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231 MORAND Paul. Correspondance à Jacques Truelle.
Paris, Madrid, Taormina,
29 novembre 1919-18 août 1923 (plus
un faire-part du 4 janvier 1927) ; ensemble 16 LAS soient 48 pages in-12 et in-8, in-4 (une) à l’encre et au crayon et le
faire-part, quelques fentes aux pliures, nombreux en-têtes du ministère des Affaires étrangères.
CG 1 500 €
Charmante correspondance pleine de commérages rapportés sur un ton badin et où l’activité littéraire tient une place égale
à celle des échos de la vie mondaine.
« La ct
esse
de Paris s’est laissée mourir à mon passage par snobisme… » « Vu Marcel [Proust] à Paris, crevant de santé,
exubérant. Il va déménager (Nouveau cycle d’aventures). Profitez-en pour le faire vivre de jour » (Madrid, 4 V 1919).
« Paris est un journal où la chronique quotidienne est faite par des vieux employés du temps de Villemessant.
Marcel [Proust] est enchanté, bien que la presse et M. Dorgelès aient, à son endroit, rivalisé de muflerie. Rivière prépare dans
la
NRF
une longue étude sur lui. Aussi Lucien Daudet qq. ch. ds la
Revue hebdom
.- Blanche suit les changes.- Nous avons,
seule vraie distraction de la semaine, un dîner du samedi assez amusant chez Darius Milhaud avec tous les jeunes poulains
musicaux + Picasso + Jean [Cocteau] + Daudet + F. V. Hugo, où tard dans la nuit la place Blanche retentit de nos cris…
(Paris, 24 XII 1919).
« Mon livre a paru [
Lampes à arc
, Paris, Au Sans Pareil, 1919]. Marcel [Proust] m’en veut de mon ode qui, à part quelques
taquineries, était malgré tout un hommage […] Je crois que la
NRF
publiera en décembre une étude de femme écrite jadis
à Londres. » [« Quant aux Dames » in
Les Écrits nouveaux
, 1920 ?]. (29 XI 1919).
Il vient de s’installer rue François I
er
« comme sous-chef de bureau de la section littéraire et artistique des œuvres françaises à
l’étranger » où il s’occupe d’exposition, de tournées, etc. « Jean Giraudoux est installé en face de moi à la section universitaire.
Je viens de faire une nouvelle série de poèmes qui paraîtront je pense avant l’été, intitulés
Feuilles de température
[paru Au
Sans Pareil quelques mois plus tard]… Pas vu Marcel [Proust] depuis longtemps, sauf un soir, très Grévin chez M
me
de
Polignac… » (7 IV 1920).
Le 24 novembre 1920 il donne de nombreuses nouvelles de la vie parisienne en en citant La Gandara, le fils Boni (de
Castellane), Misia Sert, Paul Cambon la duchesse de Vallumbrosa, Paul Valéry, « Stravinsky, ivre, vomissait dans son chapeau
pour s’en coiffer ensuite ; Auric tapait à ce point sur le piano qu’il s’ouvrit les doigts et laissa le clavier sanglant ; Sert apprenait
à nager sur les pardessus du vestiaire ; Chanel entrait en transes, Jean [Cocteau] se soulageait dans le coffre à bois ; les
Relibruides buvaient la vodka comme j’eus bu la Volga et je me retrouvai soudain au bord de la Seine sans cravate ni chapeau
vers l’aube avec Larionof, les Beaumont et Éric Satie… » » (22 12 1920).
« Mon livre sort lundi [T
endres stocks
, NRF, 1921]. Je vous l’envoie. Achetez
Contrerimes
de P. J. Toulet (E. Paul) ; cela vous
plaira… »
« Marcel cherche à vendre 10 000 kgs de liège provenant du B
d
Haussmann, inutilisable, et depuis les boules Quiès, inutile.
Avez-vous reçu son paquet de Quiès que je vs ai transmis par la valise ? » (7 I 1921).
« J’ai envoyé vers vous Darius Milhaud et Francis Poulenc, invités par l’Académie S
te
-Lucie, de Rome… ».- « Ma maison
est terminée, je ne peux me résoudre à l’habiter : c’est affreux, désolé, sans soleil, avec une odeur fade de zing[u]eur et de
la poussière d’ennui et de plâtre… » À un bal costumé chez une danseuse « Juan C[octeau] était au jazz en Mercure barbu,
Lucien Daudet ballait en tutu de papier calque […] et moi-même en déménageur… » (14 mars 1921).
« Vu Marcel qui mangeait du poulet le Mercredi Saint. C’est Sodome et Gomorrhe qui commence… » (31 III 1921). Il
propose à J. Truelle un poste rue François I
er
avec Giraudoux. Il va voir Marcel le samedi soir ; il est très malade : [« Excès de
caféine, puis rhumatismes articulaires. Avez-vous lu dans les
Œuvres libres
une
Jalousie
, extrait de Sodome II ? C’est sublime »
[… ] Gide est à Rome, allez le voir de ma part… » (21 XI 1921).
Il y a encore toutes sortes de nouvelles de la vie parisienne délivrées avec humour, des annonces de voyages des uns et des
autres, etc. Il est joint le billet imprimé annonçant le mariage à l’église grecque de Paris de la princesse Hélène C. Soutzo et
de M. Paul Morand, premier secrétaire d’ambassade, le 4 janvier 1927.
232 MORAND Paul. Lampes à arc.
Paris, au Sans Pareil
, 1920 ; pet. in-4 broché, premier plat détaché avec accrocs
latéraux.
CG 300 €
Édition originale ornée, en frontispice, d’un dessin de l’auteur un peu surréalisant.- Exemplaire sur papier vélin crème
(n° 186).- DÉDICACE AUTOGRAPHE SUR LE FAUX-TITRE : « à Jacques Truelle confrère ami en toute sympathie
et affection Paul Morand ».
Dans l’une des lettres à J. Truelle décrites ci-dessus Paul Morand lui annonce la publication de cet ouvrage.