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182.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Boulogne-sur-mer 10 août 1857, [à la princesse T
roubetzkoï
] ; 3 pages
et demie in-8 ; en français.
3.000/3.500
B
elle
lettre
relative
à
T
olstoï
.
Il a quitté Sinzig, dont les eaux lui faisaient plus de mal que de bien, pour venir prendre des bains de mer... « Je ne suis pas
venu directement de Sinzig à Boulogne ; je suis allé à Bade pour y voir T
olstoï
, qui ayant perdu tout son argent à la roulette,
y était resté comme un poisson sur le sable ; je le remis à flot, grâce à l’obligeance d’un ami – et je le fis partir pour la Russie.
À l’heure qu’il est, il doit être déjà à Pétersbourg. – Le jour même de mon arrivée à Bade, il avait reçu une lettre qui l’informait
d’un grave evênement survenu dans sa famille ; sa sœur s’est vue obligée de quitter son mari et de se réfugier chez son frère –
(pas celui que vous avez vu à Paris, mais un autre, très excellent et très raisonnable garçon.) Ce résultat ne m’a pas étonné – il y a
longtemps qu’en bonne logique il aurait du se produire – le mari de la sœur de T. est une espèce de Henri VIII campagnard – il lui
ressemble même de figure – il est très gros – a des maîtresses et des enfants naturels par dizaine ; ce qui a fait éclater le scandale –
ça été une querelle entre deux favorites, dont l’une est allée montrer à la femme des lettres, où le mari fait toutes sortes de plans
et de promesses dans le cas de la mort de la pauvre Comtesse etc. etc. – Nous parlions de chemins battus – il paraît qu’il y a des
casse-cous et des fondrières dans ces chemins là comme dans les autres. – Tout ceci a décidé T. de partir sur le champ ; – il peut
être utile à sa sœur. – Cette pauvre femme était née pour la vie conjugale la plus calme ; le coup qui vient de la jeter hors de sa
sphère naturelle lui sera doublement cruel. – Au fond, je crois que c’est un bonheur pour elle – si elle y survit »...
Tourgueniev parle alors de ses projets : une partie de chasse à Bellefontaine avec V
iardot
, un séjour au château de
Mme Viardot, quelques jours à Dieppe avec un ami, M. Rotkine, etc.
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 136).
183.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Sinzig ce 6 juillet 1858, [à la princesse T
roubetzkoï
] ; 3 pages in-8 ; en
français.
2.000/2.500
Il
dessine
un petit plan du cours du Rhin pour situer Sinzig par rapport à Coblence et à Bonn. « C’est un fort petit trou, où
il y a une source, pareille à celle d’Ems. – J’ai préféré y aller, pour éviter la cohue – et en effet – il n’y a pas l’ombre de cohue ici
– nous ne sommes que 80 Kurgäste – et jamais on n’en voit plus de 10 ensemble. – Rien ne m’empêche, comme vous voyez, de
travailler – aussi j’ai les meilleurs intentions du monde – mais c’est si peu de chose qu’une bonne intention ! »... Avant cette cure,
il a raccompagné à Berlin le poète russe N
ekrassoff
, qui retourne en Russie avec sa belle : « C’est une corde au cou, la misère de
sa vie que cette belle, qui n’est pas belle du tout et ne l’a jamais été. – J’ai découvert, pendant ce voyage, qu’ils se sont fait tous les
deux une douce habitude, l’une de tourmenter, l’autre, de l’être ; – ma foi, si cela les arrange ! Mithridate vivait bien de poisons.
– Mais j’avoue que j’ai pris cette grosse M
me
P
anaïeff
en horreur. Imaginez vous qu’elle a des attaques de nerfs avec des
entr’actes
– motivés par l’arrivée d’un troisième spectateur, d’une marchande de modes &c. – Et Nekrassoff, qui pourtant a bien de l’esprit
– n’y voit que du feu. – M
me
P. éveille en moi le Russe, de façon à contenter le prince lui-même ; chaque fois que je la vois, je me
sens des velléités de prendre un gros baton bien dur et de la battre là où elle a le plus de ... surface à battre »...
Il ira voir son amie à Bellefontaine pendant l’automne. Il donne son adresse à Sinzig : « Nous sommes ici au beau milieu d’une
vaste et fertile plaine, entourée de tous côtés par des montagnes. Il ne fait pas assez d’ombre – voilà le mal »...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 138).
184.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Paris 24 avril 1874, [à la princesse T
roubetzkoï
] ; 2 pages 3/4 in-8, à son
chiffre ; en français.
2.000/2.500
Il a été très heureux de recevoir sa lettre, « et très heureux que mes deux originaux [
Pounine et Babourine
] aient su vous
plaire »... Il n’a pu lui offrir le texte russe de
Relique vivante
, dont « ces messieurs de S
t
Pétersbourg n’ont pas daigné me faire
parvenir un exemplaire », mais il lui envoie « un récit de moi, qui a paru dans un journal hebdomadaire de Petersbourg. J’y raconte
un épisode des journées de Juin 1848, dont j’ai été témoin. – Je pars dans 8 jours pour la Russie et je ne serai de retour que vers
le commencement d’Aout »... Il lui promet alors une visite à Bellefontaine. Il déplore la santé chancelante du prince, et il espère
que la princesse O
rloff
va aller mieux avec « le printemps et l’air de la campagne [...] Toute la famille V
iardot
se joint à moi pour
vous remercier de votre bon souvenir. – Les jeunes époux continuent à voguer en plein azur »...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 142).
185.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S.,
Bougival, Les Frênes
Jeudi 28 septembre 1876, à la princesse T
roubetzkoï
 ;
3 pages in-8, à son chiffre ; en français.
2.500/3.000
S
ur
son
chien
de
chasse
.
La lettre de la princesse est « arrivée ici pendant un petit voyage que j’ai fait à Rouen pour voir mon ami Gustave F
laubert
. On
l’avait fourrée parmi des journaux russes – et ce n’est que ce matin qu’en les ouvrant, j’ai trouvé votre lettre [...] Vous êtes mille
fois bonne d’avoir pensé à me faire garder mon chien – mais – hélas ! – ni V
iardot
ni moi nous n’avons pas seulement pris des
port-d’armes pour cette année ! – La chasse est finie, absolument finie pour lui, comme pour moi : et je me ferais conscience de
priver quelque chasseur sérieux de la possibilité d’avoir un bon chien, qui pour moi serait une bête inutile. – “Encore une feuille
qui tombe de l’arbre de la vie !” dirait un poète. [...] je travaille comme un nègre pour achever la copie de mon grand roman [
Terres
vierges
], que j’ai écrit en Russie et qui doit paraître au mois de janvier »...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 143).