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64 LIVRE DIT
Brouillon de ce livre inédit
composé de 32 pages dont
11 pages entièrement autographes
de
Marguerite Duras, les autres sont dactylographiées avec de longs passages rajoutés autographes (sans
lieu ni date 1980-1981) 21/29 cm. Ratures et corrections. Déchirure dans l’angle supérieur droit de la
première page, enlevant 2 fins de ligne, certaines pages sont réécrites. La chemise porte la mention
autographe : « brouillons du « Livre dit ».
20 000 / 30 000
« Le Brouillon du Livre dit » est la première ébauche d’un montage de textes issus pour une part du décryptage de
Duras
filme
, réalisé en 1981 par Jean Mascolo, son fils, et Jérôme Beaujour sur le tournage
d’Agatha et les lectures illimitées
.
Aux thèmes abordés par le film : l’inceste, le désir et l’interdit s’y ajoutent les extraits d’un dialogue entre Marguerite Duras
et son compagnon Yann Andréa ainsi qu’un texte qu’elle adresse à celui-ci autour de l’homosexualité et de l’écrivain
Roland Barthes. Il paraît vraisemblable que « Le Brouillon du Livre dit », laissé en l’état, préfigure le travail que Marguerite
Duras reprendra cette fois ci avec Jérôme Beaujour en 1986 pour
La Vie Matérielle
.
Sous forme de dialogue avec Yann Andrea elle parle de l’inceste, l’interdiction, l’amour, la liberté, et le désir. Dans un
monde où tout tend à interdire l’interdiction, elle considère qu’il y a une « dilution d’aimer » « aimer devient aimable, pra-
tique. « Comprendre » devient la clef d’une vaste entente conciliatoire… les femmes ne regardent plus les hommes - les
hommes pâles et lisses se réfugient dans le grand hôpital de l’homosexualité… ». Elle considère que la libéralisation des
mœurs entraine un appauvrissement du sentiment ; « libéraliser c’est punir la liberté … c’est la voie la plus sure vers la
mort… le désir est de nature immortelle c’est un échange entre des sexes différents… son échec c’est l’homosexualité… ».
Suit un long développement sur l’hétérosexualité et l’homosexualité qui, pour elle, en est une parodie affaiblie.
L’hétérosexualité c’est « cette tentative impossible de se réconcilier depuis des siècles qui fait la grandeur du couple, c’est
de cela dont j’ai toujours été inconsolable… ». Elle parle ensuite du tournage d’Agatha avec Bulle Ogier qui est « mer-
veilleusement infinie », des Roches noires, de Proust, de la longueur des films, de la vieillesse « âge le plus surprenant de
la vie, le plus libre, le plus vaste, le plus sauvage, la mort n’est pas un problème… » Les 3 dernières pages traitent des rela-
tions entres les femmes aimant des homosexuels, puis elle termine sur Roland Barthes.