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9 [BECCARIA (Cesare)]. Traité des délits et des peines. Traduit de l’italien, d’après la troisième édition, revue, corrigée
et augmentée par l’auteur. Avec des additions de l’auteur, qui n’ont pas encore paru en italien.
Lausanne
, s.n.,
1766.
In-12, veau blond marbré, dos lisse orné, tranches rouges (
Reliure de l’époque
)
.
4 000 / 5 000
Édition originale de la première traduction française, par l’abbé Morellet, de cet ouvrage essentiel pour le droit
pénal moderne.
Beccaria y montre les iniquités de la justice criminelle, par l’inégalité devant le châtiment, l’atrocité des supplices, les peines
infamantes, etc. Il demande la proportionnalité des peines et des délits, la séparation du pouvoir judiciaire et du pouvoir
législatif.
Précieux exemplaire offert par Morellet à Jean-Sylvain Bailly, célèbre astronome et premier maire de Paris, avec sa
signature autographe sur le titre. Revenu après son exécution en possession de l’abbé Morellet, celui-ci a inscrit sur un
feuillet de garde :
cet exempl. de ma traduction a appartenu au malheureux Bailly, mon confrère à l’Académie, qui le tenoit
de moi. Morellet
.
Cette association du nom et du sort de Bailly au
Traité des délits et des peines
de Beccaria, le premier pénaliste à mettre en
doute la légitimité de la peine de mort, est particulièrement frappante. Voulant contenir l’agitation républicaine à Paris
après la fuite à Varennes, Jean-Sylvain Bailly (
1736
-
1793
) proclama la loi martiale dans sa ville de Paris et fut à l’origine
de la fusillade du Champ-de-Mars. Ayant démissionné de ses fonctions en novembre
1791
, il fut arrêté en juillet
1793
; son
refus de témoigner à charge lors du procès de Marie-Antoinette provoqua alors sa perte : il fut sommairement jugé les
9
et
10
novembre
1793
et exécuté dès le lendemain sur le Champ-de-Mars, où avait symboliquement été déplacée la
guillotine.
Le volume appartint ensuite au duc de Montpensier, Antoine d’Orléans (
1824
-
1890
), avec ex-libris à San Telmo, qui
l’offrit à son ancien précepteur en y inscrivant cet envoi :
Souvenir de la triste journée du 17 janvier 1871, à mon excellent
ami Antoine de Latour, Antoine d’Orléans, San Telmo, 17 janvier 1871.
Celui qui avait accompagné le fils de Louis-Philippe lors de son voyage en Orient comme dans son exil espagnol, Antoine
Tenant de Latour (
1808
-
1881
), est par ailleurs l’auteur de la traduction de
Mes Prisons
de Pellico en
1833
.
Des bibliothèques Georges Emmanuel Lang (
1926
, II, n°
333
) et E. Bruell, avec ex-libris.
Second plat taché, mors restaurés.