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187.
Henry de MONTHERLANT
. M
ANUSCRIT
autographe,
Réponse à Paul Morand sur “la vitesse”
, [novembre
1927] ; 4 pages in-4.
200/300
Réponse à un article de Paul M
ORAND
dans
Comœdia
(
Et vite !
, 10 novembre 1927), à propos d’
Aux fontaines du désir
(1927)
;
la réponse de Montherlant sera publiée dans
Comœdia
le 15 novembre 1927. Montherlant conteste l’exaltation de Morand pour
« la vitesse
en soi
. Le concept de vitesse a la même vulgarité que le concept de nombre, et fait avec lui une figure d’une grande
bassesse en face du concept de qualité. Quant à la griserie de la vitesse, c’est une sensation fort grossière. Quelqu’un de raffiné ne
l’éprouve pas sans sentir qu’il s’encanaille » ; la vitesse est « à la portée de tous les mufles »…
O
N
JOINT
un premier brouillon,
Réponse à Morand
(2 pages, la première entièrement biffée).
188.
Henry de MONTHERLANT
. M
ANUSCRIT
autographe,
Fils de Personne
, [1943] ; titre sur f. cartonné et 87 pages
in-4 (lég. mouillures à qqs ff.).
7.000/8.000
M
ANUSCRIT
COMPLET
DE
CE
DRAME
en 4 actes, créé le 18 décembre 1943 au Théâtre Saint-Georges, dans une mise en scène de
Pierre Dux, avec Henri Rollan dans le rôle de Georges Carrion, Michel François dans celui de Gilles Sandoval (Gillou), et Suzanne
Dantès en Marie Sandoval.
« La scène se passe à Cannes, durant l’hiver 1940-1941. Georges Carrion, un avocat, a retrouvé par hasard un fils qu’il a eu
jadis mais n’a pas reconnu, et la mère de cet enfant. Carrion s’est enthousiasmé pour ce fils retrouvé, Gillou. Mais entre le père et
le fils, des heurts se produisent bientôt. Gillou n’est pas de bonne qualité. […] Gillou ne “suit” pas. C’est un médiocre. […] La mère
argumente, mais elle n’est guère propre à ce rôle de conciliatrice. Elle veut partir pour le Havre, afin d’y rejoindre un certain Roger.
Carrion devine cette raison qu’on lui a cachée. Il demande à son fils de rester avec lui. Mais Gillou ne répond pas. Désormais, il
est trop tard. Gillou sera sacrifié. […] Fils de la femme ? Non, fils de personne » (Henri Perruchot).
Pierre Sipriot a consacré un intéressant chapitre de sa biographie de Montherlant à
Fils de personne
. « À l’origine de
Fils de
personne
, il y a un roman de deux cents pages que Montherlant a voulu publier en 1942. Mais ce
Père et fils
est le journal de sa vie
difficile avec la famille N. à Nice en 1940 et 1941. C’est un terrible aveu qui risque d’être une tache sur sa vie, pis, une humiliation.
Montherlant ne veut pas être confondu avec ce père trop sensible et qui se laisse aller à des élans d’amour pour un enfant.
Fils
de personne
tient à cœur à Montherlant. C’est son histoire, mais il l’a transformée pour n’être pas reconnu. […] Montherlant tient
à cette pièce plus qu’à toutes les autres, car il y fait son propre procès, mais c’est moins lui que Montherlant incrimine que les
mères en proie à la sophistication uniprix et qui n’aiment que les enfants qui restent près d’elles » (Pierre Sipriot,
Montherlant
sans masque
).
Le présent
MANUSCRIT
DE
TRAVAIL
, à l’encre bleu noir, a été donné à la dactylographie (comme l’indiquent les notes en tête
de chaque acte) ; il reste très lisible, malgré les
NOMBREUSES
ET
IMPORTANTES
ADDITIONS
(à l’encre ou crayon, dans les marges ou les
interlignes), les
RATURES
ET
CORRECTIONS
, les passages biffés, et quelques béquets collés. Il présente de nombreuses
VARIANTES
avec
le texte publié. Il est ainsi découpé :
Acte I, 19 pages. « Un studio dans la villa meublée occupée par Marie Sandoval. La fin d’octobre. Après-dîner. Lampes
allumées ».
Acte II, 19 pages, avec des pages 7
bis
(7 v°), 9
bis
, 10
bis
(10 v°). « Un mois plus tard (fin novembre) ».
Acte III, 24 pages. « Un mois plus tard (début de janvier) ».
Acte IV, 19 pages, avec une page 2
bis
(2 v°). « Trois semaines plus tard (fin janvier) ».
Une quinzaine de pages sont écrites au verso du manuscrit de premier jet, réutilisé ; d’autres au dos de lettres de mars
1943 adressées à Montherlant, notamment de revues ou journaux : R. Cardinne-Petit (
Panorama
), Maurice Laporte (
Actu
),
Aujourd’hui
,
La Page
, Yves Gandon (26 février), éditions Pierre Tisné, Société des Gens de lettres ; d’autres enfin au dos de
feuillets dactylographiés. On relève aussi sur les versos quelques petites notes de travail ou esquisses.
En fin, un feuillet recto-verso porte le titre primitif, qui deviendra le sous-titre :
Plus que le Sang, drame en 4 actes
; ce sont
deux pages de notes : « Observations », sur le minutage des actes (soit, avec un entracte, 1 h 45) : « Il faut donc un lever de rideau,
qui sera sans doute
Pasiphaé
»… ; et « Questions » témoignant de son souci de clarté, sur la situation irrégulière du ménage, l’enfant
non reconnu, le caractère du fils finalement jugé indigne par le père. « Ne faut-il pas renforcer les traits de “mauvaise qualité” de
Gillou, tout le long de la pièce ? Le public (si peu exigeant sur cet article) n’y verra-t-il dans l’état actuel que des gosseries sans
importance, qui rendent odieux et quasiment incompréhensible la décision finale de Georges (laquelle doit être rigoureuse, mais
non odieuse ; et compréhensible) ? »… Etc.
189.
Henry de MONTHERLANT
. M
ANUSCRIT
autographe, [
En revenant de la Bibliothèque nationale
, 1955 ?] ;
13 pages de formats divers la plupart au dos de lettres à lui adressées.
150/200
Manuscrit de travail, présentant d’abondantes ratures et corrections, et une pagination non continue (1-8, une non chiffrée,
13-17). Cet essai, recueilli dans
Le Fichier parisien
(1974), se compose de souvenirs nostalgiques de la Salle Labrouste à la
Bibliothèque Nationale : son public hétéroclite, la « puanteur de l’intelligence », les in-folios, les fraudes aux cartes, quelques
lecteurs de marque : Bergson, Halévy, Bourges… Anecdote personnelle : un gardien, « gazé de guerre quatre vingts pour cent », le
surprend allumant une cigarette dans la cour… Les dernières lignes manquent, complétées par le texte imprimé collé.