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264.
Henri MATISSE
. L.A.S., Nice 10 juin 1943, [à Henry de Montherlant] ; 4 pages in-4, la dernière avec encadrement
décoratif au crayon rose.
6.000/7.000
Très belle et amusante lettre, en partie sur la préparation de
Pasiphaé. Chant de Minos
, avec gravures de Matisse
(Fabiani, 1944).
Il a ri de bon cœur des aventures de Montherlant à Cimiez et à Rochechouart : « lorsque vous êtes parti de chez moi,
vous étiez capable de toutes les étourderies ». Puis sur la photographe Laure Albin-Guillot : « Les photos de nus de Mme
Debin-Guillot [
sic
] me font rêver, c’est plutôt votre façon d’en parler qui m’allume. Où peut-on voir ces nus. Est-ce cette dame
qui habitait Grasse ainsi que votre esprit dernièrement, ce qui m’a bien peu servi pour ce que je devais faire avec quelques
heures de votre présence physique et morale ? » Il voudrait la voir, « avec ses si belles photos »…
Il a loué une villa à Vence pour se reposer : « Il y a 2 ans et 3 mois que je n’ai cessé de travailler excepté lorsque j’étais
en crise vésiculaire, ou que je m’en réparais. Je pars sans papier, sans crayon – seulement avec
Les Fleurs du Mal
que je dois
traduire en gravures. Je préférerais vivre avec Ch. d’Orléans – tout fini malheureusement ! Votre
P
[
Pasiphaé
] et
Minos
sont
terminés, vous en verrez les gravures bientôt ». Matisse demande comment présenter la « préface conférence » et la note.
Il faut patienter encore une quinzaine : « vous verrez du tout cuit. Et malgré que vous n’aimez pas la gravure sur lino, vous
serez probabl
t
satisfait. Savez-vous que je n’ai pu arrêter d’y travailler ou d’y penser, nuit et jour, depuis que j’ai eu votre
visite. 7 gravures pour
Minos
7 pour
Pasiphaé
et une suite de 15 gravures en annexe au volume – gravures dites “refusées”.
[…] Auriez-vous l’éclat, la richesse de la lumière du diamant ? Je ne vous ferez pas attendre, à la dernière touche vous verrez
la toute belle – et pourtant je n’en suis pas encore revenu comme vous m’avez balancé à votre dernier voyage »… Et de citer,
en l’encadrant d’arabesques au crayon rose, un amusant petit poème d’après un manuscrit de la Bibliothèque Nationale :
« Prenés en gré du manche de ma couille »… Et il ajoute : « (On ne me dit pas si c’est du Ch. d’Orléans). Pourquoi m’avez-vous
écrit dernièrement que je devrais illustrer les poèmes chinois et persans. Les persans je les connais un peu par la trad. de
Mardrus – mais les chinois où les trouver ? N.B. Allez-vous me croire la cervelle d’un vieillard obsédé – vous vous tromperiez
énormément. Quand j’ai travaillé pour votre livre des groupes dans les constellations j’ai fait ça comme de l’architecture dans
un paysage connu mais non regretté »…
Reproduction page ci-contre
265.
Henri MATISSE
. L.A.S. « Henri » avec 4 dessins à la plume, 18 août 1943, [à Henry de Montherlant] ; 2 pages obl.
in-8.
3.500/4.000
À propos de
Pasiphaé. Chant de Minos
, avec gravures de Matisse (Fabiani, 1944). Montherlant verra l’ensemble de leur livre
aussitôt que l’imprimeur aura composé la maquette avec les éléments définitifs qui sont en route sur Paris, et Matisse attire son
attention sur le choix d’un titre pour l’introduction, et l’emplacement des notes. « J’espère que mon gros travail (pensez que je
n’ai rien fait d’autre depuis que vous étiez à Nice – et que j’y ai pensé constamment. J’essaie en ce moment de m’en échapper)
vous intéressera. Mais vous n’aurez pas tout vu de ce travail. Quand vous viendrez à Grasse, je vous en ferai voir bien davantage.
C’est dire les études. À mon âge comme on ne sait jamais si on ne travaille pas à sa dernière œuvre, il faut la parfaire le plus
possible. J’ai toujours fait pour le mieux, mais en me donnant d’autres raisons ». Il demande où trouver les « explications relatives
à : 1° Les blessures des chiens deviennent des étoiles. (Il existe deux constellations celle du G. Chien et celle du Petit Chien, je
le sais.) 2° Un enfant fugitif s’en va par les chemins. 3° Au large de la nuit il est d’étranges îles pleines de rois pleurants qui lèchent
leurs morsures. Voulez-vous dire simplement pour ces derniers : il est des monarques solitaires qui souffrent comme de simples
humains ? »… Suivent 4 petits dessins représentant des têtes cornues, dont un amusant autoportrait.
Reproduction page ci-contre
266.
Henri MATISSE
. L.A.S., Vence 25 octobre 1944, à Henry de Montherlant ; carte postale avec adresses au dos.
500/600
Il a pu trouver une place pour Paris dans une auto : « j’en ai prévenu votre amie de Grasse qui m’avait prévenu de son
grand désir d’y aller. Elle avait une place pour lundi matin à Cannes dans la voiture d’un ami, je l’en ai fait prévenir plusieurs
jours à l’avance et elle n’avait pas donné de réponse, Dimanche soir. Je suppose qu’elle n’était plus chez elle et avait trouvé
une occasion de partir quand mon mot est arrivé. Elle est peut-être à Paris »…
267.
Guy de MAUPASSANT
(1850-1893). L.A.S., [1
er
mai 1884], à son ami Paul Bourget ; 1 page obl. in-12 (carte-
télégramme), adresse.
500/600
Il attendait pour lui répondre d’avoir vu Catulle [Mendès], qui sera libre dimanche : « Donc nous dinons ensemble. Mais
ce ne sera point dans mon logis, car je serai privé de domestique ce jour-là […] Catulle et moi avons donc choisi le restaurant
du père Latuille »…
268.
Guy de MAUPASSANT
. L.A.S., [25 novembre 1886], à Guillaume Dubufe ; 1 page obl. in-12 à ses initiales et adresse,
enveloppe.
500/600
« Merci – avec le plus grand plaisir. Excusez ce simple mot, je pars pour la chasse et j’ai peur de manquer le train »…