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186.
Ivan Tourgueniev
(1818-1883). L.A.S., Paris Mercredi 23 mai 1877, [à la princesse T
roubetzkoï
] ; 3 pages in-8 ;
en français.
2.500/3.000
T
rès
belle
sur
la
situation
en
R
ussie
et
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F
rance
.
En dépit d’une violente attaque de goutte dans les deux pieds, il va partir pour la Russie, où des affaires l’appellent
impérieusement... « Je pars pour la Russie le cœur très gros ; – ce qui se passe là-bas me réjouit fort peu – étant, comme je le suis –
le contraire d’orthodoxe et de slavophile : et c’est là ce qui triomphe. Ce qui se passe maintenant en France n’est pas gai non plus :
c’est le dernier combat entre les deux seules forces vivaces qui restent au monde – le Catholicisme et la Révolution ; – et quoique
je n’aie pas de doute sur l’issue définitive de la lutte – elle peut se prolonger si longtemps que ma vie peut se passer avant que mes
yeux deviennent témoins de la victoire de la bonne cause. Malgré tout ce que j’entends dire de tous cotés, je ne suis pas du tout
sur que la Chambre que nommera la France sera aussi républicaine qu’on le suppose ; je suis encore moins sur qu’on ne veuille pas
tenter un coup d’etat militaire – si pourtant elle l’était ; et je ne parierais pas qu’un coup d’état pareil ne puisse réussir. – Le résultat
de tout ceci – est que je broie du noir ; ajoutez à cela le sentiment de la vieillesse qui s’avance à grands pas, escortée de toutes ses
infirmités [...] Je m’imagine qu’à mon retour de Russie la situation générale se sera peut-être un peu débrouillée ; et n’ayant plus le
tas de “blue devils” qui me hantent maintenant, je serai un peu plus supportable »... Il donne des nouvelles de la famille Viardot...
Ancienne collection Dina V
ierny
(1996, n° 146).