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rumeur se propage que la France n’interviendra pas, malgré la déclaration de Bastide à l’Assemblée ; Dino se plaint des «
chieurs
de paroles venus prêcher à des troupes qui n’en peuvent plus de se battre »…
Alessandria 17 août
, analyse approfondie du
Risorgimento et de la guerre : « Pour bien comprendre la question italienne […], il faut d’abord se rappeler une chose capitale.
C’est que la domination autrichienne n’a jamais été lourde que pour les intelligences, que l’administration était parfaite, que la
protection la plus éclairée était donnée aux intérêts matériels […] La Lombardie plus rapprochée de la France échauffée par les
rayons de liberté qui s’échappent à flots de notre sol, sentait plus vivement ses souffrances. Le Vénitien plus rapproché de
l’Autriche, plus cajolé parce qu’il était moins soupçonné, s’attachait plus fortement au gouvernement protecteur de ses intérêts
matériels. D’ailleurs la Lombardie convoitée par la Maison de Savoie depuis tant d’années, se trouve naturellement attirée par
Gênes, ville ardente, impérieuse dans ses désirs véritable femme galante aimant d’argent et voyant dans le Milanais un
entreteneur riche et magnifique fort agréable, à se donner à la barbe de son mari le Piémont. Aussi les intrigues
Génoises
Piémontaises
, revêtues du manteau du libéralisme ne firent que développer de plus en plus le sentiment d’indépendance chez
les Lombards »… Suivent des réflexions sur les maladresses et provocations du gouvernement autrichien, l’entrée en lutte du
Piémont, l’effroi provoqué par le parti républicain établi à Gênes… « Quant au Roi, toujours maître de lui et prudent il favorisait
le mouvement, imposant silence au parti monarchiste au nom même de ses doctrines, et voyait avec la plus vive satisfaction
s’approcher le moment où il pouvait enfin se venger du mot cruel du général Bubna. Ce fut alors que fut poussé sur tous les
points de l’Italie le fameux mot
Unità
»… Tous les princes tremblèrent… Selon Dino, ce mot fut une faute : il livra aux partisans de
l’Autriche l’oreille des cabinets, des intérêts compromis et des partisans de la gloire du clocher, alors que le mot
indépendance
rendait le véritable sens dumouvement italien… Il faut aussi comprendre que nombre de libéraux sincères préfèrent la domination
autrichienne à la «prépondérance française »…
12 août
, il recommande que la République française se place à une grande hauteur
aux yeux de l’Europe, et analyse l’effet qu’eût produit l’abdication de Charles-Albert avant les revers militaires, et maintenant…
18 août
, ses efforts auprès de Lamartine, puis Cavaignac, pour obtenir l’autorisation à servir en Piémont sans perdre ses droits
de citoyen français ont été infructueux…
22 août
, réflexions sur la médiation offerte à l’Autriche par l’Angleterre et la France, avec
des considérations sur le sort de Venise, les intérêts de la France et les « principes proclamés d’une façon imprudente par M
r
de
Lamartine »… L’ennemi « a la pointe de son épée appuyée sur la gorge de la victime, et c’est les pieds dans le sang des vaincus
que les Autrichiens recommenceraient une lutte nouvelle avec notre pays ; aussi quelque soit la bonne volonté des
plénipotentiaires français d’aller vite en besogne je ne puis croire que la diplomatie autrichienne si habile dans la politique des
temporisations ne trouve pas moyen de prolonger le statu quo »…
31 août
. Une conversation confidentielle avec Amédée à Casale
lui révéla la duplicité de l’Autriche, et fournit l’occasion de parler d’une abdication : « En voyant sa chaleur au sujet des affaires
publiques j’entrai dans cette voie-là j’applaudis à ce réveil du lion, à ce noble orgueil, et cherchai, comme transition, à appuyer sur
les difficultés de l’avenir […] je cherchai à lui démontrer que dans l’état actuel de l’Italie son devoir, son patriotisme exigeait de sa
part plus d’ambition personnelle, plus de ferme volonté d’asseoir sur de fortes bases le système constitutionnel », etc. Dino est
reparti enchanté : «Cet homme a du bon et même du grand c’est Mars devenant raisonnable. Dîtes à M
r
de Cavour que son parti
trouvera là un point d’appui »…
1
er
septembre
. Il lui confie l’essentiel de sa lettre à S.A.R. à propos de l’abdication qu’il fera pour le
bien du pays : « 
le g
d
acte
ne doit s’accomplir qu’après la paix quelle qu’elle soit. Dans la victoire votre valeur saura se faire une
part assez belle pour être certain de ne rien perdre de l’affection que vous portent les peuples »…
Arona 19 septembre 
: « Plus je
réfléchis plus je sens qu’il me serait impossible de revenir en Piémont. La guerre seule m’y ramènera »…
Alessandria 8 novembre
.
