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C
ORRESPONDANCE À
A
NDRÉ
B
EAUNIER
[(Evreux 1869/1925), poète, romancier et critique littéraire]. 5 L.A.S., 19 pp. in-8
et in-12. Colombes, Octobre-novembre 1901.
Belle et intéressante correspondance sur la genèse et la publication de
Paris Sentimental
. « En effet, le 1er volume des Ballades
Françaises contient à peu près tout ce que j’avais publié avant.
De très rares choses ont été écartées sur les conseils de LOUŸS
qui s’était amicalement entremis pour la publication de ce livre. Moi-même, je ne pourrais vous donner ces brochurettes tirées à un
nombre si restreint d’exemplaires qu’il ne m’en reste pas la couverture d’une seule. Peu de mes camarades doivent les posséder ;
je les avais naïvement distribuées à la Presse, qu’à cette époque je fréquentais plus que le groupe même du Mercure. C’était peu de
temps après les dernières représentations du théâtre d’art […]. Je puis, si vous le désirez, vous faire porter, d’ici trois ou quatre jours,
la majeure partie d’un livre que je termine et qui s’intitule : Paris sentimental, VI
e
série des Ballades. Cela paraîtra d’ici un mois,
un mois et demi, dans l’une de nos revues […].
Laissez-moi vous dire, cher monsieur et ami, combien je suis fier de savoir mes
essais poétiques jugés et étudiés par vous, que je tiens, depuis longtemps, pour le seul grand bon juge du dernier grand effort
poétique
[…]. Pour ne pas trop vous faire attendre, je vous envoie, par fragments, les pièces composées de Paris sentimental. Vous
recevrez, par ce même courrier, les premières pages, demain une autre partie, après demain une autre. Il va sans dire que ce que je
vous envoie, mon cher ami, sera lu par vous plus complaisamment, si vous voulez bien imaginer de ci de là certaines rares pièces non
encre faites et qui devront comme cimenter les pièces plus importantes déjà composées. Mais vous aurez plus que l’essence de tout
le livre – et ses trois quarts – dans ce que je vous ferai parvenir. Un lien, que vous devinerez, sera seulement établi, grâce à certains
vifs et courts poèmes entre les poèmes sentimentaux que vous lirez.
Ceci dans la 1
re
partie du livre, qui sera, proprement, selon
le titre, Paris sentimental, soit : l’amour d’un petit jeune homme, étudiant, pour une mauvaise petite Manon rencontrée un
matin, et formée par lui, jusqu’à l’heure d’une brouille assez sanglante. Naturellement, ce thème est éternel. Restait, à moi,
à m’en tirer avec nouveauté. Et c’est dans la condamnation même du « sentimentalisme de romance » – doucement subi
d’abord, puis honni – que je m’en suis tiré, avec conviction, et lyrisme autant que possible
. La seconde partie du livre s’intitule
La Bohême du Cœur et se subdivise en trois chapitres : I. Les Lettres à Marcelle – II. Les Romances d’un Sou – III. La Bohême du
Cœur. Vous aurez tout d’ici trois jours, c’est à dire tout ce qui est fait. Et ce sera presque tout […].
Je vais donner au Mercure ce
qui est inédit de Paris Sentimental
, pour être imprimé dans la Revue. Je partagerai entre la Revue Blanche, Flegrea et l’Ermitage
la seconde partie du volume, ainsi que les quelques choses à venir […]. Promettez-moi de ne pas vous fâcher si, lors de la parution
de mon livre, vous voyez votre nom épinglé à la troisième série de la Bohême du Cœur (même titre). Je vous dois bien cela pour le
désagrément que je vous ai causé, de lire mon écriture d’enfant…Mais ce n’est point cette peine qui me fait vous demander d’agréer
cette dédicace, c’est le plaisir que j’ai de vous l’offrir […] ». Une dernière très belle lettre de 5 pages est consacrée à la publication
des
Poésies nouvelles
de Beaunier. « […] N’en doutez point, on vous jettera des pierres. Elles se changeront en or dès qu’elles
passeront au dessus des haies de notre jardin.
