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105*.
Jacques-Louis DAVID
. L.A.S., mardi à 9 heures 8 décembre 1807, au marquis de Bausset, chambellan de
l’Impératrice ; 1 page in-4, adresse (biffée).
2.500/3.000
Au sujet du tableau du
Sacre de Napoléon
, pour lequel Bausset doit poser.
Il l’attend « ce matin pour onze heures, il faut enlever cela au plutôt, parce que le public qui commence à se porter en foule
nous empêcheroit de travailler si nous tardions plus longtems. N’oubliés pas de faire apporter votre habit de chambellan :
vous viendrés en negligé à l’atelier, coëffé cependant, à moins que vous préferiez d’y venir habillé comme devant aller autre
part ensuite. Quant à ce que vous avés la bonté de me dire de flatteur, je voudrois pouvoir avoir la faculté de la donner, cette
immortalité
, je ne la donnerois, je vous jure, qu’aux braves gens qui vous ressemblent »...
106.
Jean-François-Aimé DEJEAN
(1749-1824) général et ministre. L.A.S., Paris 12 décembre 1805, au Prince Louis
[Bonaparte], Connétable ; 2 pages et quart in-fol.
60/80
Il a écrit au secrétaire d’État de la Guerre en Hollande, mais une lettre de S.A.I. au Grand Pensionnaire produirait un effet
plus prompt et plus sûr... Il rend compte du mouvement de l’artillerie du camp d’Évreux à Anvers, et du départ d’une brigade
de caissons avec des effets d’hôpitaux, etc. Il a expédié un courrier porter des ordres à Sampigny, Metz et Strasbourg...
« Votre mouvement, Monseigneur, est si rapide qu’il m’est impossible d’assurer à tems la fourniture des redingottes, vu surtout
l’incertitude des lieux sur lesquels je pourrais les diriger »...
107.
Maurice DENIS
(1870-1943) peintre. L.A.S., Mardi matin [Perros-Guirec 1925 ?, au compositeur Marcel Labey] ;
1 page in-8.
200/250
À l’auteur de
Bérengère
, drame lyrique créé au Havre en 1925, pour lequel Maurice Denis, voisin breton des Labey,
dessina les décors et le frontispice. « Obligé d’accompagner des amis en excursion aujourd’hui, je me rappelle vous avoir dit
que je serais revenu de Châteauneuf où je n’ai pas été et où je pense partir demain. Ne venez donc pas avant la fin de cette
semaine, et me croyez désolé de ce nouveau contre temps attribuable en partie à l’arrivée inopinée de mon ami André Gide
– qui trouve “notre” Perros admirable »…
108*.
Denis DIDEROT
(1713-1784). L.A., Paris 10 septembre 1768, à Mademoiselle Marie-Magdeleine Jodin, chez le
comte de Schullembourg à Bordeaux ; 3 pages et demie in-4, adresse.
10.000/12.000
Belle lettre de conseils à la jeune actrice qu’il considérait comme sa pupille.
« Je ne saurois ni vous approuver ni vous blamer de votre raccommodement avec Monsieur le comte. Il est trop incertain
que vous soiez faite pour son bonheur et lui pour le votre. Vous avez vos defauts qu’il n’est jamais disposé à vous pardonner ;
il a les siens pour lesquels vous n’avez aucune indulgence. Il semble s’occuper lui-même à detruire l’effet de sa tendresse et
de sa bienfaisance ; je crois que de votre côté, il faut peu de chose pour ulcerer votre cœur et vous porter à un parti violent.
Aussi, je ne serois pas étonné qu’au moment où vous recevriez l’un et l’autre ma belle exhortation à la paix, vous ne fussiez en
pleine guerre. Il faut donc attendre le succès de ses promesses et de vos resolutions. C’est ce que je fais sans être indifférent
sur votre sort ».
Il a reçu sa procuration, mais a aussi besoin d’un « certificat de vie, légalisé ». Il lui fera parvenir « le portrait et les lettres
de Mr le comte. […] À la lecture de la défense que vous faites à votre mère de rien prendre sur les sommes dont je suis
depositaire, elle en est tombée malade. En effet que voulez vous qu’elle devienne ? et que signifie cette pension annuelle
de quinze cent francs que vous pretendez lui faire, si vous en detournez la meilleure partie à votre propre usage. Si vous n’y
prenez garde, il n’y aura de votre part qu’une ostentation qui ne tirera pas votre mère du malaise. Il ne s’agit que de calculer
un peu pour vous en convaincre ; et vous amener à de la raison, si vous avez reellement à cœur le bonheur de votre mère ». Et
Diderot fait le compte des dépenses qu’il a payées, en commentant : « Cela n’entretient, ni ne nourrit, ni ne blanchit », puis de
ce qu’a reçu Mme Jodin, à qui il ne reste que 217 livres. « À votre avis, Mademoiselle, est ce la faire 1500 de pension annuelle.
Jugez s’il doit rester une obole à Madame votre mère et cela sans que vous puissiez l’accuser de dissipation. […] Je ne sais d’où
vous vient cet accès de tendresse pour la Brunet qui vous a déchirées toutes les deux, chez le commissaire, de la manière la
plus cruelle et la plus malhonnete. Il n’y a rien de si chretien que le pardon des injures »... Il lui conseille de placer son argent
« à 6 pour cent sur des fermiers generaux, et le fonds vous resteroit. C’est un service que je pourrois aussi rendre à Mr le
comte mais il n’y auroit pas un moment à perdre ». Reparlant du comte, il ajoute : « Je voudrois bien vous scavoir heureux l’un
et l’autre »… Puis il revient sur le « petits etats de reçus et de depenses que je vous envoye, et jugez la dessus de ce que vous
avez à faire pour madame votre mère qui est malade, inquiète et dans un besoin pressant de secours. Ainsi point de délai sur
tous les objets de ma lettre. Et tachez d’être sensée, raisonnable, circonspecte, et de profiter un peu de la leçon du passé
pour rendre l’avenir meilleur ».
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