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64.
Ernest FEYDEAU
(1821-1873). L.A. (minute), 22 octobre 1856, à Victor H
ugo
 ; 1 page et demie in-4.
120/150
Lettre destinée à accompagner l’envoi de son
Histoire des usages funèbres
... « c’est vous, M
r
qui avez inspiré, en très-grande
partie, ce livre, fruit de dix années d’études. Alors que, tourmenté du désir de créer une œuvre utile et sérieuse, je cherchais,
un peu à tâtons, ma route, sans la rencontrer, la lecture de trois admirables chapitres de
N.D. de Paris
me révéla l’existence d’une
science que ni le public, ni moi ne connaissions guères [...] l’archéologie devint pour moi, non plus la stérile histoire des pierres,
mais l’histoire la plus intime des hommes »... Etc.
Ancienne collection Daniel S
ickles
(XV, 6345).
65.
Gustave FLAUBERT
(1821-1880). L.A., [Croisset] Dimanche soir [« 4 octobre 1846 » de la main de Louise Colet],
à L
ouise
C
olet
 ; 4 pages in-4.
10.000/12.000
B
elle
et
curieuse
lettre
amoureuse
à
L
ouise
C
olet
,
des
débuts
de
leur
liaison
.
Il envoie à Louise Colet la lettre pour son ancienne maîtresse Eulalie F
oucaud
(la voluptueuse séductrice du jeune Flaubert à
Marseille en 1840)... « Je voudrais être là, à Paris près de toi et effacer par un baiser chaque pli triste qui viendrait sur ton front en
la lisant. Car j’ai peur que tu ne t’en chagrines encore. J’ai obéi au mouvement d’écrire à cette femme. Ai-je bien fait de le suivre
je n’en sais rien. [...] Cette idée m’est venue. J’y ai cédé voilà tout. Si tu ne me blâmes pas j’aurai eu raison ; si tu me reproches
cela j’aurai eu tort. Tu me diras franchement, amour, l’effet qu’elle t’a produit. J’ai écrit ça tout à l’heure assez vite. En la relisant
je viens de m’appercevoir qu’elle avait une tournure assez dégagée et que l’ensemble était d’un
chic
assez ferme. Cette créature là
n’avait pas pour elle, une très grande intelligence, mais ce n’était pas là ce que je lui demandais. Je me rappellerai toujours qu’elle
m’écrivit un jour automate ottomate ce qui excita beaucoup beaucoup mon hilarité (expression parlementaire). À part les moments
purement mythologiques je n’avais rien à lui dire. Au bout de 8 jours que nous eussions vécu ensemble j’en aurais été assommé.
Tout le monde n’est pas toi. Car toi tu as pour attirer les gens des charmes secrets dont ils ne se doutent pas. [...] Tu me donnes
de l’orgueil. Je ne vois pas, partout où je tourne les yeux, un homme aimé par une femme telle que toi. Moi qui ne me croyais
pas fait pour inspirer de passion sérieuse, je suis si bien démenti par toi que je deviendrais fat et sot si tu ne me laissais encore
un peu de bon sens ».
Flaubert dit qu’il s’est « enlaidi » depuis dix ans. « J’avais une distinction de figure que j’ai perdue, mon nez était moins gros
et mon front n’avait pas de rides. Il y a encore des moments où quand je me regarde je me semble bien mais il y en a beaucoup où
je me fais l’effet d’un fameux bourgeois. Sais-tu que dans mon enfance, les princesses arrêtaient leurs voitures pour me prendre
dans leurs bras et m’embrasser ». Et Flaubert de raconter comment il fut embrassé par la duchesse de B
erry
.
Aurait-il été un bon père ? « Mais à quoi bon faire sortir du néant ce qui y dort ? Faire venir un être c’est faire venir un
misérable ». Et il cite Job, un des plus beaux livres qu’on ait faits. Il s’est nourri de la Bible : « Pendant plus de trois ans je n’ai
lu que ça le soir avant de m’endormir ». Il a entrepris des « choses assez longues ». Il avoue avoir « toujours peur d’écrire », et
éprouver « avant de commencer une œuvre une espèce de terreur religieuse et comme une appréhension d’entamer le rêve [...] Et
puis l’imagination est plutôt une faculté qu’il faut, je crois, condenser pour lui donner de la force, qu’étendre pour lui donner de
la longueur. Paillettes d’or, légères comme de la paille et volatiles comme la poussière, mes idées ont plutôt besoin d’être mises à
la presse que passées au laminoir ».
Puis Flaubert cite le voluptueux poème que Louise Colet a consacré à leurs amours à Mantes :
« Ô lit si tu parlais [...]
Ton flanc [...]
Pressait ma gorge ronde et ferme
Où brille un bouton de carmin
Ton bras enlaçait ma ceinture
Ton cou vers mon cou se tendait
Et ta lèvre embaumée et pure
A ma lèvre se suspendait
Deux langues dans la même bouche
Mêlaient d’onctueux lèchements
Nos corps unis broyaient la couche
Sous leurs fougueux élancements ».
Et il ajoute : « Ce sont là des vers émouvants et qui remueraient des pierres à plus forte raison moi. – Bientôt nous
recommencerons n’est-ce pas à nous jeter le défi de nous assouvir. Patiente un peu. Moi je m’impatiente. Adieu. Mille morsures
sur ta bouche rose »...
Correspondance
(éd. J. Bruneau), Bibl. de la Pléiade, t. I, p. 374. Ancienne collection Daniel S
ickles
(X, 3620).
66.
Gustave FLAUBERT
(1821-1880). L.A.S. « G. », Mercredi 1 h. [« 22 décembre 1852 » de la main de Louise Colet],
à L
ouise
C
olet
 ; 2 pages et demie in-8, enveloppe.
4.000/5.000
B
elle
lettre
de
conseils
littéraires
à
sa maîtresse
.
Flaubert va aller à Rouen s’occuper d’un buvard pour Louise. Il lui conseille de rester tranquille face aux avances de
R. [V
illemain
, que Flaubert et Louise surnommaient Riquet à la houppe]. À propos du poème de Louise Colet
La Paysanne
,
Flaubert se montre très exigeant quant à la perfection du style, de même que B
ouilhet
. Il discute et corrige certaines expressions.