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GENET (Jean). [
Querelle de Brest
].
Sans lieu ni date
[vers 1946-1947].
Dactylogramme et manuscrit autographe.
Précieux manuscrit de travail de
Q
uerelle
de
B
rest
.
Il se compose de 102 feuillets d’ajouts autographes et 238
feuillets dactylographiés portant, pour certains, des corrections de la main de Jean Genet.
Cette version de travail du roman renferme des passages inédits.
Elle correspond à près des trois quarts du roman publié, soit environ 200 pages sur les 276 de l’édition parue dans la collection
L’Imaginaire
chez Gallimard en 1981 (laquelle offre la première version du livre, telle qu’elle fut éditée par Paul Morihien, avant
censure et remaniement par l’auteur lui-même pour les Œuvres complètes).
Cette version intermédiaire se distingue par de nombreux ajouts par rapport à la version primitive. Elle a manifestement servi à
Mme Caquet, la dactylographe en charge de la frappe du roman, afn d’établir la version qui fut utilisée par l’éditeur originel,
Paul Morihien. Ce dernier publia le livre pour la première à fois à Paris en 1947, avec 29 dessins érotiques non signés de Jean
Cocteau.
L’ensemble provient de la collection de Jacques Guérin qui avait acquis, en 1947, le manuscrit autographe de premier jet ; sans
doute Genet lui céda-t-il, en même temps, ces documents de travail.
L’écrivain et le bibliophile se rencontrèrent par l’intermédiaire du libraire Roland Saucier. Ce dernier avait soumis à Jacques
Guérin deux livre nouvellement parus, dont le premier passait pour un chef-d’œuvre :
Les Amitiés particulières
de Roger
Peyreftte et
Notre-Dame des feurs
de Jean Genet. Après lecture, Guérin dit à Saucier : « Vous faites erreur, le chef-d’œuvre c’est
le livre de Genet. L’autre n’est qu’
une aventure.
 »
Lorsque Jean Genet et Jacques Guérin se rencontrèrent enfn, ce dernier demanda à lire le manuscrit en cours,
Querelle de
Brest
– alors encore intitulé
Tonnerre de Brest.
Il l’acquit peu après. Par la suite, Genet lui offrit les manuscrits du
Journal du
voleur
et de
Pompes funèbres.
« Genet écrivit
Querelle
presque en même temps que
Pompes funèbres,
durant ces années fastes (1942-1948) où il produisit
plus de la moitié de son œuvre à une cadence effrénée. Cocteau lui avait dit : « Tu es un très mauvais voleur puisque tu te fais
toujours prendre, mais tu es un grand écrivain. Travaille. » Ce qu’il ft. (…)
Ce livre n’est pas seulement fction romanesque, mais aussi quête onirique, album de souvenirs parcouru de frissons et de
fantasmes, de délires et de fxations obsessionnelles. Héros de la saga homosexuelle, Querelle n’est pas Genet, mais Genet
voudrait être Querelle. Jamais l’auteur ne nous avait livré autant de lui-même » (
Bibliothèque Jacques Guérin,
VII, 1992, nº 34,
à propos du manuscrit autographe de premier jet).
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