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certaines entrées signalées ou barrées aux crayons de couleur :
La Cathédrale
(1898) : « Absence totale d’esprit qui
distingue l’école naturaliste […] Manque absolu, monstrueux de toute générosité d’esprit. Haine extrême de la
mélodie
dans la phrase. Quand une phrase pourrait finir éloquemment, Huysmans la mutile brusquement, lui coupe la queue
méchamment, perversement »… « 488 pages sans rencontrer une idée, c’est atterrant. Ah ! son succès s’explique. Mais
je pense qu’on l’achète par mode, sans le lire. Il faut être comme moi, un galérien de la critique ou un enragé pour
avaler ça »… ;
Sainte Lydwine de Schiedam
(1901) : « Horrible besoin de rapetisser, d’avilir […] H. a fait un grand
pas, me semble-t-il ? Qu’il en fasse encore un autre, alors devenu chrétien, il demandera pardon à ceux qui ont tant
fait pour lui & qu’il a odieusement abandonnés »… ;
L’Oblat
(1903) : «
H. est un caricaturiste pharisien
. […] H. ne
pense à personne, ni aux vivants ni aux morts, il ne pense qu’à lui. […] Insupportable pédantisme de la conférence
sur les oblats. […] “Les catholiques ont tout mérité.” Oui & leur misère est si effrayante qu’il faut encore leur savoir
gré d’accueillir un homme tel que Huysmans. Ils ont rejeté Hello, B. d’Aurevilly. Ils n’ont pas même voulu connaître
Verlaine, mais ils se jettent à Huysmans quelques-uns du moins, les meilleurs, & il faut encore leur dire merci. C’est à
sangloter »… D’autres notes de lecture concernent
La Science et la Religion
(1895) de Ferdinand
Brunetière
, et une
conférence que le critique catholique prononça à Lille le 18 janvier 1903 ; les
Soliloques du pauvre
de Jehan
Rictus
(1897), et ses
Doléances
(1900) : « Il y a de l’héroïsme d’art à écrire en argot puisque c’est se condamner à n’être lu que
de qq parisiens. […] C’est vous, Rictus, qui êtes le Revenant & c’est Jésus vagabond & abandonné qui vous implore » ;
La Bonne Souffrance
de François
Coppée
(1898) ;
L’Étape
de Paul
Bourget
(1902)…
Enfin, le carnet présente le manuscrit de premier jet, très corrigé, de la Préface corrigée de
Mon Journal
 : pour
faire suite au
Mendiant ingrat
, 1896-1900
(1904) : «
Le Mendiant ingrat
finissait en Nov. 95 d’une manière affreuse.
Il y a huit ans de cela &
c’est toujours la même chose
. Dans l’intervalle ce Mendiant a écrit, Dieu sait au prix de quels
déchirements, une demi-douzaine de livres que ses ennemis eux-mêmes ne méprisent pas. L’existence de cet écrivain
malgré tout
a été depuis 25 ans un tel prodige de douleur, un pèlerinage si infernal, que les juges les plus atroces
conviennent de l’exagération du châtiment »… Etc. On trouve également une liste de dates de
Mon Journal
(choix
pour une publication d’extraits en revue), la rédaction de nouvelles entrées pour
Mon Journal
(3 et 19 juin, 23 août,
24 septembre, 7 et 30 octobre, 10 novembre 1896, 2 janvier, 9 mars et 23 mars 1897), et un répertoire alphabétique des
noms cités dans cet ouvrage.
195.
Léon BLOY
. 3 L.A. (brouillons, un signé « LB »), Copenhague juin 1891, à Léon
Deschamps
(directeur
de
La Plume
) et au directeur de
La France
 ; 3 pages et quart in‑8 avec ratures et corrections.
600/800
Polémique avec le Sâr Péladan au sujet des derniers moments de Barbey d’Aurevilly
. [Péladan intenta
un procès en diffamation dont il fut débouté le 28 octobre 1891.]
Copenhague 3 juin 1891
, au directeur de
La France
. Bloy est scandalisé par les propos de
Péladan
 : « Il me sait
très loin. Je l’ai connu beaucoup moins héroïque en ma présence […] Mais ce Chaldéen de chie-en-Lit est-il bien
sage d’oublier que je peux revenir un jour ou l’autre ? […] Je n’aurais jamais répondu une ligne au monsieur s’il ne
s’était agi que de moi. […] Mais il salissait la mémoire d’un gr[and] écriv[ain] que j’ai profondément aimé & dont il a
très réellement causé la mort dans un but de cupidité ignoble. On voulait s’approprier les manuscrits de ce vieillard
incapable de se défendre. […] Maintenant M. Joséphin s’efforce de lancer sa fiente […] Je comprends qu’un tel croque-
mort soit vexé de n’avoir pas recueilli le salaire de ses manœuvres »…Bloy réclame le témoignage de François
Coppée
,
qui « fut 15 ans l’ami de B. d’Aur., il sait
toute
la vérité, et il ne tardera guère sans doute à justifier de l’autorité de son
témoignage une noble femme lâchement outragée par le dernier des goujats de lettres »…
5 juin
, à Léon
Deschamps
. « Vous êtes fort aimable de m’envoyer la suite des petits papiers de Joséphin. Mais
l’intérêt diminue & j’ai autre chose à faire. Si j’étais à Paris, je lui ferais simplement porter par mon concierge un peu
de poudre à punaises & ce serait fini. […] Je croyais assez naïvement comme B. d’Aurevilly l’a cru lui-même que ce
débutant avait qq chose dans le ventre. Le saltimbanque & l’idiot n’étaient pas encore sortis. Je n’ai donc rien à changer
aux formules d’absolu dégoût que m’inspire aujourd’hui la contemplation de cette âme ignoble »… Il ajoute : « Le
R.P. Sylvestre des Francisc[ains] de la T[erre] S[ainte] aumonier en 89 des Frères St Jean de Dieu, pourrait attester au
besoin que B. d’Aur. l’ayant envoyé chercher par Léon Bloy qu’il avait
exclusivement
chargé de cette mission fut par
lui confessé deux mois avant sa mort & administré une demi-heure avant son dernier soupir, le 23 avril 89 ».
10 juin
.
Bloy demande à Deschamps, en réponse aux notes du « crétin malpropre », la copie de sa lettre que
La France
n’a
pas insérée : « les procédés du journal fameux que j’ai appelé autrefois une “pissottière” avec plus d’exactitude que
d’élégance me paraissent bons à connaître »… Etc.
196.
Léon BLOY
.
Manuscrit
autographe, brouillon de 2 lettres d’Henry de Groux à
Léopold
II et à la Reine
Marie-Henriette
de
Belgique,
[fin 1891]
; 2 pages in‑8 avec ratures et corrections).
200/300
À
propos du grand tableau
L
e
C
hrist
aux
outrages
d’Henry de Groux
(exposé sous le titre
Le Christ
présenté au peuple
au Salon triennal des Beaux-Arts de Bruxelles à l’automne 1890 ; Bloy fit un long article à son
sujet pour le
Saint-Graal
du 7 mars 1892). L’artiste rappelle à S.M. que
Le Christ aux outrages
lui avait valu la faveur
d’un entretien particulier du Roi et une allocation de mille francs. Or ce tableau se trouve toujours dans les locaux
de l’exposition. « Les dimensions extraordin. de cette toile & son caractère profondément religieux la désignent
nécessairement de l’avis de tous les connaisseurs à la décoration de quelque monument public ou d’une vaste galerie
…/…