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C’était dans les années soixante, au temps où “le ventre de Paris” s’apprêtait à quitter les pavillons Baltard pour bientôt laisser béant, durant des lustres, le trop fameux “Trou des Halles”. Avant même d’être gagné par la friche, l’espace se couvrait de quelques projets. Âgé d’une vingtaine d’années, étudiant à l’École Spéciale des Travaux Publics et du Bâtiment et à l’Institut d’Urbanisme, Alain Fourquier avait planté symboliquement, dans le parking Beaubourg, un arbre – qui ne survécut que le temps d’un été – et agitait ses idées sur l’aménagement et l’urbanisme parisiens, dans les colonnes de Combat et des Nouvelles Littéraires . Ces recherches le menèrent en bibliothèque pour consulter plans et livres anciens sur le Paris d’hier. De ces découvertes naquit sa passion bibliophilique, toujours entretenue, au gré de ses disponibilités variables de temps et de moyens, et jamais éteinte jusqu’à ses derniers jours.
La visite guidée qu’il nous invitait à suivre sur ses rayons excitait la curiosité, passant de quelques Corrozet ( Les Antiquitez, histoires et singularitez de Paris , cinq éditions du XVI e siècle, dont l’édition originale de 1550 et l’édition défnitive de 1561) à La Guide de Dechuyes (1654) ; du Livre commode des adresses (1692) de Nicolas de Blegny – ouvrage saisi et détruit en raison des indiscrétions qu’il contenait – au Watin, État actuel de Paris ; de Prévost de Saint Lucien (1789), des “canards” relatant l’inondation de la Bièvre (1579) ou l’incendie du Pont-au-change (1621) à la Plainte des floux à nos seigneurs les réverbères (1769) ; de la Dissertation sur les eaux de la Seine (1787) au projet de Tour en fer de 300 mètres de hauteur (1885), d’un certain Gustave Eiffel, etc. Le badaud égaré parmi tant de découvertes pouvait aussi se raccrocher aux classiques de l’histoire ou des descriptions de Paris signées Du Breul, Malingre, Brice, La Mare, Jaillot, Sauval, Piganiol de la Force, l’abbé Lebeuf, Dezallier d’Argenville, etc. De Louis-Sébastien Mercier et Alfred Delvau, notre collectionneur a même exploré les œuvres plus avant, hors “parisiana”, réunissant de nombreux titres parfois peu courants comme, pour le premier, son Bonnet de nuit (1784) et, moins connu, son Bonnet du matin (1787). Pour les cartes et plans de Paris et de ses environs, qu’il affectionnait tant, il réunit les plus fameuses pièces de La Caille, Turgot, Robert de Vaugondy, Jaillot, Roussel, Verniquet, Vasserot & Bellanger, Jacoubet, etc. Des projets d’aménagements parisiens – sur lesquels l’urbaniste qu’il était, à la tête d’un cabinet d’études, portait un œil d’expert – surgissaient des textes signés Patte, Baltard, Brongniart, Krafft, Alphand, etc. Notre collectionneur était aussi modeste et réservé qu’avisé et exigeant, appréciant quelques provenances bien choisies. Ainsi, de la Bibliographie parisienne (1887) de Paul Lacombe, détenait-il l’exemplaire de l’auteur lui-même,
interfolié de lettres et annotations. Et d’autres exemplaires à l’avenant, comme le recueil des Documents relatifs aux travaux du palais de Justice et à la reconstruction de la préfecture de Police (1858) relié pour le baron Haussmann, avec son chiffre doré sur les plats.
La volonté de présenter sa collection par thèmes et chronologiquement illustre bien la démarche bibliophile personnelle d’Alain Fourquier. Celle-ci l’a amené, dans le temps, des cartes et plans à l’histoire de Paris ; puis à la topographie, à l’architecture et à l’urbanisme, enfn à tout ce qui traitait de la vie quotidienne des Parisiens (assainissement, éclairage, petits métiers, Paris canaille, etc.) – à travers récits et chroniques, fctions littéraires et visions d’artistes. De tous ces regards sur la ville, celui des photographes l’a particulièrement retenu - suscitant chez lui une nouvelle passion, pour la photographie des origines à la fn du XX e siècle.
Et, pour étudier et analyser l’évolution des connaissances sur la capitale et de ses aménagements successifs, un itinéraire raisonné, sans anachronisme, s’est imposé. C’est aussi celui qu’il nous invite à suivre.
Ainsi, cette collection constituée au fl de presque un demi-siècle d’une quête obstinée auprès des libraires, des salles de ventes, des foires, marchés et salons, refète autant la passion que la raison de celui qui l’a réunie. Tout ce qu’il a acquis trouvait, sur ses rayons, une place légitime. Donnait un sens à cet ensemble digne du titre, qu’il méritait depuis longtemps, de “Bibliophile Parisien”. À cette enseigne, il publia ces dernières années quatre ouvrages, en laissant plusieurs autres en chantier, dont une bibliographie des Projets de Métro à Paris avant 1900 , recensant déjà sur ce sujet quelque 150 écrits.
Car sa bibliophilie était vivante, dynamique. Il cherchait à la faire partager. Membre actif du Gippe – qui créa le fameux Marché Brassens –, il fut un des maîtres d’œuvre du Salon de la Bibliophilie que lança cette association en 1994. Dans son bulletin, il écrivit régulièrement des articles. Puis il ft partie de l’équipe du Magazine du bibliophile dès sa création en 2000, où, notamment dans sa rubrique mensuelle intitulée Propos d’un collectionneur , il livra sur les sujets les plus variés de la bibliophilie de pertinentes analyses et réfexions, nourries de tant de connaissances et expériences acquises.
C’est assez dire que les amateurs seront honorés, à l’occasion de la présente dispersion, d’une éminente provenance.
Jacques RENOUX
Au “Bibliophile Parisien”
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