Page 54 - cat-vent_ader21-02-2013-cat

Version HTML de base

52
117.
Joseph de MAISTRE
(1753-1821). L.A.S., Turin 17 janvier 1820, à R
usand
, imprimeur-libraire à Lyon ; 2 pages in-4,
adresse, cachet cire et marque postale.
500/700
À
propos
de
son
livre
D
u
P
ape
.
Il a bien reçu « les deux exemplaires très-élégamment reliés » et en a présenté un à S.M. le Roi de Piémont... « l’autre sera
dans deux ou trois jours entre les mains de S.S. » le Pape... Il espère que l’ouvrage réussira : « Le succès seul pourra me déterminer
à tenter d’autres aventures. En attendant, Monsieur, vous êtes libre de répandre mon Pape à foison. Je lui souhaite bon voyage et
bonne fortune ». J. de Maistre est heureux de ses relations avec Rusand : « Malgré les séductions de la Capitale si je me détermine
à quelque nouvelle fredaine je n’aurai pas d’autre complice que vous ». Il lui demande un livre d’heures jésuite,
Willemi Nakateni
Soc. Jes. Cœleste Palmetum
...
Ancienne collection Benjamin F
illon
(n° 1141).
118.
Prosper MÉRIMÉE
(1803-1870). L.A.S., Cannes 20 novembre [1866, à la comtesse Sophie de B
eaulaincourt
] ;
4 pages in-8.
1.000/1.200
J
olie
lettre
galante
,
disant
son
admiration
pour
B
ismarck
.
« Vivent les petits souliers gris et leur contenu. Je suis de l’avis d’une dame anglaise de mes amies, qui disait qu’elle était très
particulière autour des bas et des souliers. Mais ce n’est pas par les pieds seulement Madame que je vous admire et vous aime, c’est
parce que vous êtes
aigre
ainsi que vous me faites l’honneur de me le dire. Je ne hais rien tant que les gens qui prennent tout en
douceur. J’aime de la vigueur dans l’amitié comme en toute chose, et lorsqu’on n’est pas susceptible en cette matière, c’est qu’on ne
sent rien, et qu’on a le cœur placé à droite. Entre nous il me semble que ce changement est assez commun par le temps qui court »…
Mérimée regrette de ne pouvoir envoyer d’œillets ; « il n’y en a plus guères, et ils ne supportent ni le voyage ni l’emballage ».
Il a cherché des
arums
, « une fort sotte fleur, sans parfum, et n’ayant d’autre propriété que de faire mal aux yeux si on se les frotte
après l’avoir touchée, mais elle a un air étrange qui la classe tout de suite hors de la série des plantes vulgaires » ; et Mérimée en
fait un petit
dessin
.
« Il ne faut pas dire du mal des personnes qu’on ne connaît pas. Vous accusez les lorettes de ne pas faire cas des beautés de
la nature. Cela n’est pas exact, permettez moi de vous le dire. J’ai connu dans ma jeunesse des rats qui préféraient dîner très mal
sous la verdure, dans un champêtre cabaret, qu’à Paris dans le meilleur restaurant. C’est une disposition que je crois naturelle
et qui s’égare dans la canaille, ou qui se perd dans l’aristocratie. Mais comme l’appréciation des beautés naturelles est très bien
portée, rien n’est plus drôle que d’entendre les belles dames parler de la baie de Naples ou de la campagne de Rome, comme elles
parleraient d’un chapeau ou d’un jupon à la mode. Le malheur de ce temps-ci c’est l’hypocrisie. Chacun se prétend autre qu’il n’est,
pensant se faire valoir, et c’est presque toujours le résultat contraire qui a lieu ».
Il en vient à M. de B
ismarck
 : « D’abord j’aime en lui le grand homme. Ensuite je le crois nécessaire. Il s’est donné tant de
peine pour persuader à son crétin de roi qu’il était l’élu de la providence pour l’unification de l’Allemagne, que le dit crétin exalté
par le succès est capable des plus grandes témérités. M. de Bismark qui a une bonne judiciaire l’empêcherait de faire des sottises,
qui pourraient mettre l’Europe en feu »...
Puis il évoque son séjour à Cannes : « Ici nous n’avons pas un nuage. Je déjeune la fenêtre ouverte. J’ai trop chaud quelquefois.
Je ne comprends pas comment vous faites pour avoir de la pluie. Ici les natifs en demandent mais le ciel dit nix. Les insectes ont
mangé les olives ; il ne reste que les Anglais aux gens de ce pays, aussi les écorchent-ils de la bonne sorte. Adieu Madame, lorsque
j’irai en
californie
, c’est une colline près d’ici, je vous cueillerai des cassies en attendant les anémones qui ne viennent qu’en
Février. […] je me prosterne devant vos souliers gris ».
Correspondance
(éd. M. Parturier), t. XIII, p. 294.
119.
Prosper MÉRIMÉE et STENDHAL
. D
essins
d’architecture par les deux avec
notes
autographes, [1837] ; 5 ff. in-8
(dont 2 recto-verso).
1.800/2.000
C
urieux
dossier
de
dessins
M
érimée
enseigne
l
architecture
à
S
tendhal
.
Conservés dans une chemise annotée par Romain C
olomb
(« Noms des diverses parties de l’architecture gothique »...), ces
dessins à l’encre et à la mine de plomb, qui datent de 1837, proviennent de la collection d’Auguste C
ordier
(n° 49) qui les décrivait
ainsi dans son catalogue : « Cinq feuillets simples de papier à lettre, coton bleuté, dessins recto et verso. Les pages 1, 2, 3 sont
entièrement de la main de Mérimée qui donne à Stendhal qui les ignore et en a besoin pour ses
Mémoires d’un touriste
une leçon
des premières notions d’architecture gothique. Aux pages 4 et 5 Stendhal répète la leçon et refait les dessins. Au verso de la page
5 se lisent 17 lignes de la main de Stendhal n’ayant aucun rapport avec tout ce qui précède : une note jetée là au hasard selon son
habitude sur le premier morceau venu de papier qui se trouve sous sa main ».
O
n
joint
une L.A. de M
érimée
[à S
tendhal
 ?], Morlaix 5 septembre [1835] (1 p. in-8). Amusante comptabilité des difficultés
de la langue bretonne, qui commence par cette constatation : « Sachez qu’il y a quatre manières de conjuguer un verbe breton », et
conclut : « Apprenez ensuite le Breton si le cœur vous en dit »...
Anciennes collections Alain de S
uzannet
(1977, n° 250), puis Daniel S
ickles
(XV, 6501).