Et c’est de ce beau métal que bientôt vous aurez élevé, à vous seul, les statues de
RIMBAUD, de LAFORGUE, et de mes neuf amis
[…] »
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HÉÂTRE D
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RT ET LE MOUVEMENT SYMBOLISTE
.
L.A.S. de Paul Fort à Adolphe Giraldon [(Marseille 1855/1933),
peintre, graveur, décorateur et illustrateur]. Paris, 27 février 1892. 3 pp. in-8, en-tête du Théâtre d’Art.
En 1890, alors âgé de 18 ans, Paul Fort fonde et dirige le Théâtre d’art, en réaction aux pièces réalistes jouées à l’époque par le
Théâtre Libre. Représentant les œuvres de Stéphane Mallarmé, Jules Laforgue, Paul Verlaine ou Maurice Maeterlinck,
le Théâtre
d’Art fut une composante essentielle du symbolisme dans l’art dramatique français
. « Monsieur Luc-Olivier MERSON, que
nous avons l’honneur de compter au nombre de nos souscripteurs, m’a engagé à vous entretenir de notre Œuvre d’art idéaliste,
pensant que vous pourrez peut-être vous y intéresser aussi […].
Le Théâtre d’Art que nous voulons faire le Temple de la Poésie,
fera revivre sur la scène les grandes œuvres dramatiques anciennes & étrangères
et tenter de réaliser, dans des décors d’Idée,
les poèmes épiques depuis le Ramayana, le Kalevala, jusqu’à l’Enfer, jusqu’au Paradis Perdu.
Mais le Théâtre d’Art est, surtout,
l’expression de la majorité de la jeunesse littéraire & artistique : les poètes, les peintres et les musiciens nouveaux
. Le Théâtre
d’Art a déjà donné dix représentations. Je prends la liberté de vous remettre, ci joint, un bulletin de souscription pour notre prochaine
représentation du 18 mars, qui se composera de : 1° Deux pièces tirées des Chants de Maldoror du comte de LAUTREAMONT.
2° Deux scènes de Vercingétorix, drame en vers d’Edouard SCHURE, partie musicale de Henry Quittard, décor esthétique d’Odilon
REDON. 3° Les Noces de Sathan, pièce ésotérique en 1 acte et 4 tableaux en vers de Jules BOIS, partie musicale de DEBUSSY
[…] ». Sur la 4
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page, Giraldon a inscrit quelques notes et esquissé un croquis « valse ».
Joint un prospectus du Théâtre d’Art.
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ETTRE À
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ALLETTE
. L.A.S. 2 pp. ½ in-8. Sans date [vers 1895]. Etiquette collée.
Lettre sur le naturisme, publiée dans le Mercure de France
. « M. Jean Viollis, dans l’intéressant article qu’il publiait au Mercure
de France le mois dernier, proposait aux jeunes écrivains «
d’élargir le terme de naturisme de manière à permettre à un plus
grand nombre d’individus d’en accepter l’étiquette
». Pour ma part, je me défierai toujours de ce qu’un groupement, sous un
vocable quelconque, peut représenter, suivant l’excellente expression de M. Viollis « de trop précis et de trop limitatif ». D’ailleurs
on ne peut élargir le sens d’un terme qui reste si bien défini après les articles et les beaux livres de MM. De Bouhélier et Maurice Le
Blond. Quoi qu’il en soit, l’élargir au point où l’indique M. Viollis,
serait-ce faire rentrer toute la littérature sous un même nom,
c’est à dire enlever précisément à ce terme tout intérêt et toute signification ?
Je suis heureux de me rencontrer avec mes amis et
camarades d’art MM. Pierre LOUŸS, André GIDE, Francis JAMMES, Paul VALERY, Henry BATAILLE, Charles-Henry HIRSCH,
Tristan KLINGSOR, Jean de TINAN, […] Léon-Paul FARGUE, Alfred JARRY […] pour refuser toute étiquette ».
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