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106. LEONARDI (D. F.).
Le Delizie della villa de Castellazzo descritte in verso...
Milano
,
per Giuseppe Richino Malatesta
,
1743
, in-folio, demi-basane mouchetée, dos à nerfs, plats de papier, tranches lisses (
reliure de l’époque
).
Seule et unique édition séparée, peut-être imprimée à la demande de Giuseppe Antonio Arconati Visconti, le dédicataire.
« Les villas de délices ».
Les villas de Lombardie et plus particulièrement celles du Milanais (Les «
ville dei delizia
» – telles qu’elles furent définies au
XVIII
e
siècle par Marc’Antonio Dal Re et Pietro Verri) représentèrent pendant plus de trois siècles un phénomène marquant
de l’histoire de l’architecture et de la décoration, et plus généralement, de l’histoire de la culture et du goût. Le patriciat citadin
entendait y projeter ses propres attentes et se célébrer lui-même. Comme en Vénétie, un recensement minutieux de ces villas
a été réalisé, étudiant leur aspect historique et critique, distinguant leurs particularités de celles des autres régions.
Pour les plus importantes, elles furent érigées entre le XVII
e
et le XVIII
e
siècle, au début dans les périphéries de la ville, puis
vers les campagnes, et ce jusqu’aux lacs.
La Villa Arconati au Castellazzo de Bollate est un exemple particulièrement représentatif parmi les résidences les plus réussies.
Giovanni Ruggeri (
1665
-
1745
), le chantre de la magnificence.
Ruggeri est à la Lombardie, alors sous domination autrichienne, ce que Palladio est à la Vénétie. Il mit les œuvres lombardes
sur un pied d’égalité avec les exemples vénitiens, mais dans un horizon européen. Influencé par les architectes autrichiens,
Fisher von Erlach (
1656
-
1723
) et Hildebrandt (
1668
-
1745
), il réalisa quelques-uns des plus importants complexes du début du
XVIII
e
siècle, principalement autour de Milan, comme la Villa Arconati au Castellazzo de Bollate ou la villa Alari à Cernusco
sul Naviglio.
Fils de Giuseppe Ruggeri, stucateur et collaborateur de Carlo Fontana, Giovanni se forma à Rome, comme sculpteur puis
comme architecte. Profitant des relations de Fontana, il s’installa à Milan entre
1690
et
1691
.
Après avoir travaillé pour Giaconti Alari et les Visconti, pour leur palais dans le village fortifié de Brignano d’Adda dans la
région de Bergame, Giuseppe Arconati lui confia la transformation (
1722
-
1743
) de sa villa, bâtie dans la seconde moitié du
XVII
e
siècle sur une construction médiévale.
La « Villa Arconati ».
Dans un souci de gestion des dépenses, Ruggeri réunit les bâtiments existants en faisant construire une nouvelle «
Quinta
»,
qui permit d’obtenir une façade symétrique et d’unifier les ailes de la cour ainsi créée par une sobre décoration de style baroque
tardif. Ce ne fut pas un hasard si l’archiduc Ferdinand d’Autriche, gouverneur de l’État de Milan depuis
1771
, songea à acquérir
le Castellazzo devenu propriété des Busca.
Les jardins dessinés sur un schéma de la Renaissance italienne furent remaniés par le Français Jean Jauda selon Dal Re, qui sut
mêler les nouvelles tendances au dessin initial.
La création d’un grand parterre, l’agencement des bosquets, l’art topiaire et la manière dont sont construites les palissades et
les autres architectures végétales traduisent l’influence directe de l’œuvre de Dezallier d’Argenville,
La Théorie et la pratique
du jardinage
(
1709
), et donc du jardin français du Grand Siècle.
Les intérieurs, somptueusement décorés, notamment le salon des Fêtes, orné d’un cycle de Phaéton réalisé par les frères Galliani
entre
1750
et
1760
, abritèrent une importante collection de sculptures classiques, du Moyen Âge et de la Renaissance,
aujourd’hui dispersée.
Un portrait du dédicataire et propriétaire, Giuseppe Antonio Arconati Visconti, un plan général et
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vues du palais et des
jardins, l’ensemble gravé par Marc’Antonio Dal Re (
1697
-
1766
), le Vasi milanais.
Légendées en italien et en français, elles figurent l’entrée du palais, la cour, l’allée des citronniers avec la tour des eaux, le théâtre
d’Andromède, celui de Diane, le grand parterre, la volière, les dépendances, le parc des cerfs, la perspective des huit statues, les
Serrailles des fières
ou ménagerie, le théâtre d’Ercole, la galerie et le cabinet.
Chaque figure est animée de personnages isolés ou groupés. Excepté le portrait, le cycle iconographique est repris de celui de
l’édition de
1743
des
Ville di Delizie
.
Texte en vers par l’abbé Leonardi.
Exemplaire bien conservé, dont les planches ont été superbement coloriées et rehaussées d’or à l’époque, selon la tradition.
Reliure fragile avec petits manques au dos.
Dimensions :
365
x
236
mm.
Katalog Berlin,
3496
; Cicognara,
4030
; Millard, IV,
33
Ville di delizie
», éd.
1743
) ; Masson,
Italian Gardens
,
1987
, p.
252
;
Matteucci (A. M.),
Quelques réflexions à propos du jardin baroque et rococo en Italie
, p.
144
(« ... Giovanni Ruggeri, initiateur
en Lombardie d’un chapitre extraordinairement intéressant dans le domaine des villas résidentielles ») ; Cassanelli (R.),
Villas
de charme dans la province de Milan
,
2004
, pp.
13
-
49
.