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AUTOGRAPHES
&
DOCUMENTS
1.
DEBUSSY
(Claude). Manuscrit autographe signé [adressé aux directeurs de la maison allemande
d’éditions musicales Schott]. Paris, 18 septembre 1910. 1/2 p. in-8, fente à une pliure. 4.000/5.000
«
C
YRILL
S
COTT
EST UN DES
PLUS
CURIEUX ARTISTES DE
LA GÉNÉRATION
PRÉSENTE
.
Ses recherches de rythmes, sa technique,
sa façon même d’écrire, pourront sembler bizarre et déconcerter à première vue. Pourtant, une «obstinée rigueur» le fait
aller jusqu’au bout de cette particulière esthétique qui n’appartient vraiment qu’à lui.
C
ETTE
MUSIQUE
SE
DÉROULE
UN
PEU
À
LA
FAÇON
DE
CES
RAPSODIE
JAVANAISES
,
LESQUELLES
,
AU
LIEU
DE
S
ENFERMER
DANS
UNE
FORME
TRADITIONNELLE
,
SE
DÉVELOPPENT
SELON
LA
FANTAISIE
D
UNE
ARABESQUE
INNOMBRABLE
.
Et les aspects
incessamment changeants de la mélodie intérieure sont une griserie pour l’oreille, à laquelle on ne peut résister. C’est
beaucoup plus
[qu’il]
n’en faut pour qu’on puisse faire con
fi
ance à ce musicien si fortement averti quoique encore très
jeune... »
C
YRIL
S
COTT
, «
LE
D
EBUSSY
ANGLAIS
» :
« compositeur anglais, Cyril Scott (1879-1970), après des études au
Conservatoire de Francfort, avait fait sensation par ses premières œuvres pour piano et ses mélodies. Il était
aussi poète, se passionnait pour la philosophie orientale et l’occultisme. M
me
de Saint-Marceaux, qui l’avait
produit dans son salon en 1904, écrivit dans son journal : «Il ne jure que par Debussy, c’est son maître et son
dieu.» » (Denis Herlin).
Claude Debussy,
Correspondance
, établie par François Lesure et Denis Herlin, Paris, Nrf, 2005, pp. 1315-1316,
note n° 4 de la lettre n° 1910–113, qui cite
in extenso
le présent manuscrit.
2.
[DEBUSSY].
– COLETTE (Sidonie Gabrielle). Copie autographe, s.d., d’une lettre de Claude
Debussy à Henri Gauthier-Villars dit WILLY datée de Paris le 10 octobre 1895.
500/600
U
NE DES
PLUS
BELLES
LETTRES DE
D
EBUSSY
,
CITANT UN VERS DE
M
ALLARMÉ
.
«
L
E
«P
RÉLUDE À
L
APRÈS
-
MIDI D
UN
FAUNE
» ?
C’
EST
PEUT
-
ÊTRE
CE QUI
EST RESTÉ DE RÊVE AU
FOND DE
LA
FLÛTE DU
FAUNE
?
P
LUS
PRÉCISÉMENT
,
C
EST
L
IMPRESSION
GÉNÉRALE
DU
POÈME
,
car à le suivre de plus près la musique s’essou
΁
erait ainsi
qu’un cheval de
fi
acre concourant pour le Grand Prix avec un pur-sang.
C’est aussi le dédain de cette «science de castors» qui alourdit nos plus
fi
ers cerveaux ; puis c’est sans respect pour le
Ton !
ET
PLUTÔT DANS UN
M
ODE QUI
ESSAYE DE
CONTENIR
TOUTES
LES NUANCES
,
ce qui est très logiquement démontrable.
M
AINTENANT
,
CELA
SUIT
TOUT DE MÊME
LE MOUVEMENT ASCENDANT DU POÈME
,
et c’est le décor, merveilleusement décrit au
texte, avec, en plus, l’humanité qu’apportent trente-deux violonistes levés de trop bonne heure. La
fi
n, c’est le dernier
vers prolongé :
«Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devines»
Je m’aperçois que le souci de répondre à votre lettre si gentiment pressante va me priver de tout ce que vous pouviez dire
sans moi et je ne veux nullement attenter à votre liberté...
Une manie ! Je tiens à «Debussy», et non à «de Bussy». »
Également critique musical, l’écrivain Willy fut un défenseur de la musique moderne, notamment des
œuvres de Debussy. Colette, dont il fut le premier mari, avait également une passion pour la musique, et, de
tous les compositeurs qu’elle rencontra, conserva une préférence pour Debussy, évoqué plus tard dans
Mes
apprentissages
(1936).
Claude Debussy,
Correspondance complète
, Paris, Nrf, 2005, n° 1895-57, pp. 278-279, pour l’autographe, avec
mention « anc. coll. Colette ».