Page 55 - Mise en page 1

Version HTML de base

274 LORRAIN, Jean. (Paul Duval dit). L.a.s, sur papier in-8
à en tête de l’Hôtel Suisse, à Genève, datée du 28 août
1892. Adressée à un des deux frères Nathanson, fon-
dateurs de la Revue Blanche, probablement Thadée
Nathanson, dont l’épouse Maria Godebska, dite Misia,
a servi de modèle à quelques couvertures de cette
revue. (24 lignes)
300 / 400
“En route pour les châteaux du Roi de Bavière, Les Châteaux!?
Je ne puis rien vous envoyer car mon appartement est fermé et
mon personnel (un valet de chambre, le seul garde!) en congé
pour deux mois… Mais je peux écrire à une amie qui a un
exemplaire du Conte… S’il vous plaît, j’ai de quoi compléter,
mais cette Princesse sous Verre est à mon avis (je ne mouche
pas du pied) la Perle de l’Ecrin. Si fade et si veau froid que soit
la Suisse qui fait sa cuisse (c’est du Montesquiou) oh combien
je préfère les lacs aux falaises et aux galets des glaciers.
Voulez-vous mettre aux pieds de Madame Nathanson votre
Jean Lorrain”.
275 LORRAIN, Jean. (Paul Duval dit). L.a.s adressée à
Maurice Talmeyr, écrivain et journaliste. In-12, 16
lignes. Datée du 20 novembre (1891).
150 / 200
“C’est la guigne noire, mon cher Talmeyr, vous prenez la peine
de me venir voir en mon lointain Auteuil, et vous tombez sur la
répétition de la Mégère Apprivoisée … C’est ma mère qui a eu
la rare aubaine de vous recevoir… Je vais tâcher d’organiser
occasion mangeatoire de vous retrouver avec vos amis Forain
et Chevassu…”
M. Talmeyr (1850-1931) était membre de la Société des Gens
de Lettres, et … de la Ligue Française anti-maçonnique.
276 LORRAIN, Jean. (Paul Duval dit). L.a.s, écrite sur les
quatre faces de 2 cartes de deuil. 40 lignes.
300 / 500
“Parfum persistant est dur, cher Monsieur, et me prouve que de
mes quelques obscures œuvres vous n’avez trouvé plaisir
qu’aux Modernités, où votre flair sagace a été droit aux truffes,
négligeant les iris de la Forêt Bleue et les odeurs d’étable des
Lépillier. Quant à cette froideur méprisante de la femme que
vous remarquez dans ce malheureux Ophélius, vous pouvez la
remarquer dans tous mes livres, s’étendant à tous les sexes, les
monstres exceptés qui moraux ou physiques m’intéressent ! …
Les vrais vicieux sont chastes, car être vicieux, c’est vouloir être
un autre et ailleurs…
Si vous n’avez pas égaré les vers que j’avais joints à ce terrible
Ophélius vous n’aurez trouvé dans ces parcs dix-huitième
Devant un Fragonard / Embarquement
et un intérieur par Huysmans aucun parfum persistant et per-
vers (pardon pour ce mot démodé) parfum qui… n’offusque
que chez moi, car Tailhade, Verlaine et etc.. brûlent dans leurs
encensoirs mystiques un singulier encens qui a plus l’odeur du
marronnier en fleurs que celle du cinnamone et de myrrhe…”
Remarquable lettre de Lorrain qu’il faudrait citer entièrement.
277 LORRAIN, Jean. (Paul Duval dit). L.a.s. datée du 8 mai
(1892). Sur les 4 faces de 2 cartes. (35 lignes).
200 /300
- “… Je n’ai pu aller au Select Théâtre vendredi : dès que je suis
enfermé quelque part, il me faut m’en aller. ailleurs car ailleurs
est mon véritable mal, et c’est de n’être pas ailleurs que je souf-
fre … L’être qui m’a fait tant de mal sans le vouloir a disparu de
Paris … Je suis maintenant en proie à une terrible lassitude, je
dors tout debout. Ah! si je n’avais pas une mère, comme je
serais demain exilé de ce pays maudit, engagé dans la Légion
Etrangère, et comme je romprais avec tous et avec tout pour
m’abîmer dans le lumineux ennui de l’Orient …
Pour Goncourt, un soir que je l’aurai à dîner je vous ferai signe,
la présentation chez moi sera toute facile, car le Grenier est
assez fermé et vous y conduire un mercredi est trop femme du
monde…”
- Joint : une carte postale avec quelques mots, signée, datée
de Nice 1909.
278 LORRAIN, Jean. (Paul Duval dit). Lettre autographe
datée mardi 27 X, au marchand d’art asiatique de
Toulouse Armand Logé. 4 pages 150 x 111 mm.
150 / 200
“Je ne vous oublie pas. Mais une telle vie, de tels tracas. Je
passe maintenant la moitié de l’année à l’étranger, car Paris et
les Dreyfusards me dégoûtent tellement. Je n’aime plus la
France, je ne m’y plais plus. J’ai passé tout l’automne à Venise
et en Allemagne…”
53
277