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190.
Henry de MONTHERLANT
. M
ANUSCRIT
autographe (incomplet de la fin), [
Sur le Quichotte
, 1961] ; 10 pages
in-4 au dos de correspondance à lui adressée et de fragments tapuscrits du
Cardinal d’Espagne
, béquets.
200/300
Article sur
Don Quichotte
et la faiblesse de certaines grandes œuvres, paru dans
Les Nouvelles littéraires
du 31 mai 1962, et
recueilli dans ses
Essais critiques
(Gallimard, 1995). Ce manuscrit de premier jet très retravaillé, présentant des passages supprimés
et ajoutés et de nombreuses corrections, fut donné à dactylographier. Manque le dénouement (probablement une seule page
manuscrite). « Les esprits neufs qui prennent contact avec les œuvres dites classiques doivent être mis en garde contre deux
attitudes : le dénigrement systématique et surtout le respect systématique. […] Ces deux attitudes sont d’autant plus attirantes
dans une époque où la pensée systématique – d’unir ces deux mots qui s’excluent – est quasi la seule qui soit honorée, où la pensée
objective est tenue pour méprisable ou scandaleuse »…
191.
Henry de MONTHERLANT
. M
ANUSCRIT
autographe,
En marge de “La Guerre civile”
, [1965] ; 1 page grand
in-fol. avec ratures et corrections, au dos de fragments de circulaires ronéotées.
150/200
R
ÉFLEXIONS
SUR
LE
SUICIDE
, après la lecture du premier livre de Gabriel M
ATZNEFF
,
Le Défi
… « Matzneff veut que le suicide
soit toujours, en fin de compte, un acte de vaincu. Il y aurait beaucoup à dire. Oui ? Non ? Ç’a dû être un sujet d’école, à Rome,
autrefois. De magnifiques palabres, tout en s’empiffrant, et parfois en se tuant au petit matin. Je suis pour le non. Il me semble
que le suicide est, essentiellement, un défi »…
192.
Paul MORAND
(1888-1976). 4 L.A.S., 1948-1975, à Emmanuel B
ERL
; 9 pages formats divers, 2 enveloppes.
1.200/1.500
C
ORRESPONDANCE
AMICALE
,
AVEC
UNE
LONGUE
LETTRE
SUR
SON
J
OURNAL
INUTILE
.
Vevey 6.IX.1948
, demandant une lettre de recommandation « pour ton beau-frère argentin, en faveur d’un vieil ami, Jean
B
URNAY
, conseiller d’État, qui part à B.A. [Buenos Aires] représenter le B.I.R. (le Bureau International des Réfugiés) ». Il voit
Pierre F
RESNAY
« qui tourne au G
d
S
t
Bernard, et Yvonne qui l’attend au pied de torrents déchaînés ». Il ajoute : « Les
Asiatiques
ont soulevé ici un enthousiasme général.
Noé
[de Giono], beaucoup moins »…
23/2/1952
. Il donne le détail, fixé avec son épouse
Hélène, de leur voyage d’une semaine en Espagne ainsi que l’hôtel où Berl pourra les rejoindre à Montpellier ; ils prévoient de
visiter Barcelone, Saragosse, Madrid…
Paris 31.XII.1974
. Il approuve l’idée de F
ALLOIS
de « renouveler, avec toi, le
Livre de poche
»…
« À moi aussi, les escaliers font peur ; je peux les monter, non les redescendre ; c’est pourquoi je ne viens plus sonner à ta porte.
Pense bien à moi ; la vie est difficile au grand âge ; tu n’y es pas encore, tu as du temps devant toi. Hélène souhaite me
libérer
(dit-elle), sans se rendre compte que son fantôme sera plus lourd que sa présence, qui, malgré tout, m’est plus chère que ma vie. Je
t’embrasse ; je ne t’oublie pas ; personne ne t’oublie ; ton influence est partout »…
9.X.1975
. Longue lettre au sujet de la publication
posthume de son
Journal inutile
: « Je n’aime pas choquer mes contemporains ; aussi, dans mon
Journal inutile
(titre emprunté à
Figaro) j’ai eu plaisir à écrire que j’ai, à la fois, chagrin et grande joie, à voir l’emporteuse vaincue. Je suis trop vieux et trop bête
pour entamer, si je le dis publiquement, une polémique, qui choquera. Je t’entends me répondre : pourquoi t’en cacher ? Il y
avait là matière d’une œuvre intéressante, que tu n’as pas donnée, avec ta paresse habituelle ? Tout ceci pour répondre au
petit tas
de secrets
de Malraux »… Hélène lui avait demandé, peu avant sa mort, de détruire les carnets de notes qu’elle avait tenus. Cette
dernière volonté souleva en lui des doutes sur sa propre démarche : « Le temps de la séparation est venu. Sans avoir rien décidé.
J’ai finalement tout envoyé, sans jamais relire, à la Bibl. N
le
, me disant : si qq chose a gardé de l’intérêt, cela verra le jour ; sinon,
que tout cela aille au diable ! […] Bref, je m’en suis remis à l’an 2000 de décider. Tu me connais assez pour penser que ce n’est pas
par amour et considération de ma personne que j’ai tout gardé, même contre l’avis d’Hélène. Alors, pourquoi ? »… Il évoque le
cas de G
IDE
qui « ne croyait pas à la postérité ! Tout son
Journal
est écrit en y pensant. Le meilleur de lui, dans ce domaine, et ce
qui restera sera le
Journal de la petite dame
, qui, elle, n’y pensait pas »… Il termine en félicitant Berl pour le prix Marcel Proust…
Il ajoute une réflexion sur les notes de V. H
UGO
et
les Contemplations
: « je comprends mieux cette œuvre sublime en les éclairant
par la lecture et le déchiffrement de ces notes »…
193.
Louis NUCÉRA
(1928-2000). M
ANUSCRIT
autographe,
Un Boudard Casanova
,
[1983] ; 3 pages in-4.
400/500
A
RTICLE
SUR
LE NOUVEAU
LIVRE D
’A
LPHONSE
B
OUDARD
,
L
E
C
AFÉ
DU
PAUVRE
(La Table Ronde, 1983), histoire d’un soldat miséreux
au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Le manuscrit, avec quelques ratures et corrections, est accompagné de sa dactylographie
corrigée.
« Le nouveau Boudard est arrivé. Ce n’est pas un mince événement pour qui a le goût de ces écrivains qui n’ont fréquenté
qu’une école, celle de la vie, et, partant, celle de leur propre expérience… Des enfants trouvés de la littérature, en quelque sorte…
Ce qui nous change des esprits perclus d’idéologie, infatués et fervents de leur certitude qu’ils élèvent comme un Sacrement. […]
Le Boudard 83 est polisson. Le voilà, en caleçon kaki, la gloire pour bagage, qui abandonne l’armée après une campagne des plus
honorables, lui qui ne trouverait pas sa vareuse s’il fallait y accrocher des médailles. […] on ne sort pas indemne du guignol épique
et sanglant des champs de batailles »…