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LIVRES & AUTOGRAPHES Hôtel Drouot
25 avril 2014
310.
JOAQUIM SUNYER
(1874-1956)
Peintre catalan.
7 lettres autographes signées « Susu » dont certaines avec DESSINS, Barcelone et Sitges janvier-octobre 1955 et s.d., à Michel
BARBAZANGES ; 17 pages formats divers (manques dans une lettre par corrosion de l’encre) ; en français.
BELLE CORRESPONDANCE AMICALE. Michel Barbazanges (1905-1987), fils du galeriste Henri Barbazanges (1877-1944) chez qui
Sunyer fit sa première exposition parisienne, est sur le point de partir s’installer à Papeete avec sa famille ; l’éloignement de son ami
affecte Sunyer. Cette destination exotique occasionne quelques réflexions sur l’opposition entre la civilisation et les contrées primitives
idéalisées. Les deux amis échangent des tableaux… Sunyer travaille à la préparation de la 3e Biennale d’Art Hispano-américaine qui
se tiendra à Barcelone à l’automne…
Sitges, décembre [1954 ?]. « Au verso tu verras l’étrange masure qui me sert d’atelier. C’est vraiment fantastique. Je pourrais y amener
des touristes et leur raconter, avec la voix monotone d’un guide, des histoires fabuleuses et ramasser quelques petits pourboires »
[DESSIN de son atelier à l’encre noire au dos de la page, qqs manques]… Il remercie pour l’envoi des châssis ; il s’est mis à travailler
au grand tableau : « ce n’était vraiment qu’une esquisse et encore très molle […] ça manque de construction de dessin et surtout
d’affirmation et d’affermissement. Je crois avoir beaucoup gagné depuis l’époque de [cette] toile »… Il pense terminer un certain
nombre de tableaux en deux mois : « tu verras de l’ouvrage soigné – j’ai fait un joli bond. Je travaille dans mon idée, mon tempérament
mais j’étudie les maitres qui me sont nécessaires »… Il évoque un projet d’exposition à Anvers… – 14 janvier 1955. Michel part
s’installer à Papeete et Sunyer souhaite que « le pays ne soit pas trop contaminé par la soit disant civilisation »… Il a eu de la peine
en apprenant la mort de Jean F
RELAUT
… Il a passé deux mois dans les Pyrénées, « loin de toute ville », et y a produit plus de tableaux,
« ou plutôt non pas de quantité mais meilleurs de qualité »… Il est à Barcelone, mais la ville « grande et bruyante » ne l’intéresse pas,
il ne quitte pas sa maison… Le grand prix lui a été décerné lors de la 2
e
Biennale Hispano-américaine d’Art, « soit 3000 dollars – de
quoi être à l’abri de soucis matériels pour quelques temps »… Il a été surpris d’apprendre que Barbazanges comptait lui envoyer le
grand paysage de Sitges, « tableau que je tiens beaucoup à garder, il me rappelle une époque de ma jeunesse » ; quant à lui, il lui
mettra de côté le nu qui lui plaisait « Et au moment de terminer cette lettre je suis impressionné comme si nous disions adieu pour
un temps indéfini. Mais n’oublie pas mon vieil ami que une lettre de toi est une joie pour ce vieux sentimental »… – Barcelone, 27
janvier 1955. « Vous avez dû éprouver de la joie dans le pays qui a été choisi après en avoir connu tant d’autres depuis les excessivement
civilisés jusqu’aux plus primitifs. Quoique les pays primitifs de nos rêves ne doivent plus exister »… Il remercie pour l’envoi du paysage
de Sitges… – Barcelone 28 mai. Il rencontre des difficultés financières : « Si tu pouvais m’envoyer quelques sous cela m’irai très bien.
J’ai fait faire un pantalon donné le reste à ma famille et suis resté immobilisé faute de sous »… Il évoque l’exposition des cartons de
tapisseries de Goya à Barcelone : « je les ai vues et revues, heureux de me régaler les yeux de cette belle fête de couleurs. Tu serais
content de voir ça »… Un DESSIN à la plume rehaussé « dédié à Denise et à Michel » représente sur une page le « Terrible méfait du
trop fameux poisson : un pauvre curé voulant sauver son chapeau, prêt à se noyer dans les flots, tombe victime de son dévouement
entre les griffes du sanguinaire coléoptère »… – 12 août [1955]. Il a vu sa mère à Barcelone avant son départ pour Papeete, qui lui fit
« l’heureuse impression d’être la plus intrépide et souriante des voyageurs partant pour les îles au-delà des mers très lointaines […]
Que la dite civilisation annule la vie simple et pure dans les terres les plus reculées ne m’étonne pas – cet inexorable rouleau
compresseur »… Il prépare la 3e Biennale, « et cela me retient dans mon atelier »… – 11 octobre 1955. Après quelques difficultés
administratives à la douane, il lui a expédié le tableau de nu : « je suis heureux de savoir qu’il est tout à fait à ton goût – ton gout bien
formé par une longue préparation de tant de baux tableaux dans la galerie de ton père […]. Dire que je m’intéresse a ta réussite dans
tout ce que tu pourras entreprendre c’est peu »… – Lettre avec deux DESSINS au lavis de scènes de tauromachie, et un dessin
légendé « A la Plaza » représentant la foule se rendant à la Plaza de Toros… Une feuille jointe avec 3 DESSINS au pinceau à l’encre
brune, légendés : « La belle Chumba ! après la lutte c’est les poids », « Mr Joaquim bouffe tout seul !… », et « Monsieur Joaquim
couche tout seul ! ».
ON JOINT DEUX DESSINS : « de mon balcon » (14 x 18,5 cm, mine de plomb et aquarelle), vue d’une plage avec bateaux sur le sable,
et chapelle dans le fond ; intérieur de sa maison (21 x 27 cm, plume et aquarelle), légendé : « quel jour heureux mangerons nous
ensemble à cette table… » Plus 3 photographies de tableaux.
1 200 - 1 500
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