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118 CORAN. — BIBLIANDER (Theodor). Machumetis Saracenorum principis, eius’ que successorum vitae, doctrina,
ac ipse Alcoran. – Confutationes legis Mahumeticae, quam vocant Alcoranum. – Historiae de Saracenorum sive
Turcarum origine, moribus, nequitia, religione, rebus gestis. S.l.n.n. [Zurich ?],
Anno salutatis humanae, mars 1550
.
3 parties en un volume in-folio, reliure à la grecque en maroquin rouge sur ais, décor à la Du Seuil, armoiries au
centre, dos lisse orné de filets et d'un fleuron répété, tranches dorées, traces d’attaches (
Reliure du XVII
e
siècle
).
3 000 / 4 000
S
ECONDE ÉDITION DU RECUEIL DE
B
IBLIANDER
,
OUVRAGE TRÈS IMPORTANT CAR IL RENFERME LA PREMIÈRE IMPRESSION DE
LA VERSION LATINE DU
C
ORAN
.
Le recueil, qui rassemble l’essentiel des connaissances de l’époque sur l’islam et les Ottomans, se divise en trois parties,
chacune avec un titre particulier et une pagination séparée. La première s’ouvre sur une préface de Melanchthon et une
Apologia pro editione Alcorani
par Bibliander, et contient principalement la traduction du texte coranique. Dans la
seconde partie, se trouvent des œuvres polémiques visant à réfuter la doctrine musulmane. Enfin, la dernière partie
comprend un avis au lecteur de Luther et des textes consacrés aux mœurs et institutions des Turcs.
La traduction et l’impression en latin du livre sacré de l’islam constitua une entreprise éditoriale des plus ambitieuses.
La toute première version latine du Coran remonte à 1142-1143. Elle fut établie par Robert de Rétines, appelé aussi
Robert de Ketton, à l’instigation de Pierre le Vénérable, un abbé de Cluny. Elle circula sous forme manuscrite durant
tout le Moyen Âge, et ce jusque dans les années 1530-1540, date à laquelle l’humaniste luthérien Theodor Bibliander,
en remania le texte et décida de l’imprimer. Sa publication, qui intervint au moment où la guerre faisait rage entre les
puissances occidentales et l’empire ottoman, s’avéra mouvementée. Bibliander dut en effet demander la protection de
ses amis Melanchthon et Luther pour mener à terme son projet, mais surtout fut obligé d’accepter des conditions très
strictes des autorités concernant l’édition de ce texte. En 1543, son recueil sortait des presses de Johannes Oporin, à Bâle.
Sept ans plus tard, il livrait au public cette seconde édition, corrigée et remaniée.
T
RÈS BEL EXEMPLAIRE DANS UNE RELIURE À LA GRECQUE EN MAROQUIN SUR AIS
.
Bien qu’elle ne porte aucune mention d’appartenance à Jacques-Auguste de Thou, la reliure à la grecque trahit son goût
particulier et correspond à la description qu’en fait Antoine Coron dans une de ses études sur la bibliothèque de de Thou.
Il indique ainsi que les reliures à la grecque de cet amateur,
d’abord semblables, quant aux plats, à celles courantes en
maroquin, portant les armes thuaniennes encadrées d’un triple filet doré, comportent, à partir de 1606 au plus tard,
une ornementation à la Du Seuil avec, aux angles, un fleuron aux petits fers, ou bien le chiffre et les armes réduites.
Il dit aussi que ce décor,
type achevé de la reliure d’amateur au XVII
e
siècle, était toujours appliqué, chez de Thou, sur
des corps d’ouvrages à l’archaïsme délibéré, poussé jusqu’au détail des triples lanières en cuir tressé, habituelles sur
les reliures à la grecque italiennes et que l’on trouve à l’identique sur certains exemplaires de la bibliothèque de Henri
II
(« Jacques-Auguste de Thou et sa bibliothèque », dans
Histoire des bibliothèques françaises
, II, 2008, pp. 144-145).
De plus,
L
EXEMPLAIRE PORTE LES ARMOIRIES DU MARQUIS
C
HARRON DE
M
ÉNARD
, lequel acheta la majeure partie des livres
de de Thou vers 1680.
En 1709, comme l’ensemble de la collection Ménard, le volume entra dans la bibliothèque du prince de Soubise : il porte
sa cote au crayon sur la première garde et figure à son catalogue (1788, n°1827).
Brunet, III, 1309, cite notre exemplaire.
Ex-libris manuscrit à l’encre rouge, du XVII
e
siècle, sur le titre :
Chavenon
.
Dans la troisième partie, il manque malheureusement les feuillets cc
3
-
4
, correspondant aux pages 29-32.
Légères rousseurs. Minime défaut à un mors, frottements.
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