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81.
Henri MATISSE
(1869-1954). L.A.S., [Nice] Dimanche [1940], à Henry de M
ONTHERLANT
; 1 page et demie in-8.
1.000/1.500
Il espère que son voyage a été intéressant et qu’il n’en rapporte pas de « nouvelles trop désespérantes ». Il regrette de ne
plus avoir « les Martin du Gard », mais lui fait remettre
Hitler m’a dit
. Il lui donne des adresses de tailleurs à Nice, qu’on lui a
recommandés, « car je ne me suis jamais fait habiller à Nice. Voici ce qu’on m’a indiqué comme excellent : Hettema […] le complet
était en ce moment de 3.500 fr – mais tout est bon, coupe étoffe et tout et tout », ainsi qu’un autre « tailleur de bonne coupe […]
qui faisait les habits des croupiers qui devaient être impeccables – il a de plus une bonne clientèle. Il s’appelle Gentilomme […]. Je
n’en connais pas les prix, je les suppose plus modestes. Moi j’irai chez Hettema – mais le Gentilomme est peut-être suffisant »…
82.
Henri MATISSE
. L.A.S., Nice 3 mai 1943, à Henry de M
ONTHERLANT
; 6 pages in-4.
3.000/4.000
L
ONGUE
LETTRE
SUR
LEUR
COLLABORATION
POUR
P
ASIPHAÉ
,
C
HANT
DE
M
INOS
.
« Cher pauvre Esclave, Vous me faites pitié ! Comment avec le talent remarquable que vous avez, les dons exceptionnels, pour
ne pas dire le génie, dont vous avez été gratifié, pouvez-vous vous laisser posséder ainsi que vous m’en donnez idée dans votre
lettre […]. Pensez que, moins vous vous laissez embêter, plus vous serez considéré ». Il s’inquiète pour Montherlant qui semble
avoir perdu la maîtrise de sa vie, mais il est temps se ressaisir, par la force de la volonté : « Ne prenez pas mal […] mon affectueuse
gronderie, j’ai passé par où vous êtes et j’ai eu le courage de faire un tête à queue dont je me réjouis »… Il fera
Pasiphaé
et le
Chant
de Minos
: «
j’y suis attelé
[…] vous serez contenté. Je trouve le
Chant de Minos
fort beau, fort grand, – ces contrastes de passion
excessive m’excitent au plus haut point – aussi il sera illustré “copieusement” ». Il le préfère à
Pasiphaé
, et compte sur 12 images
pour les deux. « Pourquoi n’aimez-vous pas la gravure sur lino ? […] cette gravure est difficile comme l’est le violon dont la qualité
tient à la souplesse de l’archet et à la sensibilité de l’exécutant. Plus les moyens d’exécution sont imparfaits, plus la sensibilité se
manifeste. C’est la première fois que je travaille avec un partenaire aussi difficile que vous, jusqu’ici les auteurs m’avaient laissé la
possibilité de chanter en duo concertant avec eux. Cette fois, je vous suis pas à pas, en second violon, mieux : en “brigadier vous
avez raison”. Je ne vous le dis pas en reproche mais simplement pour vous indiquer que j’ai triomphé de ce qui m’avait empêché
jusqu’ici de dessiner pour vous »… Il trouve les photos qu’a envoyées Montherlant « trop à l’eau de roses pour le Montherlant
que je connais – le Minos qui m’enflamme – qui met le feu à l’Enfer (je ne veux pas dire que je suis l’Enfer). Ces photos me font
craindre le bicorne emplumé qui les coifferait très bien, en accord avec la graine d’épinard et l’épée rivée, placée au côté d’un
académicien considéré et dépendant. Je vous taquine– je vous vois tellement autrement que ce que vous méritez d’être ». Il ajoute :
« N.B. Plaquez tout le monde et filez où vous voudrez. Vous aurez tout de même ce que vous désirez. Il ne faut pas trop en faire
pour la Gloire. Permettez. Êtes-vous certain que la nouvelle pièce que vous êtes venu faire à Grasse ne va pas casser les pattes au
succès considérable de la
Reine Morte
? pour laquelle le public est encore en érection ? Pardonnez cher ami, je suis sis seul, que
je vous jalouse. (Point d’ironie) ».
83.
Henri MATISSE
. L.A.S., Vence 9 décembre 1944, à Henry de M
ONTHERLANT
; 4 pages in-8.
1.500/2.000
S
UR
LA VENTE DE
LEURS
LIVRES
ILLUSTRÉS
. « C’est entendu : “Le précieux Livre” sera vendu en France, mais les autres que sont-ils
devenus ? Soit :
Thèmes & Variations
: six exemplaires, dont 1 sur japon & 1 sur arches ». Ils devaient être vendus en Suisse, par
l’éditeur S
KIRA
, mais il n’en a aucune nouvelle. Il veut faire vendre ces livres en France, « mais il faudra les y faire rentrer. Quant
à
Pasiphaé
, l’édition est épuisée. C’est vous qui pouvez vendre à l’officier américain un exemplaire de votre collection. Son prix
d’émission est de 15.000 sur arches – étant donné que l’édition est épuisée vous pouvez en demander 20.000 s’il vous plaît. Vos
exemplaires sont-ils signés par moi ? ». Il l’encourage à quitter le glacial Paris pour un climat plus doux : ici il fait beau, la journée
est « chauffée par le soleil clair & joyeux. […] D’après tout ce que je lis et j’entends répéter sur la vie à Paris, je n’ai guère envie
d’y goûter. – Je reste ici même, à Vence, où le bifsteak est rare mais “le légume” et “le fruit” sont suffisants jusqu’ici. Évidemment
il manque les échanges intellectuels, mais il me semble qu’à Paris, ils sont plutôt empreints d’animosité, et trop pittoresque pour
moi qui suis déjà à demi sorti du monde »…
84.
Guy de MAUPASSANT
(1850-1893). 2 L.A.S., [début mars 1891, à la comtesse Adhéaume de C
HEVIGNÉ
] ; 2 pages
obl. in-12 chaque à ses initiales et son adresse
24 Rue Boccador
.
500/700
Création de
Musotte
au théâtre du Gymnase (4 mars 1891). Sachant que sa correspondante souhaitait aller au théâtre dimanche,
il a fait « une provision de places […]. Je serai bien aise de mon côté de voir l’effet sur le public du Dimanche. J’ai une baignoire,
car mes yeux sont si malades en ce moment que je ne peux plus supporter la lumière ». Il a aussi une loge de balcon, ce qui fait 10
places en tout : « Invitez donc qui vous voudrez »… – Il lui envoie une loge de balcon, qu’il avait réservée initialement à la comtesse
P
OTOCKA
, à laquelle il a « donné une baignoire à la place. Quant aux fauteuils il n’y en a pas un »…
85.
Guy de MAUPASSANT
. 3 L.A.S., [1891, à la comtesse Adhéaume de C
HEVIGNÉ
] ; 3 pages et demie in-8 à ses
initiales et adresse
24 rue Boccador
.
1.500/2.000
L
ETTRES
PATHÉTIQUES
SUR
SES
SOUFFRANCES
. Il est rentré de Nice « parce que je suis fort souffrant. Le médecin de Nice,
inquiet, m’a renvoyé ». Après une sortie d’une heure il a dû s’aliter : « On m’abreuve de narcotiques ; et je n’en obtiens aucun
soulagement »… – « Je vais tout à fait mal, au milieu de médecins, illustres et contradictoires, et souffrant d’accidents intolérables
… /…