Il a vu «V. », qui se dit convaincu « que la médiation est une blague qu’elle n’amènera rien et qu’au printemps nous aurons la guerre
générale »…
13 novembre
. « Le métier que je fais est abrutissant, la vie que je mène est absurde, mais tout cela ne serait rien si
j’avais encore un peu d’illusion dans le cœur. J’ai reçu une lettre de ma mère, par laquelle il est établi que d’ici à plusieurs années
elle ne désire pas me revoir »…
30 novembre
. « Il y a des gens enchantés du départ du Pape, selon eux voilà l’Italie délivrée d’un
de ses plus lourds fardeaux, mais je pense qu’elle touche à ses plus grands périls […]. L’ordre ou plutôt l’organisation des sociétés
est définitivement brisée de fonds en comble. La société européenne à force de progresser retourne au 13
ème
siècle, l’Italie à son
Frédéric Barberousse et ses guelfes et gibelins, une féodalité municipale tend à s’implanter en France et nous replongeons dans
un vrai cachot »…
19 décembre 
: « Voici donc le vent en plein dans les voiles de Louis-Napoléon, que va faire votre ministre ? Et
Gioberti fera-t-il la guerre ? »…
25 décembre
. L’élection de Bonaparte est une revanche sur Février…
1850
.
Valençay 11 octobre
.
« On disait des émigrés qu’ils n’avaient
rien appris
, on peut appliquer les mêmes paroles à l’école libérale actuellement aux
affaires en Piémont, Louis XVI sur l’échafaud, 1848 leur passant sur le corps etc. sont des leçons perdues. […] Je reste stupéfait
en voyant le pays qui compte un Joseph de Maistre parmi ses penseurs, engagé dans une lutte contre nature »… Remarques sur
la politique incompréhensible d’Azeglio…
7 décembre
. D’Azeglio « se flatte de grandir moralement le Piémont en en faisant
l’étoile du Berger du libéralisme italien, et en faisant rayonner de Turin l’esprit d’indépendance et de liberté sur tous les points
de la péninsule. Ce rôle difficile est bien dangereux mais je comprends qu’il ait tenté un esprit souple fin et poétique. Notre ami
Cavour ayant plus de
solide
dans l’esprit m’a inspiré plus de confiance lorsque je l’ai vu entrer dans le cabinet sarde, et voici que
j’apprends que les menées démagogiques démocratiques etc. ont leur siège principal à Gênes ! Que la Garde nationale quitte le
chiffre du Roi sur ses képis et l’écharpe bleue vient d’être remplacée par l’écharpe tricolore ! »…
1851
.
22 avril
. Ses
Souvenirs de la
guerre de Lombardie
ont un succès inespéré ; il a reçu hier des lettres gracieuses du duc de Gênes, de La Marmora et de
Cavour…
Valençay 27 mai
, il se montre peiné du mutisme du Roi, alors que son livre « a fait une bonne impression pour le
Piémont »…
Orléans 19 novembre
. Réflexions sur la vaillante lutte de l’Église contre la déliquescence des idées (Hegel), le
communisme, le voltairianisme : « Ce spectacle porte à croire que la société ne périra pas »…
11 décembre
. Approbation donnée
au coup d’État « sous le rapport de l’escamotage », sinon du point de vue politique. «C’est le cas ou jamais pour les hommes d’État
du Piémont de montrer qu’ils n’ont rien en commun avec la révolution. Je dois vous dire que par mes correspondances je vois
que le discours de votre ami
Cavour
a fait un déplorable effet en Europe. On le juge très sévèrement et je ne sais plus comment
le défendre »… Etc. On joint 2 L.A.S. de sa femme Valentine.
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