
18 février
1904
.
« Hélas ! Oui, mon ami, notre rêve est évanoui. Il
faut donc nous en tenir à la stricte nécessité. Je viens d’écrire à P
ADEREWSKI
que
Çakountala
est à sa disposition »…
1
er
mai,
à
propos d’
Ariane
, opéra de M
ASSENET
(qui sera créé en 1906) : « j’ai fait entendre mon petit ouvrage à notre excellent ami. Il a paru
extrêmement content. Le manuscrit est entre ses mains. Et voilà une affaire close »…
4 novembre
: « Voilà qui est bien convenu.
Je ne me mêle plus de rien. Je me livre à vous, pieds et poings liés. Tout ce que vous ferez sera bien fait. Mon seul chagrin, c’est
que M
ASSENET
ne puisse pas me faire encore connaître quelques pages au moins d’une œuvre que je pressens si tendre, si forte et si
haute »…
[1905 ?]
Il a entièrement fini
Scarron
: « Mais, de grâce, ne le dites à personne, pas même à vous ». Dès son retour à Paris,
il commencera le scénario du
Pays
du Tendre
: « Déjà beaucoup d’idées m’ont traversé l’esprit, assez vives et joliettes »…
[9 juillet
1906]
, pour le choix du compositeur d’un opéra : « M
ESSAGER
, – ne nous le dissimulons pas, admirable technicien, est à l’heure
actuelle une fauvette artificielle, un peu usée, – qu’il faut un gosier vigoureux pour chanter Pierre ! ». Il aimerait faire appel à
Xavier L
EROUX
…
[13 décembre 1908].
« Puisque tout est rabiboché –et que la suite, évidemment, nous sera de plus en plus favorable
– je voudrais bien que le traité avec Reynaldo [H
AHN
] fût signé. Je crains, non sa paresse – il travaille ferme quand il veut – mais
sa mondanité »… – Rendez-vous pour lui remettre le premier tableau d’une œuvre « assez long, fini, parachevé et
chic
»… – Envoi
d’épigraphes pour une partition… O
N
JOINT
un envoi a.s. à Édouard Lockroy sur couv. de
La Grive des Vignes
(1895).