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de sa chère doctoresse est gentil ; le chirurgien danois, M. Christensen, arrivera avec sa femme, infirmière, le 8 septembre ;
il est satisfait aussi des progrès de Friedman et du Dr. Lindner… Elle lui rendrait service en consultant un médecin qui utilise
la drogue avec laquelle Friedman traite des tuberculoses, afin de gagner des connaissances précises et de la prescrire ici.
Cette drogue, rejetée par la médecine académique, est de plus en plus en faveur, surtout en France : c’est simple, bon marché
et efficace ; des patients envoyés dans des sanatoriums par les autorités sanitaires se font soigner à côté par la drogue de
Friedman, au vu et au su des médecins… À Lambaréné, leurs résultats sont en dessous du coût énorme en argent et en travail.
Dès que les gens se sentent un peu mieux, ils s’en vont et puis ils reviennent en très mauvais état. C’est pareil lorsqu’on les
soigne avec la drogue de Friedman, mais les frais et le travail sont moindres. Schweitzer a voulu étudier l’affaire lui-même,
à Paris, mais l’accident à sa main, le travail et la fatigue l’ont fait renoncer au séjour à Paris afin de rentrer à Lambaréné à
l’heure… Il donne des détails de la sécheresse dont ils souffrent, et termine par des remarques sur la politique : comme prévu,
la Chine rouge met la pression sur Khrouchtchev et l’oblige à prendre une position plus agressive en Moyen-Orient qu’il ne
le souhaite, à travailler avec la Chine pour élaborer ses déclarations à l’O.N.U., et à les prononcer suivant ses ordres. Quelle
bêtise de la part des U.S.A. et de l’Angleterre de retarder la conférence et de donner ainsi à la Chine l’occasion de s’en mêler !
La situation va maintenant devenir très difficile pour Khrouchtchev, il ne la contrôle plus. Schweitzer n’est pas tranquille… Il
joint une coupure de presse, marquée «
Doctoresse
» et signée de ses initiales, à propos d’un appareil d’anesthésie.
Reproduction ci-dessus
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Albert SCHWEITZER
. L.A.S., sur l’autoroute de Francfort à Cassel 24 septembre 1959, [à la Doctoresse Margrieta
van der Kreek] ; 2 pages in-4 (au crayon) ; en allemand.
400/500
Il lui écrit pour son anniversaire dans la voiture d’Erika, qui file à plus de 100 km/h. Qu’il serait heureux d’être à Lambaréné
pour lui faire un discours et une petite fête tranquille. Il est fasciné et plus content que jamais qu’elle ait trouvé la voie de
la piété et de l’introspection, et qu’il ait pu en partager l’expérience avec elle… Dans trois jours ils iront de Gunsbach à
Copenhague, où il recevra un prix de l’Université. Ensuite à Malmö pour revoir Bengt Andreas et d’autres amis suédois, à
Münster (Westphalie) où le professeur Mai le présentera à la faculté, à Dortmund et au sud pour visiter des universités, dont
celle de Tübingen, où il est parent d’un théologien. Puis vers le 12 octobre, Gunsbach et Strasbourg, et en novembre, Paris
et Bruxelles… Du temps où il habitait Strasbourg, et qu’il faisait l’aller-retour de Paris pour des concerts et répétitions, il prit
l’habitude d’écrire dans le train, et maintenant qu’il passe ses journées dans la voiture, il tâche de faire pareil. Cependant il a
beaucoup de retard dans sa correspondance, et à Gunsbach, où il avait des visiteurs du matin au soir souvent il ne terminait
que deux lettres dans la journée ! Cela le rendait très nerveux…
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