Page 20 - cat-vent_ader21-02-2013-cat

Version HTML de base

18
32.
François-René de CHATEAUBRIAND
(1768-1848). M
anuscrit
autographe signé,
Le Naufrage
, [1831] ; 3 pages
in-4 (petite déchirure au pli central du bifolium renforcé au papier gommé, avec petits manques touchant la lettre
finale de 3 lignes).
5.000/6.000
B
eau
poème
dédié
à
M
adame
R
écamier
,
et
inséré
dans
les
M
émoires
d
outre
-
tombe
.
[Ce poème de neuf quatrains a été envoyé à Madame R
écamier
de Genève le 9 juin 1831 avec ce commentaire : « Enfin, voilà
mes vers. Vous êtes mon
étoile
et je vous attends pour aller à cette île enchantée où je dois vivre auprès de vous [...] Il faut un
marin pour lire les vers et les comprendre. [...] Votre intelligence suffira aux dernières strophes et le mot de l’énigme est au bas »...
Comme l’a noté M. Levaillant, Chateaubriand y développait en vers une idée formulée dans une lettre du 5 mai 1829 : « Je sortirai
de Rome pour entrer à l’hôpital. Malheureusement mon édition complète est vendue, ma cervelle vide et ma santé altérée ; mais
aussi j’ai moins de chemin à franchir dans la vie pour arriver au bout, et je n’ai pas besoin d’embarquer tant de provisions sur
un vieux vaisseau prêt à faire naufrage »... Il fut publié en 1832 dans
Paris ou le Livre des Cent et Un
, t. VIII (p. 393-396), avec
le sous-titre : « Vers adressés à Mme Récamier ». Chateaubriand l’a repris dans les
Mémoires d’outre-tombe
(livre XXV, chap. 6).]
Le manuscrit porte en fin la
dédicace
 :
« à Madame Récamier. Chateaubriand ».
La première strophe est très corrigée et raturée :
« Rebut de l’aquilon, échoué sur le sable,
Vieux vaisseau fracassé dont finissoit le sort
Et que dur charpentier, la mort impitoyable
Alloit dépecer dans le port ! […]
Ce vaisseau c’est ma vie, et ce Nocher moi même. [...]
Un astre m’a montré sa lumière que j’aime [...]
Cette étoile du soir qui dissipe l’orage,
Et qui porte si bien le nom de la beauté,
Sur l’abyme calmé conduira mon naufrage
A quelque rivage enchanté.
Jusqu’à mon dernier port, douce et charmante étoile,
Je suivrai ton rayon toujours pur et nouveau ;
Et quand tu cesseras de luire pour ma voile,
Tu brilleras sur mon tombeau ».
33.
François-René de CHATEAUBRIAND
(1768-1848). L.A., Fontainebleau 7 novembre 1834, à
sa
femme
la
Vicomtesse de C
hateaubriand
à Paris ; 3/4 page in-8, adresse.
500/700
« Encore deux jours, chère amie, et je t’embrasserai. Attends moi donc Lundi et si par hazard j’avois tout vu avant, tu pourrois
bien me voir arriver plutôt. Je suis inquiet de ta semaine, de toutes tes tribulations et surtout de ta santé. Le voyage comme
toujours m’a fait un bien infini. »
34.
François-René de CHATEAUBRIAND
(1768-1848). L.A., Thibouville mercredi 17 [août 1836], à
sa
femme
la
Vicomtesse de C
hateaubriand
à Paris ; 1 page in-8, adresse autographe.
500/700
S
éjour
à
T
hibouville
auprès
de
M
adame
R
écamier
. Il est arrivé « bien portant et par le plus beau temps du monde. Je vais
aller maintenant à travers les prairies, voir les hôtes de la chapelle S
t
Éloi [Mme Récamier]. Je t’embrasse. Je t’ai écrit d’Évreux où
j’ai couché hier, par la Diligence »…
35.
François-René de CHATEAUBRIAND
(1768-1848). L.A., Chantilly 3 novembre 1837, à
sa
femme
la Vicomtesse
de Chateaubriand à Paris ; 1 page et demie in-8, adresse, cachet cire rouge (brisé).
1.000/1.200
Il est désolé que le retard dans son courrier l’ait inquiétée. « Je n’écrivis pas tous les jours, car je n’ai absolument rien à te
dire, mais je t’écrirai assez souvent pour que tu ne te tourmentes pas. Songe que je suis à deux pas de toi, que si j’étois souffrant
Hyacinthe [Pilorge, son secrétaire] t’ecriroit et que dans tous les cas je t’aurois rejointe dans quatre heures. Nous avons eu ici hier le
coup de vent des Morts. Aujourd’hui il fait un temps superbe mais j’ai toujours bien peur que tu ne te fasses mal avec ton Octave.
Je te quitte pour travailler. Je t’embrasse tendrement. »
36.
Jean COCTEAU
(1889-1963). L.A.S. « JC », Piquey par Arès (Gironde) 4 août 1923, à Francis G
érard
 ; 1 page in-4,
enveloppe.
300/400
Il était malade : « Publier à longue portée donne une secousse chaque fois très profonde et très pénible. Il y a en nous un
animal qui préfère l’immédiat. Je me repose. Je ne travaille pas. Je n’aime pas le travail. Mais le travail m’aime. Tout le drame
est là ! »... Il fait un aveu concernant
Plain Chant
 : « Il s’agissait d’avoir l’air comme les autres et de ne leur ressembler en rien.
Le dernier scandale, c’est d’être invisible »... Il conseille d’éviter « la mode qui n’a pas l’air d’être la mode. La pire de toutes ».
Il demande des nouvelles de la revue
L’Œuf dur
, et de Pascal P
ia
 : « Je l’aimais beaucoup. Il venait me voir souvent avant de
disparaître. Est-il malade ? Sa santé m’inquiétait toujours »...