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C
’est à Toulouse que fut constituée, il y a un demi-siècle, cette collection sur l’histoire, les cultures et la civilisation du
midi de la France, depuis les vignobles bordelais à l’ouest jusqu’aux domaines du pape et à la Provence à l’est, en passant
par le vrai Pays de Cocagne, le Lauragais des coques de pastels. De Jean de Pins, correspondant toulousain d’Érasme, à
Clément Ader, pionnier de l’aviation né à Muret ; de François I
er
convoquant les États du Languedoc à Simon de la Loubère à
peine de retour du Siam (la Thaïlande actuelle) ; de Blaise de Monluc missionnant les gentilshommes de Guyenne à La Pérouse
achetant sa maison à Albi ; de nombreux hommes et évènements constituent les sujets de cette collection.
Mais les personnages illustres et leurs reliques (lettre signée Alain de Solminihac, évêque de Cahors en 1623 et béatifié
en 1981), seuls, ne suffisent pas, à rendre compte de la complexité historique d’une civilisation. Celle-ci est faite aussi de
l’image qu’en laissent les documents, sur les sans-grade et leur vie au jour le jour qui fut souvent une lutte pour survivre.
D’où, dans cette collection très ouverte à ces courants quotidiens, un éclairage intense sur les luttes religieuses, sur le jansénisme
et surtout sur le protestantisme qui a profondément, par son essor d’abord, par sa répression ensuite, marqué le midi de la France.
On y trouve ainsi une correspondance inédite du Duc de Rohan, avec des originaux de délibérations d’assemblées protestantes
du XVII
e
siècle, des manuscrits littéraires émanant des cercles académiques protestants de Montauban et Puylaurens, ainsi
qu’une curieuse traduction inédite, complète, de la Jérusalem Délivrée du Tasse en vers français.
Autour de cet ensemble, sept siècles de vie dans le Midi de la France, du XIV
e
au XX
e
siècle constitués par les éléments suivants :
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Manuscrits de coutumes locales (Albi, Castelnau d’Estrètefonds…).
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Importance parfois pesante des cathédrales et des évêchés (lettres de Dominique Grimaldi, général des armées papales, ou
du Duc de Verneuil, demi-frère de Louis XIII, d’abord évêque de Metz puis gouverneur du Languedoc).
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Poids et ravages des guerres de religion de Bordeaux à Marmande, de Toulouse à Carpentras et Ménerbes.
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Influence des Parlements et richesse des parlementaires, qui transparaît dans leurs contrats de mariage où les mariées
médiévales portent des robes d’écarlate fourrées.
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Archives (ce qu’il en reste) de la chambre syndicale de l’imprimerie et de la librairie de Toulouse.
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Correspondances d’élus, de la Révolution à la fin du XIX
e
siècle.
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Lettres de l’Occitanienne (Léontine de Castelbajac) si chère à Chateaubriand.
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Travaux d’occitanistes célèbres, dont plusieurs centaines de lettres en langue d’oc de l’abbé Joseph Salvat qui fut déporté
par les nazis avec Monseigneur de Solages…
Formée avant 1970 par le Docteur Élie Szapiro, alors qu’il était étudiant puis jeune médecin installé à Toulouse, devenu depuis
historien et libraire à Paris, cette collection rassemble pour l’essentiel (avec quelques impressions anciennes, particulièrement
rares, de Cahors, Castelnaudary, Toulouse - et une édition des Essais de Montaigne de 1593) des autographes et des documents
dénichés pour la plupart à Toulouse, au temps où la Catinou et le Jacouti bénéficiaient, dans La Dépêche, d’une rubrique
régulière en langue d’oc.
Après la dispersion, il y a deux ans, de la collection sur le judaïsme réunie par Élie Szapiro et son épouse Francine, la vente de
cet ensemble sur l’Histoire et la Civilisation du Midi de la France dévoile ainsi une autre facette de l’identité d’un collectionneur
passionné et érudit.