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René-Théophile LAËNNEC
(1781-1826) médecin, inventeur du stéthoscope. L.A. (la fin manque), Paris 24 juillet-
27 août 1810, à son père ; 4 pages in-4.
1.200/1.500
Longue et rare lettre, faisant une ferme mise au point avec son père.
Il écrit sa lettre en plusieurs fois car, étant très occupé mais « très-peu lucrativement », il est obligé d’aller beaucoup à pied
et perd beaucoup de temps, mais en un mot, « le principe des différends qui ont eu lieu dans notre famille vient de ce que vous
avez regardé vos intérêts comme étrangers aux nôtres, de ce que vous n’avez pas eu assez de confiance en nous pour croire
que nous savions ce que des enfans doivent à leur père, de ce que vous avez continuellement agi comme si en perdant le titre
de propriétaire vous perdiez tous vos moyens d’existence et comme s’il était moins honorable à un père de recevoir de ses
enfans ce que l’honneur leur commande de lui donner, qu’à des enfans d’être élevés par leur père. Je n’ai jamais pu attribuer
une défiance si pénible pour nous qu’à des conseils étrangers, et je vous avoue que je vois encore avec chagrin ma belle-mère
charger de ses intérêts un homme dont je vous ai entendu parler d’une manière peu avantageuse »… Laënnec n’est pas d’accord
avec son père en ce qui concerne leur compte de tutelle, et s’en réfère là-dessus au traité du 12 octobre. Les biens cédés par son
père sont chargés de dettes et exigent des réparations : cela signifie pour Laënnec la privation totale de ses revenus pendant
trois ou quatre ans, ou l’aliénation d’une partie des biens de sa mère ; n’ayant pas les mêmes ressources, son père n’aurait pas pu
conserver Klouarnec. Il conteste aussi ses remarques sur les créances et la succession de son frère… « Pour ce qui concerne mes
ressources personnelles, je puis avec de l’économie vivre de mon état et je regarde cela comme un rare bienfait de la providence,
car je ne crois pas que beaucoup de médecins ayent eu le même bonheur avant trente ans ; mais je ne puis pas employer la
moindre partie de ce que je gagne à l’arrangement de nos affaires. Je me trouve trop heureux de pouvoir y consacrer mon
revenu entier et mettre ma sœur en état de faire le même sacrifice »… Il renonce à répondre à d’autres articles des lettres de
son père, leurs manières de voir étant irréconciliables, mais une chose lui tient à cœur, le reliquat du compte de tutelle : « je ne
conçois pas que vous ayez pu prendre pour des promesses positives ce qui n’étoit que l’expression de notre bonne volonté et de
notre détermination à faire tout ce qui vous pourrait être le plus utile. Nous vous avons montré ces intentions dans des temps où
nous ne connaissions en entier, ni vôtre situation ni la nôtre, où nous pensions surtout que vos dettes étaient peu de chose par
comparaison à vos propriétés et que notre compte de tutelle consistoit uniquement dans la justification de l’employ des revenus.
[...] C’est là, je crois, le fond et l’esprit de toutes les ouvertures que nous vous avons faites sur ce sujet, soit en conversation soit
dans nos lettres. Je ne connais d’autre jurisprudence que celle de la conscience »…
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