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« L’ordre que l’on doit observer dans une Galere pour la mettre en état de se deffendre et d’enlever celle de l’ennemi, consiste
uniquement en deux chefs ; le premier est de retrancher la Galere le mieux qu’il est possible, sans toutefois l’embarrasser,
en sorte qu’elle puisse se remuer facilement, faire toutes sortes de manœuvres et naviguer en cas de besoin. Le second est
de partager également ses forces et ses armes tant offensives que deffensives, en sorte qu’il n’y ait aucun endroit dans la
Galere qui ne soit disposé à estre deffendu par lui-même »… Ce mémoire renvoie fréquemment à sa grande illustration, pour
le placement des officiers, marins et ouvriers, et celui de l’aumônier, du chirurgien, et de l’écrivain du Roi (auquel il souhaite
« un poste plus honorable », que celui de garde aux poudres dans la taverne). « On ne laisse jamais pendant le combat aucun
mousse, forçat, ni Turc dans les chambres »…
* « Quatrieme Mémoire.
Signaux avec un Projet pour les faciliter
 » (8 p.), orné d’un bandeau non signé : un phare s’élève
au large d’une rive où attend un navire, avec deux groupes d’hommes sur le quai ; à gauche, une fontaine aux armes royales.
Une grande planche hors-texte, à double page, par Corne, représente les pavillons, flammes et gaillardets pour les signaux
généraux et particuliers des galères. Barras de La Penne fait plusieurs propositions pour améliorer la lecture des signaux :
l’adoption d’une seule couleur, « diversifiée avec le blanc », le choix judicieux des endroits pour arborer les pavillons et les
flammes, l’emploi de flammes, plus commodes et visibles, pour les ordres généraux, et de gaillardets pour les particuliers…
* « Cinquieme Mémoire.
Reflexions critiques sur quelques erreurs ou est tombé le commentateur de Polybe dans ses
observations sur les Batailles Navales des Romains et des Carthaginois aussi bien que sur la Forme et la depense de leurs
prétendus Batimens à divers Rangs de Rames
 » (105 p.), orné d’un bandeau par Jacobus Coelemans d’après un dessin de
l’auteur : il représente sept hommes en costume moderne, autour d’une table, avec des emblèmes de la géographie et de la
navigation. Ce mémoire, de loin le plus long du volume, est une attaque en règle contre le Père de La Maugeraye, jésuite
et commentateur de Polybe avec lequel le marin polémique depuis plusieurs années dans
Le Journal des savants
et les
Mémoires pour l’histoire des sciences et des beaux-arts 
; il cite ici, avec indignation, un article que La Maugeraye vient de
publier dans le numéro de janvier 1729 du
Journal de Trévoux
. Son adversaire l’a traité avec « une infinité de traits satyriques
et envenimez », qu’il n’imitera pas, mais il espère que les savants ouvriront enfin les yeux… L’écrivain s’est déchaîné contre lui
à l’occasion de sa
Lettre critique
sur les trirèmes, et avec « sa petulante humeur », a prétendu qu’à entendre l’auteur de « la
brochure », « 
toutes les forces de la France, et son salut sur mer sont renfermées dans le port de Marseille
 »… Certes, « c’est
principalement par l’envie qu’il a de tomber sur moy qu’il affecte icy de mépriser si mal à propos les Galeres de France »,
et les historiens savent à quoi s’en tenir quant aux combats de galères des temps modernes. Mais tout sentiment contraire
à cet écrivain « luy paroit un attentat »… Barras de La Penne cite de nombreux extraits du commentateur qui s’apprête à
devenir « Docteur en Marine », et il use à son égard de qualificatifs cinglants : « grotesque », « téméraire », « aveugle », auteur
d’« imaginations » et de « fausses et absurdes idées »… Il souhaite à cet « oracle de la vérité » de changer de langage, « s’il n’est
le plus prévenu et le plus opiniatre de tous les hommes », mais il y a déjà plusieurs années que La Maugeraye donne « à coûp
perdu dans la vision d’un faux système sur les bâtimens à rames des Anciens, il l’a publié, il l’a vanté, et s’en est aplaudi bien
des fois »... Barras de La Penne oppose aux chimères de Sa Révérence des exemples de batailles navales sous Sémiramis et
Louis le Grand ; il survole la belle histoire des galères en citant Diodore, Thucydide, Pline, Virgile et l’Écriture, le R.P. Laval,
Aubin et ses propres écrits ; il ridiculise l’ignorance pratique et les expressions impropres de l’« habile marin » qui pourtant
a voyagé en mer jusqu’à Malte… Il termine en filant abondamment et ironiquement la métaphore du « festin surabondant »
que le commentateur a donné à ses lecteurs : c’est un « ragoût » dont la saveur n’a pas « l’aprobation des couteaux », et
dont le gibier fut emprunté à tout le monde : « si les cuisiniers revendiquoient tout ce qui leur apartient, et si l’on suprimoit
tous les hors-d’œuvres de medisances, de calomnies et toutes les absurdes observations touchant les Batailles Navales des
romains, des Carthaginois, et des Modernes, aussi bien que ce qu’on dit de leurs Vaisseaux à Rames, ce grand repas, ce Festin
surabondant deviendroit bien petit, il est vrai qu’il seroit de meilleur gout, plus exquis et tiré de son cru »…
Reproductions page précédente et page ci-contre
20.
Frédéric BASTIAT
(1801-1850) économiste, défenseur du libre-échange. L.A.S., Mugron 1
er
septembre 1835, à son
cher Charles ; 2 pages et demie in-8.
300/350
Il le remercie de prendre sous sa protection lemalheureux Polonais qu’il lui recommande. «J’ai cru préférable de t’adresser
la pétition de M
r
Michalowsky. J’y ai joint un certificat du maire de S
t
-Sever & un autre de l’ingénieur de l’arrondissement »…
M. Michalowsky avait trouvé une place ici grâce à la recommandation du directeur général des Ponts et Chaussées. « En
arrivant à Paris, il aura à se loger, à se préparer pour l’examen qui a lieu le 5 9
bre
. Le voyage à pied est un peu long. Toutes les
considérations le décideront j’espère à profitter immédiatement des dispositions bienveillantes de M
r
de Gasparin »…
21*.
Simone de BEAUVOIR
(1908-1986). L.A.S., à une dame ; 1 page et quart in-4.
300/400
Sur la Guerre d’Algérie : « Ne vous étonnez pas d’avoir ignoré les scandales – innombrables – de la guerre d’Algérie. La
presse a tout fait pour les étouffer. Les coupables n’ont pas été dénoncés, nul ne les a condamnés. On a même décoré de la
légion d’honneur le capitaine qui a assassiné Maurice Audin. Le juge de Caen a été réduit à l’impuissance par les autorités
militaires. J’ai longuement parlé de la guerre d’Algérie et de ses horreurs dans
La Force des choses 
: lisez ce livre si vous en
avez le temps »…