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table, ainsi que les étiquettes de titre collées sur les couvertures. Le premier cahier porte sur la couverture le titre calligraphié par
W.A. Miles,
Memoirs of my own times commencing 1780
; ce « Book 1
st
» contient l’
Introduction
(en brouillon très corrigé), conçue
comme « préface à une correspondance volumineuse et variée avec une variété de personnes et pendant un grand nombre d’années
sur différents sujets »… ; à la fin, dans une autre version datée 1802, intitulée
Preface to my dear son
, Miles lègue ces manuscrits
à son fils, en souhaitant qu’ils soient publiés.
Les cahiers renferment des lettres majoritairement politiques, classées par ordre chronologique, présentant de nombreuses
corrections et des indications de passages à supprimer, ainsi que quelques éclaircissements en note. Si certaines correspondances
sont en copie (probablement de la main de la femme de Miles), annotées par Miles, d’autres cahiers semblent être les minutes
ou copies originales tenues par Miles et son secrétaire. Une note autographe signée de Miles, datée de Froyle près Alton le
26 novembre 1797, dans un cahier composé de fragments en vers ou prose d’époques différentes, donne l’auteur comme un
personnage très comique, aux idées extravagantes (
wild
), à la conduite excentrique, aimant l’humanité à la folie, et outrageux à
son égard seulement lorsque son expérience fait repentir de l’affection qu’il a donnée à ceux qui s’en sont montrés indignes (n°
51)… Dans un autre texte, daté de 1802, qui devait servir de préface à des mémoires, Miles recommande à son fils de mener une
vie honnête, courtoise, respectueuse et modeste : lui-même s’est considéré dans ce monde comme dans une immense diligence,
tous ceux qu’il rencontrait étant des compagnons de voyage à qui il devait rendre le trajet aussi agréable que possible (n° 1A)… Les
cahiers portent une numérotation moderne de 1 à 52 (avec deux
bis
), dont manquent les n
os
18 (fin de l’année 1789) et 48.
La première lettre recueillie dans cette massive correspondance polyphonique date de juillet 1776, et provient de Lady
R
ODNEY
, épouse du contre-amiral sous lequel Miles avait servi en Amérique. Des années précédant son établissement à Liège
datent également des échanges avec le grand acteur David G
ARRICK
, le contre-amiral George R
ODNEY
, Edward Newenham, Lady
Valentia, l’honorable M. Fortescue, l’earl Temple marquis de B
UCKINGHAM
, Lord Lieutenant of Ireland, le Premier ministre Earl of
Shelburne... En 1783-1784 les commentaires sur la guerre d’indépendance américaine, l’état de rébellion en Irlande, les rapports
entre la France et la Grande-Bretagne se multiplient, notamment dans la correspondance entre Miles et Buckingham, Newenham,
Shelburne et son successeur, William P
ITT
le jeune, les parlementaires John Somers-Cocks et Thomas Rich, Lord Montagu… On
relève aussi des lettres ouvertes au
Morning Post
, au
Daily Advertiser
et aux critiques de « Neptune » (pseudonyme de Miles)…
C’est le 30 mai 1785 que Miles propose au Premier ministre P
ITT
de se rendre utile à son pays en profitant de son intimité avec le
prince-évêque de Liège pour procurer des renseignements précoces et authentiques de ce qui se trame entre les cours voisines ; la
question de frais encourus, voire de salaire, se posera ensuite régulièrement, et il commencera à désigner divers acteurs souverains
ou diplomatiques par des chiffres. En juin 1785, il prédit à Newenham que la Flandre succombera à la France (n° 4)… Le journal
que Miles tint à Liège en 1785 recueille des nouvelles de l’Empereur en Italie, de tirs hollandais sur un vaisseau autrichien, de
l’excellent état des préparatifs militaires de la France, ainsi qu’un mot de M
ARIE
-A
NTOINETTE
sur son frère l’Empereur, et des échos
de l’
Essai sur le despotisme
de M
IRABEAU
et du chantage par lequel son auteur se défend (n° 6)… Une lettre du 15 février 1786
entreprend de récapituler pour le Premier ministre la politique de la principauté de Liège depuis 1780, et notamment les dessous
secrets (autrichiens) de l’élection de l’actuel prince de Péan (n° 7)… Miles fait part à Pitt le 17 avril 1786 de ce qu’il apprend d’un
traité esquissé par le duc d’A
IGUILLON
pour une alliance militaire entre la France et la Grande-Bretagne, afin d’assurer la paix de
l’Europe et du monde ; si l’ancien ministre ne l’a pas présenté à Londres c’est à cause de la Reine, et le résultat pourrait être une
alliance entre la France et la Russie ; la Prusse d’ailleurs s’efforce d’aliéner la France de l’Autriche (n° 8)… En 1786 il commence
à correspondre avec Pierre L
EBRUN
, propriétaire-éditeur du
Journal politique de l’Europe
et futur ministre des Affaires étrangères ;
Miles rapporte dans une note que le marquis de Sainte-Croix, plénipotentiaire de Louis XVI, le qualifie de
gueux
… En 1787
commence l’affaire Gormanston, qui occupera beaucoup les esprits et les plumes : il s’agit de l’expatriation clandestine d’Irlande du
vicomte G
ORMANSTON
, mineur catholique, affaire de succession contestée doublée d’une affaire de liberté de culte qui provoquera
mainte accusation de bigoterie, d’intolérance et d’immoralité contre les fidèles de l’Église romaine. Miles livre notamment à ce
sujet le procès-verbal d’un entretien avec le prince-évêque de Liège (n° 10), et des lettres et textes relatant ou commentant l’affaire,
et ses propres efforts pour obtenir la restitution de ce sujet de S.M. (n
os
10 à 16)… 1787 est également marqué par des lettres de
Miles au secrétaire d’État aux Affaires étrangères, le marquis de C
ARMARTHEN
(futur duc de L
EEDS
), et au ministre plénipotentiaire
anglais à La Haye, James H
ARRIS
, à propos des tentatives du roi de Prusse de renverser le parti républicain aux Pays-Bas, afin de
rétablir le prince d’Orange ; dans un premier temps on a cru que les Français marchaient aussi (n° 12)… Miles transmet à Pitt copie
d’une convention franco-liégeoise, le 8 janvier 1788 : la France vise à établir une influence permanente dans la principauté, voire
à transformer la principauté en une province française, puis un État indépendant… Deux mois plus tard il fait part à Buckingham
d’un traité secret entre Versailles et Vienne : celle-ci céderait les provinces belges en échange de la neutralité de la France dans
la guerre… Il donne des nouvelles de la contrebande du tabac, et parle de l’éventualité d’un traité de commerce anglo-français ;
en juin, il est proscrit de Liège (n° 15)… Depuis Bruxelles, il maintiendra sa correspondance avec l’Angleterre et l’Irlande, et avec
Liège, dans la personne du bourgmestre et futur corégent F
ABRY
… Il recommande Joseph D
UPAS
DE
V
ALNAIS
, ex-consul de France
à Boston, époux d’une nièce de M. Hancock : fâché contre l’ingratitude de la cour de Versailles Dupas servirait volontiers le
gouvernement britannique en Inde (n° 16)… Miles verrait bien la principauté sécularisée et sous gouvernement anglais ; il craint
de la voir tomber sous domination française, avec le Brabant et la Flandre (à Carmarthen, 20 décembre 1788) ; la France ne pourrait
intervenir en ce moment, ses troupes seront engagées en Hollande dès le printemps (à Buckingham, 23 décembre 1788) ; il insiste
sur les conséquences commerciales de la Révolution (n° 17)…