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193.
Pauline VIARDOT
(1821-1910). M
anuscrit musical
autographe signé,
Amor, con sue promesse
 ; titre et 2 pages
in-fol.
800/1.000
M
élodie
pour chant et piano, sur les paroles italiennes d’un sonnet de P
étrarque
 : « Amor, con sue promesse lusinghiere »…
En do, à 3/4, marquée
Andante mosso
, elle compte 51 mesures. Le manuscrit est noté avec soin à l’encre noire sur papier Lard-
Esnault à 14 lignes.
194.
Alfred de VIGNY
(1797-1963). L.A.S., 12 novembre 1851, [à Philippe B
usoni
] ; 13 pages in-8.
1.800/2.000
T
rès
longue
et
belle
lettre
.
Vigny a été « assez sérieusement malade » et éprouve encore beaucoup de lassitude... « je pense souvent à vous, à votre courage,
à votre amour de père si infatigable et si tendre, et à la mélancolie de vos prévoyances pour la jeune beauté qui va avoir dix-huit
ans. – Oui vous avez raison il serait triste de voir toutes ces fleurs de l’adolescence s’élever et s’épanouir dans une ombre éternelle
pour y pâlir et s’y flétrir. [...] Quand reviendra le calme public, les projets de bonheur renaitront et dans tous les projets des
hommes il y a une figure comme la sienne qui passe à l’horizon avec une belle étoile sur la tête »...
À propos de l’étude sur la « Grande Catherine » de Busoni, Vigny écrit : « l’on ne touche jamais du doigt le mirage trompeur de
l’histoire qui ne cesse de fuir devant nous. – Savons-nous seulement l’histoire du soir et du matin que nous faisons aujourd’hui ?
Voilà les deux Locomotives lancées l’une contre l’autre. Celle qui a la force de sept cents chevaux sera-t-elle plus faible que
celle qui eût un jour la force de six millions de chevaux ? Que le pouvoir exécutif s’appelle : le Président, le Roi ou l’Empereur,
tant qu’il n’y aura qu’une assemblée elle criera : au 18 Brumaire à chaque mouvement du chef de l’État et lui, à chaque geste de
l’assemblée criera :
à la convention
. On l’a dit, on l’a écrit d’Amérique à l’assemblée constituante qui n’y a pas pris garde, tant elle
avait hâte de constituer et d’en finir »...
Vigny parle ensuite des éditeurs Charpentier et Lecou, avec qui il est en pourparlers pour l’édition de ses œuvres, notamment
une édition de luxe... « Franchement et entre vous et moi, je suis toujours surpris de cette vente régulière et rapide de mes
ouvrages, sans annonces, sans articles dans les journaux, sans affiches, sans que ce paisible et insouciant Charpentier se soit jamais
donné la peine d’avertir même le public de chacune des dix éditions. Il m’en témoigne toujours sa surprise dont l’aveu naïf me
divertit beaucoup ». On réclame
Cinq-Mars
et
Stello
 ; à Londres, selon Charpentier, les livres de Vigny « sont adoptés comme
Classiques (j’espère que voilà un beau nom !) et
Cinq-Mars
est je crois le seul ouvrage moderne qui ait cet honneur [...] il est adopté
à l’étranger pour le perfectionnement de notre langue »... Mais Charpentier ne fait à peu près rien du côté des journaux ou des
libraires : « il me considère comme une sorte de fleuve qui va tout seul sans qu’on s’en mêle. Et moi je ne sais si je dois en rire ou
en être fâché parce qu’en moi,
monsieur l’auteur
doit peut-être se trouver très-flatté ».
Vigny parle ensuite de B
rizeux
dont il a appris la présence à Paris « par ma chère madame Holmes » ; il ne comprend pas
que Brizeux boude Busoni après les éloges que Busoni lui avait décernés : « vous lui faisiez jouer là une scène intéressante,
mélancolique, qui pouvait causer un redoublement de
Maries
aux Bretons et rendre Bretonnes les Parisiennes »...
Correspondance
(éd. L. Séché), t. II, p. 52. Anwcienne collection Daniel S
ickles
(X, 4073).