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Un essai controversé sur les Américains
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PAUW (Cornelius de).
Recherches philosophiques sur les Américains
, ou Mémoires intéressants pour servir à l’histoire de
l’espèce humaine. Nouvelle édition, augmentée d’une dissertation critique par Dom Pernety, & de la défense de l’auteur des
Recherches contre cette dissertation.
Berlin, 1774
.
3 volumes in-12 : maroquin rouge, dos lisses ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert, triple filet doré encadrant
les plats avec armes dorées au centre, coupes filetées or, bordures intérieures décorées, tranches dorées
(reliure de l’ époque)
.
«
La meilleure édition » (Leclerc).
L’ouvrage a paru pour la première fois en 1768, suscitant une vive polémique. Cette nouvelle édition est notamment enrichie
de la critique de Pernety contre les
Recherches philosophiques,
avec une pagination séparée et une page de titre particulière datée
par erreur de 1764, ainsi que de la
Défense
de Cornelius de Pauw.
Philosophe hollandais, Cornelius de Pauw (1739-1799) suscita par ses diverses
Recherches philosophiques
des controverses
importantes. Il soutient dans son ouvrage qui n’est autre qu’un essai d’ethnologie comparée, la thèse de la dégénérescence de
toutes les espèces vivantes en Amérique, d’où la polémique avec Dom Pernetty qui croyait à l’existence de véritables géants.
À propos de la thèse de Cornelius de Pauw, Carlos Quesada résume bien son ambiguïté et ses contradictions en écrivant que
« d’un côté, il prétend faire œuvre d’anthropologue et d’historien, mais d’un autre côté il cherche systématiquement à établir
la supériorité absolue de la civilisation européenne sur la vie sauvage ».
Ayant en grande estime Pauw et son livre, Diderot et d’Alembert l’engagèrent à les seconder dans le
Supplément
de l’Encyclopédie
qu’il enrichit de plusieurs articles.
L’ouvrage est aussi fameux pour sa charge contre les écrivains voyageurs.
« On peut établir comme une règle générale, que sur cent voyageurs, il y en a soixante qui mentent sans intérêt, & comme par
imbécillité ; trente qui mentent par intérêt, ou si l'on veut par malice ; & enfin dix qui disent la vérité, & qui sont des hommes
(…). Dans cette foule importune de voyageurs qui se mêlent d'écrire, il s'en trouve si peu qui méritent d'être lus ; mais cela
n'est pas étonnant, lorsqu'on réfléchit que ce sont ordinairement des marchands, des flibustiers, des armateurs, des aventuriers,
des missionnaires, des religieux qui servent d'aumôniers sur les vaisseaux, des marins, des soldats, ou des matelots même :
l'histoire naturelle, l'histoire politique, la géographie, la physique, la botanique, sont pour la plupart d'entre eux comme les
Terres Australes, dont on entend toujours parler & qu'on ne découvre jamais" (
Défense
, pp. 181-182) ».
Bel exemplaire en maroquin rouge du temps sur lequel on a frappé, postérieurement, les armes de Marie-Jean-Louis de
Riquet, chevalier de l’ordre de St Louis en 1760 et brigadier des armées du Roi en 1768.
(Broc,
Géographie des philosophes,
p. 190.- INED, 3495 : pour l’édition de 1771.- Sabin, n° 59246).
2 000 / 3 000
L’honneur d’un cartographe
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ANVILLE (Jean-Baptiste Bourguignon d’).
Mémoire
sur la Chine
.
Pékin et Paris, chez l’auteur, 1776
.
In-8 de 47 pp. : veau marbré, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, coupes
décorées, tranches marbrées
(reliure de l’ époque)
.
Edition originale.
Le plus fameux cartographe des Lumières défend les cartes qu’il a dressées pour la Description de la Chine de
du Halde (cf. n° 62 de ce catalogue).
L’affaire est d’importance car, « pour du Halde et ses contemporains, les cartes forment la partie la plus intéressante et la plus
nouvelle de l’ouvrage ; la plus solide aussi et cet
Atlas de la Chine
pourrait presque, à lui seul, résumer l’œuvre géographique
des Jésuites en Extrême-Orient » (Numa Broc). Le maître d’œuvre de la
Description de la Chine
ayant reçu des cartes dressées
notamment par les différents missionnaires, il fit appel à d’Anville afin de les réduire à la même échelle et de les préparer pour
la publication. Le cartographe ajouta de nombreux détails tirés de son propre fonds. Et, comme le souligne Numa Broc, « à
cette occasion, il remaniait toute la géographie de l’Asie centrale en essayant d’harmoniser les déterminations des Jésuites avec
celles des géographes orientaux. »
Quand parut la
Description
en 1735, elle fit l’objet de critiques, notamment sa partie cartographique. Le plus grincheux des
opposants fut l’érudit Fréret – d’où cette défense et illustration de son travail par d’Anville lui-même, plus de quarante ans
plus tard…
Exemplaire très pur intérieurement. Reliure restaurée. Ex-libris
G.C.L. Ross.
(Lust, nº 154 : « Defence of the data from Jesuits, etc., on which d’Anville’s maps were based, specifically of the general map
of China, and which were inserted in Du Halde’s work, against a strong attack by an unnamed editor ».- Broc,
Géographie des
philosophes,
pp. 146-150.- Cordier,
Sinica
, 187.)
1 000 / 2 000
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